Des millions d’euros attendus pour le patrimoine : un grand loto a été lancé lundi pour restaurer des monuments historiques en péril, piloté par l’électron libre Stéphane Bern qui veut mobiliser les Français autour de cette opération inédite.
Annoncée fin 2017 par la ministre de la Culture et défendue depuis longtemps par certains élus, cette initiative avait été détaillée fin mai par le président Emmanuel Macron et par Stéphane Bern, l’animateur télé à qui le chef de l’État a confié une mission sur le patrimoine. Depuis lundi matin, les tickets sont en vente. L’objectif est de susciter une grande mobilisation populaire autour d’une loterie et d’un jeu de grattage, pour financer la rénovation de monuments.
Au total, 270 sites ont été sélectionnés, dont 18 monuments en péril « emblématiques » qui seront aidés en priorité grâce aux futures recettes de ce loto, soit un par région métropolitaine et cinq pour l’outre-mer, représentant les différentes facettes du patrimoine (religieux, industriel…). Parmi eux, la maison de l’écrivain voyageur Pierre Loti à Rochefort (Charente-Maritime), dont les portes restent closes depuis cinq ans dans l’attente d’un très onéreux chantier de rénovation, l’ancien fort militaire de Fort-Cigogne dans l’archipel des Glénan (Finistère), la villa Viardot à Bougival (Yvelines), rachetée en 1874 par l’écrivain russe Ivan Tourgueniev, ou encore la maison d’Aimé Césaire à Fort-de-France (Martinique).
Le tirage spécial du Super Loto « Mission patrimoine » aura lieu le 14 septembre, veille du week-end des Journées du patrimoine. Il sera doté d’un jackpot de 13 millions d’euros, équivalent à celui d’un tirage exceptionnel du vendredi 13. Les grilles coûtent 3 euros. Le jeu à gratter « Mission patrimoine », également disponible depuis lundi, est doté d’un gain maximum d’1,5 million d’euros, un montant inédit pour ce type de jeu. Au total, 12 millions de tickets grand format sont ornés de 13 des 18 principaux monuments choisis, et vendus 15 euros pièce.
Le trésor de chacun des Français
Les tickets seront proposés pendant 4 à 6 mois dans les 30 800 points de vente de la Française des jeux (FDJ), en ligne et dans quelques lieux emblématiques lors des Journées du patrimoine (château de Chambord, Mont Saint-Michel…). Les joueurs auront une chance sur trois de gagner au minimum 15 euros.
La FDJ attend de cette opération, soutenue par une campagne de publicité télé, radio et internet, des gains « exceptionnels », de 15 à 20 millions d’euros, qui seront affectés à un fonds spécifique. Dans le détail, en achetant une grille de loto, 25% de la mise iront au financement du patrimoine français (0,75 euro), et 10% pour le jeu de grattage (1,52 euro), précise la FDJ dans un communiqué.
« Ces 15 millions d’euros sont une goutte d’eau », avait souligné Stéphane Bern lors de la présentation de l’opération, alors que 5% des monuments classés en France, soit environ 2 000 chefs d’œuvre, sont considérés en état de péril. Mais « ils donnent le sentiment aux Français que le patrimoine appartient à chacun d’entre eux » et cela « va leur donner envie de se mobiliser », avait ajouté l’animateur, qui lui-même présente à partir de lundi « L’émission patrimoine », un programme court diffusé sur France 2 à 20h35.
Pour lui, ce loto a aussi valeur de test : il a menacé vendredi de quitter à la fin de l’année sa mission s’il estimait n’être qu’un « cache-misère » ou un « pantin ». « À la fin de l’année, on verra plus clair. On saura si le Loto du patrimoine est un succès. Ce que je voudrais, c’est que les Français me donnent raison. Y compris contre le gouvernement et certaines personnes dans les ministères », a-t-il souligné.
LQ/AFP