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Jean Asselborn prêt à raccrocher les gants


Jean Asselborn (à g.) a débattu avec Gast Gibéryen sous l'œil de la journaliste de RTL Mariette Zenners. (capture d'écran RTL)

Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn (LSAP), était mardi soir sur le plateau de l’émission Face-à-Face diffusée sur RTL Télé Lëtzebuerg. Et il y a évoqué son avenir personnel tout en nuances. Au cours des cinq premières minutes de débat avec le député ADR Gast Gibéryen, le ministre a largement laissé entendre qu’il pourrait quitter son poste dès lundi, en fonction des résultats du référendum.

Un ministre des Affaires étrangères qui quitterait ses fonctions à trois semaines et demie de la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne, est-ce là une hypothèse crédible ? Telle est la question qui se pose après la sortie du ministre socialiste sur le plateau de RTL, mardi soir.
Cueilli à froid par la journaliste Mariette Zenners sur la question de la limitation des mandats ministériels à dix ans, le ministre a en effet supposé qu’il démissionnerait en fonction du résultat du référendum.

Son parti, le LSAP, défend cette mesure et lui-même est membre du gouvernement depuis onze ans. «Je dois être tout à fait honnête : je ne suis pas le meilleur « support » et ne peux pas me permettre de promouvoir cette question. Étant donné mon évolution autobiographique, je ne saurais être crédible», a-t-il reconnu.

La suite de son intervention est encore plus croustillante. À la journaliste Mariette Zenners qui lui demande s’il déplorerait un arrêt de sa carrière ministérielle, le ministre répond par un équivoque : «Personne n’est irremplaçable.» Avant d’enchaîner en des termes ne laissant cette fois plus place à une quelconque ambiguïté : «S’il devait y avoir une tempête d’indignation lundi, la police n’aurait pas besoin de (me) conduire devant le Grand-Duc.» Il faisait ainsi allusion au fait qu’il serait reçu en audience par le chef de l’État pour une hypothétique démission, comme le veut la procédure.

D’après certaines sources, personne ne souhaiterait son départ, à trois semaines de la présidence luxembourgeoise de l’UE. Ni au sein de la majorité ni même dans l’opposition. Et ce, pour des raisons évidentes d’expérience et de crédibilité intimement liées à ce poste-clé.

Référendum non contraignant, mais…

Le ministre est en effet bien connu et bien «implanté» sur la scène internationale : il entretient des relations étroites avec ses homologues des 27 autres États-membres de l’UE, de même qu’avec la haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini. Il serait d’ailleurs plutôt inopportun pour un «novice» de reprendre les dossiers brûlants de la diplomatie à trois semaines de l’échéance du 1er juillet.

Sans parler du capital sympathie de Jean Asselborn, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Grand-Duché. Alors qu’il est régulièrement en tête des sondages désignant les politiques préférés des Luxembourgeois, qui d’autre que lui pourrait jouer ce rôle fédérateur, notamment en vue de la volonté de redorer le blason et l’image de marque (« nation branding ») du Grand-Duché ?

La triplette Bettel-Asselborn-Juncker a en effet de la gueule. Ce serait tout bénéfice pour le Grand-Duché, comme on dit. D’où l’apparente impossibilité pour Jean Asselborn d’arrêter à ce moment charnière. D’ailleurs, le référendum n’est pas juridiquement contraignant et la loi ne serait pas rétroactive : elle n’obligerait pas le ministre à quitter ses fonctions en cas de victoire du oui, dimanche. Et de toute façon, les rumeurs insistantes sur le départ du ministre font état d’un arrêt «avant la fin de la législature», soit au plus tard en 2018.

Une seconde hypothèse s’est cependant récemment invitée dans les débats, selon laquelle le ministre arrêterait le 31 décembre, à minuit, au terme de la présidence luxembourgeoise de l’UE. Une décision qui serait annoncée ce lundi. Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse d’une volonté populaire en ce sens, dimanche, ou de la ligne de son parti, le ministre aurait quelques raisons de démissionner à terme.

Claude Damiani

Nicolas Schmit dans le même cas, Alex Bodry à la rescousse ?

Si le oui devait l’emporter dimanche sur la question de la limitation des mandats ministériels à 10 ans et même si le référendum n’est pas juridiquement contraignant, le Premier ministre pourrait suivre la volonté populaire et procéder à un remaniement ministériel. Ainsi, Jean Asselborn, ministre depuis 11 ans, pourrait en faire les frais. Qui de mieux placé que l’actuel ministre du Travail, Nicolas Schmit, lui aussi du LSAP et ancien diplomate, pour le remplacer?

Le hic, c’est que ce dernier est ministre depuis 2004: il a donc également déjà cumulé deux mandats de 5 ans. Selon certaines sources, le poste pourrait donc revenir au chef du groupe parlementaire socialiste, Alex Bodry. Un choix qui «plumerait» cependant la fraction parlementaire du LSAP et plus généralement la majorité parlementaire. Par extension, qui remplacerait Nicolas Schmit, en cas de départ de ce dernier? Et surtout, que feront Asselborn et Schmit en cas de démission? La question est ouverte.

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