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Ukraine : «Qu’est-ce qui prime? Notre confort ou la paix?»


Les députés ont longuement débattu du discours livré par Volodymyr Zelensky. (Photo : julien garroy)

Un débat a suivi, jeudi, à la Chambre après l’allocution du président ukrainien. Si tous les partis ont sévèrement condamné l’agression russe, les sanctions et la livraison d’armes ont été davantage remises en question.

«Tout faire pour que l’Ukraine gagne la guerre»

Claude Wiseler (CSV) : «Le président Zelensky a fait passer un message clair, émouvant et très juste. Vladimir Poutine poursuit les massacres systématiques pour terroriser la population ukrainienne et la décourager. Nous avons le devoir moral d’aider l’Ukraine. Nous restons en faveur d’un embargo intégral sur l’énergie fossile russe. La seule limite est une intervention directe de l’UE ou de l’OTAN. Le risque est trop grand, car deux puissances nucléaires seraient opposées. Ce n’est pas le moment de définir quelles solutions trouver pour permettre à Poutine de ne pas perdre la face. Il est temps de tout faire pour que l’Ukraine puisse gagner cette guerre. Le danger ne consiste pas dans la fourniture d’aide, aussi militaire, mais bien de ne rien faire. La force et l’unité doivent l’emporter sur la peur. Je suis plus que jamais convaincu que l’on se trouve du bon côté de l’histoire.»

«Il est irréaliste de repousser les Russes»

Fernand Kartheiser (ADR) : «Nous sommes totalement d’accord pour condamner le recours à l’agression militaire comme moyen politique. On pensait cela derrière nous après la Seconde Guerre mondiale. Il nous faut dès lors maintenir la solidarité envers l’Ukraine tout en menant une analyse sans démagogie de la situation. Le président ukrainien dit que son pays veut rester ce qu’il est. Il s’agit d’un État multiethnique et multilingue qui est divisé. La livraison continue d’armes ne provoque que plus de morts, de blessés et de réfugiés. De plus, une famine intolérable se profile à l’horizon. La priorité absolue doit donc être un cessez-le-feu et la reprise des négociations de paix. Il est irréaliste de repousser les troupes russes. Il ne faut pas avoir honte de défendre également les intérêts de notre population. Les sanctions n’ont pas d’impact sur la guerre. Par contre, l’inflation qui en découle fera que beaucoup de gens ne vont plus être en mesure de se chauffer ou se déplacer.»

«Seul un accord de paix peut arrêter la guerre»

Nathalie Oberweis (déi Lénk) : «Nous comprenons la résistance du peuple ukrainien. C’est incontestable que la guerre fait aussi des victimes collatérales au Luxembourg et à travers le monde. Il est aussi étonnant de voir le narratif s’établir, que l’on assiste à une opposition entre autocratie et la démocratie. Si ce serait vraiment le cas, pourquoi a-t-on fait pendant de longues années la cour à Vladimir Poutine? Nous sommes convaincus que seul un accord de paix peut mettre fin à cette guerre. La question qui se pose est si on veut une solution maximaliste avec l’éjection des troupes russes et la destitution de Poutine ou s’il existe une autre perspective de paix. La guerre ne peut pas être arrêtée par des moyens militaires.»

«Il faut que l’Ukraine reste libre et indépendante»

Sven Clement (Parti pirate) : «Il ne revient pas à nous de définir à quoi vont ressembler les frontières ukrainiennes. Nous continuons à soutenir la livraison d’armes et la prise de sanctions. On regrette d’ailleurs que l’UE n’avance pas sur un embargo sur le gaz russe. Tout cela a aussi un coût pour nous, mais si nous ne mobilisons pas des ressources pour limiter l’impact, on les investit dans quoi d’autre? On assiste à une agression contre l’Europe et ses valeurs. Nous nous devons de ressortir renforcés de cette crise. Il faut donner tous les moyens à l’Ukraine pour qu’elle puisse rester ce qu’elle est, à savoir un pays libre et indépendant.»

«Engager les réflexions pour un plan Marshall»

Gusty Graas (DP) : «Nous avons entendu une allocution historique dotée d’une grande valeur émotionnelle. Les atrocités effrayantes commises en Ukraine nécessitent plus que jamais une riposte internationale. Élargir encore l’embargo sur l’énergie russe va nous impacter, mais nous devons le faire. Qu’est-ce qui prime en fin de compte? Notre confort ou la paix mondiale? Il est aussi temps d’engager les réflexions sur un nouveau plan Marshall pour aider l’Ukraine à se reconstruire.»

«Le courage des Ukrainiens est héroïque»

Yves Cruchten (LSAP) : «La barbarie russe ne doit pas nous laisser indifférents. Tout se joue dans la tête du despote qu’est Vladimir Poutine. Le courage de la population ukrainienne est héroïque. Le Luxembourg doit lui aussi aider au mieux l’Ukraine pour gagner cette guerre. Le moment n’est pas encore venu d’analyser notre comportement antérieur envers la Russie. Mais nous allons devoir le faire et revoir nos critères pour engager des relations commerciales. L’approche doit être plus éthique.»

«On reste favorable à la livraison d’armes»

Stéphanie Empain (déi gréng) : «Cette guerre peut uniquement être gagnée sur le champ de bataille. Nous avons un profond respect pour le courage des Ukrainiens. La communauté ukrainienne peut être assurée du plein soutien du Luxembourg. On reste en faveur de la livraison d’armes et sommes prêts à répondre à toute autre demande d’aide émanant de l’Ukraine. L’UE doit continuer à parler d’une voix. Un effort collectif est nécessaire pour devenir indépendant de l’énergie fossile russe.»

3 plusieurs commentaires

  1. S’il y a une bataille que les ukrainiens gagnent, c’est celle de la propagande et du baratin. Car pour celle des armes, ce serait la déroute sans l’aide des USA et de leurs marionettes européennes et, même avec, la défaite est assurée.
    La paix n’aura lieu que lorsque les ukrainiens reconnaîtront leur défaite et accepteront les nouvelles frontières.
    Ce n’est pas encore pour demain.

  2. Je suis pour le confort. Vous savez pourquoi? Je ne me sens pas très confortable.

  3. Les responsables politiques européens ont le devoir de travailler sur un cessez-le-feu. Récupérer le Donbass paraît impossible, il faut mettre Poutine et Zelensky autour d’une table. Chaque partie doit y trouver son compte… et les promesses doivent être tenue, mais pas comme les accords de Minsk. Les USA doivent mettre leur impérialisme dans leur poche et arrêter de nous imposer « leur démocratie ». L’UE doit sortir de la dépendance américaine et en finir avec le mondialisme effréné.

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