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Parlement des jeunes : des efforts d’ouverture qui portent leurs fruits 


Lana Despotovic et Sam Elsey se félicitent que leur Parlement soit «plus représentatif que la Chambre des députés». (photo Fabrizio Pizzolante)

Lancé en 2009, le Jugendparlament fête ses 15 ans avec des objectifs ambitieux, portés par une équipe déterminée à donner une voix à chaque jeune du Luxembourg. Rencontre avec les lycéens Sam Elsey et Lana Despotovic.

À tout juste 16 et 18 ans, Lana Despotovic et Sam Elsey veulent secouer un grand coup la sphère politique luxembourgeoise pour y faire entrer la voix de la jeunesse. Membres du Parlement des jeunes depuis trois ans déjà, ces deux lycéens engagés font désormais partie du bureau exécutif : elle, en tant que coordinatrice des médias sociaux, lui à la présidence.

Et ils ne comptent pas leurs heures pour faire vibrer ce «sismographe de la Chambre des députés» qu’incarne le Jugendparlament, selon les mots du Premier ministre.

La participation des jeunes manque de stabilité

Marqué par le coup de frein dû à la pandémie – l’organisation vivotait avec 20 membres à peine, contre 150 aujourd’hui –, le duo estime que la participation des jeunes à la vie du pays manque de stabilité, et cherche des moyens de l’intégrer durablement au paysage politique national.

«Nous revendiquons la création d’une Chambre de la jeunesse, dont l’avis serait systématiquement sollicité en cas de projet de loi avec un impact sur les jeunes. Ce qui n’est pas le cas actuellement», lance Sam Elsey.

«On veut un vrai débat» sur le droit de vote

Mais leurs projets ne s’arrêtent pas là. Le Jugendparlament milite aussi pour remettre sur la table le droit de vote à 16 ans, après le flop du référendum de 2015 qui s’était soldé par 81% des suffrages contre cette idée.

«Presque dix ans ont passé et les choses ont changé, notamment l’accès aux médias via les nouvelles technologies. Les jeunes sont beaucoup mieux informés», juge Lana Despotovic, convaincue que l’intérêt des jeunes pour la politique serait nettement accentué avec une telle mesure.

«Ce qu’on veut, c’est susciter un vrai débat, qui ne soit parasité par aucune autre question cette fois.» Pour y parvenir, le Parlement des jeunes prévoit de lancer une pétition et espère une forte mobilisation. «À la fin, ce sera aux députés de décider», tranche la jeune fille.

Que fait le Parlement des jeunes ?

Le Parlement des jeunes fonctionne sur un modèle similaire à celui de la Chambre des députés. Cinq commissions permanentes – Affaires étrangères et européennes, Économie et travail, Éducation, Environnement, Égalité des chances et intégration – se réunissent de novembre à février pour creuser les sujets choisis par les membres. Les résolutions qui en sortent sont ensuite votées en plénière avant d’être soumises aux députés.

Ces dernières années, les jeunes ont été les premiers à demander la réforme du Cepas, la séparation de l’Église et de l’État, ou encore à alerter sur la menace russe, lors de l’annexion de la Crimée. Le mouvement Youth4Climate, qui avait poussé 10 000 jeunes dans les rues de la capitale en 2019, trouve aussi son origine dans les rangs du Jugendparlament.

Le recrutement a lieu de septembre à décembre, mais reste possible toute l’année. Le Parlement est ouvert à tout résident de 14 à 24 ans. Les réunions durent deux heures et se déroulent huit fois par an. Des formations en rhétorique, négociation et travail en équipe, sont également dispensées. Inscriptions sur le site web.

Avec son collègue, ils sont confiants, galvanisés par les récents progrès au sein de l’organisation : «On n’a jamais été aussi diversifiés», se félicite le président, qui a impulsé ce changement.

Inclusion : les jeunes donnent l’exemple

«Le Jugendparlament est plus représentatif que la Chambre des députés, avec des personnes à besoins spécifiques, des jeunes des quatre coins du pays, et toutes les sensibilités politiques», décrit-il.

Car la représentativité est une réelle préoccupation pour l’équipe exécutive. La campagne d’information menée dans toutes les écoles cette année a porté ses fruits. «Pendant 14 ans, c’était plutôt le Parlement des jeunes Luxembourgeois», pointe Lana Despotovic.

Le français et l’anglais en commission

«Nous, on veut représenter la jeunesse du pays dans son ensemble, et pas seulement la moitié qui est luxembourgeoise.» Une approche démocratique qui fait déjà la différence, avec de plus en plus de résidents étrangers parmi les membres, et l’apparition des langues française et anglaise dans les débats en commission.

Un constat à rebours des idées reçues qui voudraient que les jeunes, comme les étrangers, ne s’intéressent pas à la vie politique du pays. «Sur le terrain, on voit bien que c’est faux», confirme Sam Elsey.

L’école du débat, la culture du compromis

«Tant que les jeunes ne peuvent pas s’exprimer dans les urnes, c’est seulement à nos côtés qu’ils ont la possibilité de le faire», explique-t-il, arguant que les problèmes ne manquent pas. La hausse du chômage des jeunes ou encore l’insatisfaction liée au système scolaire n’étant que des exemples.

En juillet dernier, le Parlement des jeunes a présenté ses travaux aux députés et au président de la Chambre. Photo : chd.lu

 

Et c’est en commission que ces thématiques, entre autres, font l’objet de réflexions : l’endroit idéal pour apprendre à débattre et développer son esprit critique.

«Certains jeunes s’engagent très tôt dans un parti politique, puis évoluent dans cette bulle. La culture du compromis, si importante au Luxembourg, se perd. Alors que nous, on la pratique», fait valoir le président.

Face au Premier ministre

En juillet prochain, les travaux des différentes commissions seront présentés sous forme de résolutions à la Chambre des députés lors d’une audience, temps fort annuel du Jugendparlament, avant l’ouverture d’une nouvelle session en octobre. Luc Frieden leur a déjà soufflé qu’il aimerait être présent.

La voix des jeunes au niveau national

  • La Conférence générale de la jeunesse du Luxembourg (de Jugendrot/CGJL) est le «parapluie» sous lequel sont rassemblées environ 30 organisations, dont des mouvements politiques, des syndicats, des guides et scouts ou encore des acteurs du monde socioculturel ou socioéducatif, et qui est consulté par les ministères et d’autres institutions, dans le but de défendre les intérêts des jeunes.
  • Le Parlement des jeunes regroupe près de 150 habitants de tout le pays âgés de 14 à 24 ans qui débattent de sujets variés ayant trait à la politique en faveur des jeunes. En commissions, des résolutions sont élaborées et présentées une fois par an à la Chambre des députés en séance plénière.
  • Le Conseil supérieur de la jeunesse formule des avis à l’attention du gouvernement sur les questions concernant les jeunes. Il réunit une vingtaine de représentants des organisations de jeunesse, des services pour jeunes, des élèves et étudiants, et un représentant du ministère. Ses membres sont nommés par le ministre pour trois ans.
  • La Conférence nationale des élèves au Luxembourg (CNEL) se compose de membres des comités d’élèves élus dans les lycées et peut soumettre des avis et propositions au ministre en charge de l’éducation.

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