Accueil | Culture | Cure de jouvence et coup marketing des Rolling Stones

Cure de jouvence et coup marketing des Rolling Stones


Mick Jagger, fin août 1995, à Luxembourg (Kirchberg) dans le cadre du Voodoo Lounge Tour des Rolling Stones.

Voilà soixante ans que les Rolling Stones construisent leur légende et leur rock. Hackney Diamonds, leur dernier album, prouve en tout cas que leur business roule toujours !

Voilà comme on dit une sortie-évènement : les Rolling Stones ont publié vendredi Hackney Diamonds, album de surcroît le plus cohérent depuis 45 ans, avec un casting de stars (Lady Gaga, Paul McCartney, Elton John, Stevie Wonder), entre bonnes surprises et jokers promotionnels.

D’ailleurs, à quand remonte la dernière production  «honnête» de ce groupe mythique né il y a 61 ans ? Il faut sûrement revenir à 1978 et Some Girls, avec le désormais classique Beast of Burden. «Depuis, les Stones ont sorti des disques, disons, un peu rapidement», acquiesce alors Philippe Manœuvre, critique rock français, grand connaisseur de la formation anglaise.

Hackney Diamonds (soit «bris de verre» en argot anglais), le 24e album studio de la légende anglaise – et le premier avec des chansons originales depuis 18 ans –, n’atteint toutefois pas les sommets de Beggars Banquet (1968), Let It Bleed (1969) ou Exile on Main St. (1972). Mais il vaut bien mieux que son premier single sorti début septembre, Angry, concentré des gimmicks des Stones qu’une intelligence artificielle aurait pu concocter.

Paul McCartney à la basse

Et petit évènement : Paul McCartney, pilier des Beatles, joue pour la première fois de la basse avec les Rolling Stones sur Bite My Head Off. Il plaque ainsi des accords rugueux sur ce morceau présenté un peu vite par Mick Jagger comme «punk» dans le journal télévisé français de France 2. La prétendue rivalité Stones-Beatles (en réalité un beau coup marketing) n’a jamais réellement existé. Paul McCartney et John Lennon assurent ainsi les chœurs sur le titre We Love You des Stones en 1967. «Paul et moi avons toujours été amis», redit Mick Jagger, 80 ans, sur France 2.

«Hey, si tu peux avoir un des Beatles sur ton titre, tu sais, tu dois le faire!», confie Keith Richards, 79 ans, dans le journal britannique The Telegraph. Et d’ajouter : «On a toujours été de grands copains». En tout cas, l’apport de McCartney s’entend, tout comme la voix de Lady Gaga sur Sweet Sounds of Heaven, d’inspiration gospel. Même s’il ne faut pas céder aux comparaisons hâtives avec la chanteuse soul Merry Clayton illuminant le morceau-joyau Gimme Shelter en 1969.

Mais la présence sur Sweet Sounds of Heaven de Stevie Wonder aux claviers laisse dubitatif, tout comme Elton John au piano sur Get Close (on y entend plus le saxophoniste James King, musicien moins connu). Le toucher de Sir Elton est plus audible sur Live by the Sword. Pourquoi des superstars comme les leaders des Stones, ont-ils convié d’autres célébrités? Pour Philippe Manœuvre, c’est une façon de renouer avec cette «coterie de musiciens présents sur les grands albums des Stones, qu’on appelait le deuxième cercle, comme Gram Parsons des Byrds sur Exile on Main St.».

«Portrait de Charlie»

On décèle aussi la patte du producteur Andrew Watt (Justin Bieber, Dua Lipa…), qui convoqua pour le dernier album d’Iggy Pop (Every Loser) des noms ronflants comme Duff McKagan (Guns N’ Roses) ou Chad Smith (Red Hot Chili Peppers). Joué par les seuls Mick Jagger et Keith Richards, Rolling Stone Blues, qui clôt l’album, reprise de Rollin’ Stone (1950) de Muddy Waters, convainc plus. Comme un retour aux origines, quand ces apprentis musiciens composaient à deux dans la cuisine de leur premier appartement londonien déglingué au 102 Edith Grove.

Pincement au cœur pour les fans : sur Mess It Up et Live by the Sword, titres écrits en 2019, il y a derrière les fûts Charlie Watts, batteur historique des Stones disparu en 2021 à 80 ans. Sur les autres parties de batterie, c’est Steve Jordan, remplaçant du dandy flegmatique en tournée. «Quand je sors de ma chambre, la première chose que je vois, c’est un portrait de Charlie dans ma cage d’escalier. Je le salue toujours en chemin», a révélé Richards dans The Howard Stern Show aux États-Unis. Quelle que soit la réception de cet album, la longévité des Stones les inscrit dans l’Histoire. «Depuis que je suis petit, je vis dans un monde où il y a le soleil, la lune et les Stones!», conclut Philippe Manœuvre.

Hackney Diamonds, des Rolling Stones.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.