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Mieux cibler et vendre le contrat d’accueil et d’intégration


Corinne Cahen, ministre de la Famille et de l’Intégration, lors d’une remise officielle des certificats de fin de contrat d’accueil et d’intégration (CAI). Parmi les participants, peut-être de futurs ambassadeurs du CAI.  (Photo : dr)

Dans l’étude de l’OCDE sur le fonctionnement de la politique d’intégration, les experts saluent l’initiative de créer un réseau d’ambassadeurs du CAI, un contrat utile, mais trop méconnu.

L’étude de l’OCDE sur le fonctionnement du système d’intégration et ses acteurs au Grand-Duché de Luxembourg, qui sera officiellement présentée à la fin du mois par ses auteurs et la ministre Corinne Cahen, a épluché les différents programmes existants à commencer par le contrat d’accueil et d’intégration (CAI), qui connaît un succès très limité.

Une faible participation qui s’explique par «les caractéristiques de la population immigrée». La majorité est composée de citoyens de l’Union européenne et 90 % des immigrés maîtrisaient au moins une des langues officielles du pays contre 65 % dans l’ensemble de l’UE, d’après une enquête européenne sur la force de travail datant de 2014. Il s’agit aussi d’une population plus qualifiée, peu attirée par le CAI et qui se passe d’un apprentissage de vivre-ensemble.

La particularité du CAI réside dans le fait qu’il soit aussi accessible aux immigrés de l’UE, ce qui n’est jamais le cas dans les autres pays. Mais ce sont les populations les plus vulnérables qu’il cible, ceux qui en ont le plus grand besoin. C’est dans le canton de Luxembourg que l’on compte le plus grand nombre de participants au CAI, soit 61 % alors que le canton représente 40 % de la population étrangère du pays.

«Même si les données disponibles sont insuffisantes pour analyser toutes les caractéristiques des participants au CAI et mériteraient d’être développées, il semble aussi que ce programme peine à attirer les immigrés ayant le plus besoin de soutien à l’intégration», observent les experts de l’OCDE.

Il serait bon d’insister, selon eux,  sur les avantages que présente ce contrat d’accueil et d’insertion pour les ressortissants de pays tiers :  un accès facilité au statut européen de résident de longue durée (RLD) et à la naturalisation par option, sous certaines conditions, avec dispense du module histoire du cours «Vivre ensemble au Grand-Duché de Luxembourg». Selon l’ASTI, seuls 5 % des ressortissants de pays tiers naturalisés sur la période 2017-19 ont usé de cette option.

La grande concentration de CAI dans le canton de Luxembourg démontre aussi que dans le reste du pays, il est moins utilisé. Pour y remédier, la création d’un réseau d’ambassadeurs du CAI est en cours d’élaboration car « les contacts entre anciens signataires prêts à partager leur expérience et immigrés potentiellement intéressés peuvent en effet tendre à accroître son succès», estiment les auteurs de l’étude. En 2020, 95 % des participants à la journée d’orientation du CAI, se sentaient plus intégrés au Luxembourg.

Premier défi : les langues

 Pour les demandeurs d’asile et les réfugiés, l’OLAI  avait mis en place le parcours d’intégration accompagné (PIA) à partir de 2015, se démarquant des autres pays en ouvrant le programme à tous les demandeurs d’asile. Le Luxembourg, en revanche, ne leur accorde pas d’autorisation de travailler avant six mois de traitement de leur dossier, ce qui est un délai plus long qu’ailleurs. Le PIA comportait trois phases, mais la dernière n’a jamais été mise en place.

Selon l’OCDE, le PIA est donc «un programme incomplet pour intégrer les demandeurs d’asile et les réfugiés sur le long terme» et recommande de mieux communiquer auprès des participants sur l’existence d’une passerelle vers le CAI. Les cours de langue offerts dans le contrat ne peuvent que leur être bénéfiques, mais jugés encore insuffisants par les experts.

Or pour les offices sociaux qui ont également livré leur avis sur la révision de la loi, «le premier grand défi est celui des langues et de la communication interculturelle avec les usagers». Difficile pour les agents des offices sociaux de leur expliquer le fonctionnement du système social et les modalités d’attribution de l’aide sociale alors qu’ils ne comprennent aucune des trois langues du pays ni l’anglais.

G. M.

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