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Royaume-Uni : « Dirigé par des ânes », un groupe d’agitateurs de la vie politique


Le groupe a visé récemment les travaillistes, en placardant leur siège à Londres d'une grande affiche, pour rappeler à son leader Keir Starmer sa promesse d'une réforme électorale. (Photo AFP)

C’est comme un caillou dans la chaussure des conservateurs britanniques. Dans des campagnes qui font des millions de vues sur les réseaux sociaux, le groupe « Led By Donkeys », né après le Brexit, demande des comptes aux dirigeants politiques, avec une bonne dose d’humour.

L’affaire a démarré dans un pub en 2018. Quatre amis, travaillant alors pour Greenpeace, partagent leur frustration dans le Royaume-Uni post-Brexit, puis décident de passer à l’action.

Ils choisissent leur nom: « Led By Donkeys » (« Dirigé par des ânes » en français), une expression apparue lors de la Première guerre mondiale pour désigner les chefs incompétents ayant conduit les soldats britanniques à la mort. Cinq ans plus tard et après des centaines de publications et campagnes, ils disent avoir encore « plein d’idées » avant les élections législatives qui doivent avoir lieu d’ici à janvier 2025. Les travaillistes sont donnés favoris face aux conservateurs, au pouvoir depuis 13 ans.

Leur dernier fait d’arme remonte à fin septembre, quand « Led By Donkeys » s’en est pris à l’accord que le gouvernement a passé avec le Rwanda pour y expulser les migrants, d’où qu’ils viennent, arrivés illégalement. Cette politique a été très critiquée, y compris par l’ONU. « Led By Donkeys » a piégé l’ambassadeur du Rwanda à Londres, filmé en train d’expliquer pourquoi la politique migratoire de Londres est « absolument mauvaise ».

Des vidéos aux millions de vues

Voilà des mois que la très à droite ministre de l’Intérieur Suella Braverman martèle que le Rwanda est « un pays sûr » pour les demandeurs d’asile. Mais interrogé sur un épisode passé lors duquel des réfugiés ont été tués par la police rwandaise, l’ambassadeur répond: « oui cela a pu arriver, et alors? ».

La vidéo a été vue près de 6 millions de fois sur X (anciennement Twitter). Une autre, en mars, montrant des députés acceptant des missions obscures et très lucratives a fait un carton, avec près de 30 millions de vues sur X. « On était devant une pinte en 2018 quand on a commencé à remonter les tweets des dirigeants pro-Brexit », se souvient Ben Stewart, un des quatre militants de « Led by donkeys ». Ils avaient voté pour que le Royaume-Uni reste dans l’Union européenne.

« Nous avons éclaté de rire » face au décalage entre les promesses des Brexiters et l’état « chaotique » du pays deux ans après le référendum. « Devant la fenêtre du pub, on voit alors un panneau de 3 mètres sur 6 et on se dit: +pourquoi on n’imprimerait pas ces tweets pour les coller sur des panneaux?+ », raconte Ben Stewart. Les voilà tous les quatre en pleine nuit partir à l’assaut des panneaux publicitaires, coller les tweets, avant de les photographier.

« On veut promouvoir des idées progressistes »

Leur campagne d’affichage devient vite virale sur les réseaux sociaux. Des médias en parlent. Ils lancent une opération de crowdfunding qui dépasse toutes leurs espérances et leur permet de louer toujours plus d’emplacements sur des panneaux. Ces campagnes ont été « profondément libératrices pour nous après avoir passé tant de temps à se plaindre », explique Oliver Knowles.

Ces vieux amis rient encore en évoquant leurs différentes actions. « Si tu te moques des ânes, tu leur enlèves leur pouvoir », estime James Sadri. Ils s’attaquent aux sujets les plus sérieux, y compris à la gestion du Covid par les autorités, mais laissent les commentaires politiques lourds et la colère à d’autres.

Certaines campagnes ont nécessité des mois d’investigation. Leur message aux conservateurs est clair: « Vous devez rendre des comptes pour le bazar que vous avez mis », résume Oliver Knowles. James Sadri veut lui « contrer le discours populiste dans le pays ».

« Led By Donkeys » est accusé de se contenter de faire du militantisme anti-conservateur. « C’est plus qu’une campagne anti-conservateur », défend Oliver Knowles. « On veut promouvoir des idées progressistes », « mettre les dirigeants face à leurs responsabilités ».

Le groupe a visé récemment les travaillistes, en placardant leur siège à Londres d’une grande affiche, pour rappeler à son leader Keir Starmer sa promesse d’une réforme électorale. Le groupe sait combien l’année à venir va être importante dans la politique britannique. « Nous sommes très enthousiastes », confie Oliver Knowles, sans dévoiler leurs futurs projets.

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