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[Gardiens de la nature] L’Escher Geméisguart : écolo et solidaire


Julian Siegers, Lionel Lambinet et Valérie Klein font vivre l’Escher Geméisguart et toutes ses antennes. (Photos : erwan nonet)

Créé et géré par le CIGL d’Esch-sur-Alzette, l’Escher Geméisguart est un beau lieu où les volets sociaux et environnementaux vivent en parfaite osmose.

Depuis les serres de l’Escher Geméisguart, on a furieusement l’impression d’être en pleine nature, dans une clairière au milieu des bois. Sauf que l’on est à 200 mètres de la gare d’Esch-sur-Alzette, le Gaalgebierg est un drôle d’endroit! Les grandes serres sont installées là depuis dix ans tout rond et l’ensemble est géré par le Centre d’initiative et de gestion local (CIGL) de la commune. L’association créée en 1997 développe deux objectifs : aider à la réinsertion de personnes qui ont du mal à trouver une place sur le marché du travail et répondre à des besoins de ses habitants. Avec ses 20 employés dont 30 % trouvent un travail en CDI à l’issue de leur passage et ses fruits et légumes certifiés Biolabel et Bio-Lëtzebuerg, le grand jardin fait tout cela à la fois.

Lionel Lambinet encadre l’équipe de jardiniers-maraîchers. L’homme a de l’expérience, cela fait plus de trois décennies qu’il travaille la terre dans ce type de structure. Et ce n’est pas parce que l’on fait dans le social que l’on met la productivité de côté : «L’an dernier, nous avons produit 35 tonnes de fruits et légumes sur 2 hectares.»

Un travail entièrement manuel

Tout est fait sur place, même les semis. Les graines sont achetées chez des semenciers bios belges ou allemands, elles sont plantées dans du terreau compacté sur place, sans godets pour limiter l’usage du plastique, puis les jeunes pousses sont repiquées, rempotées et vont jusqu’à être cultivées en champ. Celui sur le Op der Gleicht (1 hectare) est situé à un peu plus de 1 km du jardin. L’arrosage est réalisé grâce à de l’eau de pluie récupérée dans un bassin de 100 m3. Un réservoir aujourd’hui archiplein, on s’en doute.

Dans les serres, tout le travail est manuel et l’intégralité des espaces est utilisée. Pour que la terre garde toute sa richesse, les cultures tournent (c’est pourquoi il y a un peu de pommes de terre) et le sol est amendé par un compost organique. Bizarrement, la terre est ici très peu rouge. «Alors qu’au Gleicht, elle l’est!», sourit Lionel. Devant, à l’extérieur, un jardin pédagogique est entretenu par les élèves des écoles alentour. Certaines classes reviennent très régulièrement.

Dans les serres, tout le travail est manuel et l’intégralité des espaces est utilisée.

Des jardins aussi dans les écoles

Une des productions phares de l’endroit, ce sont les tomates. Pour l’instant, les tout jeunes plants sont encore en train de prendre des forces dans la nursery, mais bientôt, 900 pieds représentant 25 sortes seront en terre et ils mesureront 3,5 mètres sous la toise. Autour de 4 tonnes seront récoltées.

C’est sur le marché d’Esch (les mardis et les vendredis) que l’essentiel de la production est écoulé (80 %). Mais les cuisines de la ville qui alimentent les restaurants scolaires sont un autre débouché important. Les fruits et légumes peuvent être lavés et découpés sur commande. C’était là un des buts initiaux du jardin : fournir aux élèves des aliments sains, goûteux et produits sur la commune. Un luxe, évidemment. Quelques autres boutiques (Naturata, Le Chat Biotté, Kilominett…) se fournissent également au Geméisguart.

L’an dernier, nous avons produit 35 tonnes de fruits et légumes

Le lieu développe également d’autres idées. Valérie Klein, qui gère le jardin de Kalendula à Altwies (près de Mondorf), pilote aussi l’initiative Leieren am Gaart (apprendre au jardin). «Il s’agit d’un projet pédagogique qui encourage les écoles et les structures d’accueil pour enfants à créer des jardins, explique-t-elle. On peut tout faire dans un jardin : des maths, des langues, des sciences, de l’art…»

Le réseau compte une cinquantaine de membres et Leieren am Gaart aide autant à l’installation des jardins qu’à la mise en place d’échanges de bonnes pratiques. Et il y a du travail tant les abords des écoles sont bétonnés, un non-sens absolu alors que le climat se réchauffe, mais la réalité des enjeux a visiblement toujours du mal à passer chez certains. La nouvelle cour de l’école de Leudelange est ainsi en caoutchouc sombre. On appellera ça un acte manqué…

Julian Siegers, également basé à l’Escher Geméisguart, est aussi gestionnaire du volet local «Ville mangeable», un projet Interreg qui se joue également en France, en Allemagne et en Belgique. L’idée est de développer des jardins potagers là où on ne les attend pas forcément. Celui de la rue Emile-Colling est un exemple parfait. Entre deux grosses résidences populaires, un terrain quasiment vague a été transformé en jardin qui réunit aujourd’hui les communautés et les générations. Esch compte aujourd’hui 8 lieux de ce type, dont la moitié est gérée par le CIGL et les autres par Interactions ou Transition Minett.

Un jardin plutôt qu’un parking?

Le CIGL d’Esch a construit un jardin mobile d’un seul tenant, composé de plusieurs bacs plantés d’herbes aromatiques et de beaucoup d’autres plantes produisant fruits et légumes. Sa particularité? Il tient exactement sur les dimensions d’une place de parking. C’est d’ailleurs à cet endroit qu’il est destiné. «Nous le changeons d’emplacement chaque mois, en faisant bien sûr attention à ne pas l’installer là où elles sont le plus rares, sourit Julian Siegers. Nous savons que le sujet est sensible à Esch!»

C’est donc aux riverains de venir s’occuper quand ils le peuvent de ces bacs pour que les plantations poussent comme il faut. Responsabiliser les habitants autour d’un projet collectif, certes, mais aussi montrer tout ce que l’on peut produire sur un petit espace : ce projet original interpelle sur la place que l’on donne à la voiture dans la ville.

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