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Série d’été (2) : si Luxembourg m’était contée


Mélusine pleure son amour perdu auprès du rocher du Bock depuis plus de mille ans. (photos Sophie Kieffer)

La capitale, on a l’impression de la connaître par cœur et pourtant, elle a de quoi encore émerveiller ses visiteurs. Il suffit de se laisser porter par l’ambiance de ses ruelles.

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Les fables, contes et légendes sont des miroirs des sociétés passées. Au même titre que la pierre ou les découvertes archéologiques, ils renseignent sur nos ancêtres, leurs croyances et leur manière d’envisager le quotidien, ainsi que sur le monde dans lequel ils vivaient.

Luxembourg porte encore les traces de ces fables, contes et légendes. Retraçons les plus palpables, ceux inscrits dans la pierre. Pourquoi venir à Luxembourg cet été ? Pour s’en laisser conter.

La sirène Mélusine

Il était une fois un conte de fées qui finit mal, dont les protagonistes ne vécurent pas heureux et n’eurent pas beaucoup d’enfants. C’est l’histoire du comte Sigefroi de Luxembourg et de Mélusine. Un jour, alors qu’il se reposait sur les remparts de sa forteresse d’avoir trop guerroyé, le comte aperçut une magnifique jeune femme en contrebas du rocher du Bock. Il en tomba immédiatement éperdument amoureux et décida de l’épouser. Mélusine accepta, mais fit promettre à son futur époux de lui laisser un moment d’intimité les samedis. Sigefroi promis, mais poussé par la curiosité et la jalousie, le comte regarda par le trou de la serrure de la porte des appartements privés de Mélusine. Ce qu’il découvrit le stupéfia : son épouse était une sirène! Se sentant trahie, Mélusine plongea dans l’Alzette et ne refit jamais surface. Il se murmure cependant dans les faubourgs que, certains soirs, on peut entendre la sirène pleurer cet amour perdu.

Une statue créée en 2015 par l’artiste Serge Ecker donne corps à la légende. Elle contemple le rocher du Bock assise sous un majestueux saule pleureur. On y accède à pied depuis le Grund en longeant l’Alzette à l’arrière de l’abbaye de Neumünster.

La statue aiderait à la fois à récupérer les amours perdues et à punir les amants infidèles. Photo : fabrizio pizzolante

Péiter Onrou

S’il est des lieux emplis de mystère à vous donner froid dans le dos au Luxembourg, la cavité rocheuse abritant le gisant dans la côte d’Eich est l’un de ceux-là. On y découvre une statue en bois à l’effigie d’un saint entourée d’ex-voto composés de bougies dans lesquelles sont plantées des aiguilles. Une croyance moderne lui attribue le pouvoir magique de punir les personnes infidèles ou de les faire revenir.

Mais que représente donc la statue? Jésus, saint Crépin ou Péiter Onrou? Les historiens s’accordent à penser qu’elle aurait été la dernière étape d’un chemin de croix partant du Siechenhaff qui aurait existé jusqu’au XVIIe siècle. La statue originale a été volée et remplacée au XIXe siècle par une statue classée monument national en novembre 2017. En luxembourgeois, «Onrou» signifie «agitation» et Péiter serait le prénom du propriétaire du terrain sur lequel se situait la cavité au début du XVIIIe siècle.

Qui aura envie de frissons pourra atteindre l’impressionnant édifice en grimpant les marches à l’intersection de la côte d’Eich et du boulevard Paul-Eyschen au Limpertsberg.

La source miraculeuse jaillit au pied de la chapelle Saint-Quirin, dans le Grund. Photo : archives lq

La source miraculeuse

Avant, tout était magie ou sortilège. L’inexpliqué et l’inexplicable étaient divins ou malins. Une eau de source claire et pure ne pouvait être que miraculeuse parce qu’elle n’empoisonnait pas ceux qui la consommaient comme l’eau saumâtre des fontaines ou des puits que l’on trouvait dans les villes. Luxembourg possédait au moins une de ces sources. Elle jaillit toujours sous la petite chapelle troglodytique consacrée à saint Quirin au XIe siècle dans la vallée de la Pétrusse. Son eau était autrefois considérée comme un remède contre les maladies de peau et des yeux.

Déjà bien avant la construction de la chapelle, aujourd’hui classée, vers 1355, le site servait de lieu de culte païen. Les Celtes y célébraient les trois normes, des divinités féminines responsables de la destinée humaine. À l’ère chrétienne, elles ont été remplacées par la foi, l’espoir et la charité, les filles de sainte Sophie. Le toit et le clocher au-dessus des deux cavités composant la chapelle ont été ajoutés à la fin du XIXe siècle.

Saint Quirin a été le saint patron du Luxembourg jusqu’en 1455, quand les Jésuites lui préférèrent Marie Consolatrice des Affligés pour protéger le pays de la peste et de la guerre. Il se raconte que le saint aurait eu sa revanche quand trois nonnes atteintes de scrofule venues en pèlerinage à la Vierge guérirent après avoir bu de l’eau de la source.

Le Rénert, une satire de la société. Photo : archives lq/fabrizio pizzolante

Le Rénert

Le Rénert est l’adaptation du Reineke Fuchs, une œuvre incontournable de l’histoire littéraire européenne depuis le XVe siècle, reprise notamment par Goethe. Michel Rodange a mis la fable animalière à la sauce luxembourgeoise pour en faire une satire acerbe de la société de son époque. Le renard, futé, arnaque les animaux, quand il ne les élimine pas. Il est finalement jugé pour ses crimes, avant d’être anobli par le lion, le roi des animaux, que le renard parvient également à embobiner. Liens entre politique et industrie, hypocrisie de l’église… tout y passe. Et, au final, ce sont toujours les petites gens – les souris, les oiseaux et les moutons – qui sont les dindons de la farce.

Une sculpture du fameux personnage réalisée par l’artiste Jean Curot trône au Knuedler, à deux pas de l’hôtel de ville de Luxembourg.

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