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Christos Floros lance son mouvement pour inclure les étrangers à la politique


Christos Floros fait partie des visages bien connus du quartier du Kirchberg, où il a toujours vécu.  (Photo : hervé montaigu)

Alors que la moitié du pays ne parle pas luxembourgeois, il s’est donné pour mission de rendre la vie politique accessible à tous : Christos Floros, 29 ans, lance un nouveau mouvement citoyen baptisé Change for Luxembourg, Change for Europe.

Cravate et costume bleu pétrole impeccable, c’est au cœur du Kirchberg, emblématique quartier européen de la capitale, que Christos Floros nous a donné rendez-vous. Le jeune architecte de 29 ans, «pur produit de l’école européenne», comme il se définit lui-même, est arrivé d’Athènes avec ses parents lorsqu’il était encore bébé, et a grandi ici, pile au pied des tours des institutions de l’UE.

C’est son papa, résolu à apporter sa pierre à l’édifice européen, qui a entraîné la petite famille au Luxembourg en 1994 pour s’y installer définitivement, après avoir occupé un poste à la Commission dans les années 1980. Il a transmis à son garçon les valeurs de l’Union et le goût de l’engagement.

Après avoir tenu un blog d’opinion tourné vers les étudiants, puis animé des émissions politiques en ligne pour RTL, c’est sur Instagram que Christos Floros officie depuis un an et demi. Son compte 100 % anglophone aborde tous les aspects de la vie politique et les débats qui agitent le pays, tout en les rendant accessibles à tous ceux qui ne parlent pas le luxembourgeois. Une idée lumineuse qu’il est le premier à développer et qui a rapidement suscité l’intérêt : ils sont ainsi plus de 5 000 à suivre ses stories quotidiennes sur le réseau social.

Un engouement qui pousse aujourd’hui le jeune homme à voir plus loin, en fondant son propre mouvement, Change for Luxembourg, Change for Europe. «Au Luxembourg, la population est très diversifiée et contribue chaque jour à tous les secteurs de la société, de la construction à la place financière en passant par les soins de santé ou le commerce, et cela, depuis des décennies. Nous devons écouter toutes ces voix. J’ai juste décidé de faire entendre la mienne», revendique celui que plusieurs partis politiques ont identifié comme un interlocuteur de poids qu’ils aimeraient avoir dans leurs rangs.

 

C’est la pandémie et la vague de solidarité de l’époque qui l’ont convaincu de se lancer : «J’étais bénévole dans un centre de tests où la moitié des volontaires étaient des Luxembourgeois, l’autre moitié des étrangers. En pleine crise, tous se mobilisaient au service du Luxembourg qui avait besoin de nous. Face à ça, je me suis demandé pour quelles raisons on n’était pas représentés en politique», raconte-t-il.

Il ouvre alors sa plateforme et se rend vite compte qu’il est loin d’être le seul à se poser cette question. «Beaucoup de gens veulent s’impliquer mais ne savent pas comment. Ils ne comprennent pas qui dit quoi et, de ce fait, ne savent pas pour qui voter», décrit-il, regrettant cette mise à l’écart d’une partie de la population.

Approché par plusieurs grands partis

«Les étrangers, qui pèsent pour moitié parmi les résidents, sont totalement exclus de la vie politique, les débats se tenant uniquement en luxembourgeois. À la Chambre des députés, seule une élue – Semiray Ahmedova – est née ailleurs qu’au Grand-Duché. C’est loin d’être une démocratie représentative», pointe Christos Floros, qui se sent «à la maison» au Luxembourg, mais confie s’être déjà senti rejeté.

«Je suis chez moi ici. Pourtant, c’est comme si je devais en faire plus pour être accepté. Je ne parle pas aussi bien le luxembourgeois que d’autres jeunes qui ont fréquenté l’école luxembourgeoise, mais je fais cet effort», poursuit-il. S’il assure qu’il ne veut pas déclencher une «révolution», il parle quand même d’un «tremblement de terre» qui devient nécessaire dans la sphère politique. Approché par plusieurs grands partis pour intégrer leurs listes aux communales et aux législatives, il préfère pour l’instant s’engager en faveur de l’inclusion sans être affilié à aucun d’entre eux.

Ces contacts l’ont amené à échanger avec de nombreux membres encartés, eux, qui se sont dits prêts à quitter le navire pour prendre part à quelque chose de nouveau et représenter enfin cette part de la population laissée dans un coin. «J’essaye de les convaincre de rester pour travailler au sein du système, car c’est important d’essayer de pousser en interne les partis existants au lieu d’en créer un nouveau, avec tous les risques de polarisation que cela comporte. Toutes ces personnes veulent juste leur place dans la société», constate Christos Floros, après une campagne communale menée quasi intégralement en luxembourgeois.

Une cinquantaine de personnes ont déjà été séduites par le projet porté par ce jeune Européen convaincu.

«Les politiques manquent de perspectives. Ils ne peuvent pas comprendre ce que c’est d’arriver ici, de parler lituanien, hongrois ou polonais, de devoir apprendre l’anglais ou le français pour le quotidien, et de devoir en plus apprendre le luxembourgeois pour comprendre ce qui se passe en politique», note-t-il, faisant valoir que les politiques ont la responsabilité de s’adresser à l’ensemble de la population. «Comme leur électorat parle luxembourgeois, ils continuent de jouer leur rôle dans cette pièce. C’est pour ça que j’invite le plus de monde possible à entrer dans le théâtre, pour changer les choses», sourit-il, avec en ligne de mire, l’ouverture du droit de vote aux élections nationales aux étrangers.

Et le «non» massif au référendum de 2015 sur cette question ne le freine pas. «Quel échec pour la vie politique luxembourgeoise… Sans compter que l’identité luxembourgeoise n’a pas été sauvegardée comme ils l’auraient voulu puisque pour participer, il faut devenir luxembourgeois», ironise cet hyperactif, embauché depuis peu dans une société de marketing digital. Lui aurait préféré que le fait de vivre sur le territoire suffise pour pouvoir voter.

Je dois trouver un moyen d’interpeller les politiques et de leur montrer qu’on existe

«Je pense que le Luxembourg doit incarner ce leadership dans l’Union européenne. Nous avons une capitale qui compte plus de 70 % de résidents étrangers : si nous ne montrons pas la voie, alors qui?», interroge-t-il. À la tête de la future équipe de Change for Luxembourg, Change for Europe, en train de se constituer, il évoque comme un «appel» : «Je ne peux pas faire autrement. Je travaille sans arrêt, je suis fatigué, mais j’y crois. Je dois trouver un moyen d’interpeller les politiques et de leur montrer qu’on est là, qu’on existe.»

Après seulement quelques jours, plus d’une cinquantaine de personnes l’ont déjà contacté, motivées et impatientes de mettre ces questions sur la table. À quatre mois des élections, les projecteurs médiatiques pourraient bien donner à ces citoyens la visibilité qu’ils méritent et pousser les candidats en lice à prendre position sur ce dossier hautement inflammable qu’est le déficit démocratique.

@christosfloros sur Instagram

 

8 plusieurs commentaires

  1. nicolas: à ceux qui osent parler leur langue lux. dans leur propre pays, Lux. vous ordonnez : parlez français!!! doudsecher net!

  2. Luxo polyglotte

    nicolas: absolument incompréhensible! c’est juste signe de mauvaise volonté et de non- intégration! imaginez 1 luxembourgeois sans fr. all. angl, esp… vivre à l’étranger! ça n’existe pas, ils sont polyglottes et adaptés!

  3. Lëtzebuerger, 6 Sproochen

    sauvez votre politique greque…!!! et apprenez le LUXO de votre pays d’acceuil !!! schummt iech.

  4. NEEF. après 10 ans ! au pays, vous ne parlez tj pas LETZEBUERFESCH???!!!

    • Quand 90% de vos collègues et 80% de vos voisins ne parlent pas le Luxembourgeois, c’est tout à fait compréhensible de ne pas le parler après 10 ans.

  5. Avant d avoir la prétention de changer une nation ou une culture pluri centenaire, adoptez en déjà la langue jeune homme… au minimum, celle administrative… le français…
    Sinon faites le en Grèce … pour rappel, ceux qui ont renié l Europe s expriment dans la langue de Shakespear …

  6. NEEFS Georges

    Excellente initiative de Mr Christos Floros.
    Je suis belge et suis domicilié au Luxembourg depuis plus de 10 ans.
    Je souhaite pouvoir exprimer mon opinion concernant la vie polotique et sociale dans ce pays que j’apprécie énormément.

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