Accueil | A la Une | Mobilisation du quartier Gare à Luxembourg : «On ne s’arrêtera pas à une manifestation»

Mobilisation du quartier Gare à Luxembourg : «On ne s’arrêtera pas à une manifestation»


(Photo d'illustration : Julien Garroy)

Des images choc postées en ligne et une manifestation prévue fin septembre : les riverains de la Gare veulent faire de l’insécurité dans leur quartier un enjeu du débat national en vue des élections, pour enfin sortir de l’ornière.

Reflet d’un échec collectif, la situation dans le quartier de la Gare à Luxembourg s’est dégradée à vitesse grand V ces dernières années. Misère sociale, prostitution, trafic et consommation de drogue, violences, de jour comme de nuit : les nuisances sont devenues insupportables pour les gens qui vivent ou travaillent dans ces rues, sans parler de l’insécurité qui y règne et fait désormais fuir ceux qui y ont toujours vécu.

Les alertes des associations locales sont restées lettre morte, les autorités communales sont complètement dépassées, les réunions publiques ne débouchent sur rien, la police manque de moyens, tandis que les espoirs des citoyens se heurtent à un jeu de ping-pong politique entre élus de la Ville et membres du gouvernement.

En avril dernier, en préambule des élections communales, 150 d’entre eux avaient adressé une lettre ouverte au Premier ministre et aux députés, réclamant une démarche ferme et coordonnée du législateur, de la police et de la justice. Sans surprise, rien ne s’est passé depuis.

Cette fois, alors que les élections législatives se profilent, ils sont déterminés à faire de ce thème l’un des enjeux du débat national. Mi-juillet, quatre habitants ont ainsi lancé un groupe WhatsApp avec l’objectif de fédérer un maximum de gens du quartier. La caisse de résonance des réseaux sociaux a offert l’étincelle qui manquait jusque-là. Plus de 500 riverains, commerçants et salariés du secteur y échangent photos, témoignages, humeurs et idées pour sortir de l’ornière – sous l’œil de politiques de tous bords et de membres de la presse.

«On peut constater que beaucoup d’habitants ont perdu tout espoir», déplore Graziela Bordin, cofondatrice du groupe. «Mais cette fois, l’ampleur est telle que je crois le changement possible», confie-t-elle. «Ce dont on a besoin en urgence, c’est une présence policière permanente et un nettoyage régulier des voiries. Le reste, on sait que c’est un problème plus profond, aux origines multiples, et le résoudre prendra du temps.»

Alors, pour frapper un grand coup, ils organisent une grande manifestation le 23 septembre (départ du cortège à 11 h, place de Strasbourg) et viennent d’ouvrir le compte Instagram @gare_securite.proprete qui regroupe les photos et récits les plus choquants. Le but : forcer la prise de conscience auprès de l’opinion comme des pouvoirs publics, alors que certains élus semblent minimiser les faits. Les résidents n’ont, par exemple, toujours pas digéré que le ministre de la Sécurité intérieure, Henri Kox, brandisse la carte du vivre-ensemble pour aborder la criminalité et la toxicomanie qui empoisonnent leur quartier. 

Injections sous le nez des passants

«Avec ce compte Instagram public, on veut montrer ce qu’on vit ici au quotidien. Chaque matin, on ne sait pas si on va pouvoir sortir de chez soi sans être confronté aux toxicomanes, aux déchets, aux seringues en pagaille, aux traces de sang», raconte Graziela. Sur le groupe, les témoignages affluent, évoquant les hurlements des drogués en plein trip pendant la nuit, les bagarres récurrentes entre trafiquants, les dégradations, la saleté et les injections en pleine rue sur la voie publique, vidéos à l’appui.

«Le but est aussi d’attirer l’attention des autorités», souligne-t-elle. Pari gagné. En cinq jours, près de 3 000 personnes s’y sont déjà abonnées et l’initiative est largement relayée dans les médias. De quoi faire bouger les partis politiques à quelques semaines des législatives. Et pas question de dérapage, les commentaires du compte ont volontairement été fermés pour éviter toute stigmatisation de ces populations ou propos haineux.

Le groupe défend une approche pacifique et constructive : «On veut pouvoir collaborer avec les pouvoirs publics et être pris au sérieux. On réfléchit déjà à se constituer en association pour la suite. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne s’arrêtera pas à une manifestation», assure-t-elle au nom du collectif.

4 plusieurs commentaires

  1. ThinkBeforeYouSpeak

    Avant de me mal comprendre je veux clarifier que je vous comprends a 100%. Moi aussi j’ai habité dans la rue Strasbourg pour un bon temps alors je sais bien a quel point ca peut rendre fou.
    Quand même je vous pose cette question…
    Vous voullez qu’ils aillent ou??
    Vous vous en foutez n’est pas? Le temps que ce n’est pas dans votre quartier correct ?
    Autant que leur manque de propreté et respekt me degoute ce sont quand meme encore des etres humains. Des etres humains dans une situation horrible dont contrairement à ce que vous pensez, n’est pas à cause de paresse ou amour pour cette « vie » qu’ils mènent !
    Alors a la place de mettre des fotos des gens (dont entre eux aussi des jeunes avec leur vie devant eux) sur les réseaux sociaux ou tout le monde peux les reconnaître par exemple des membres de famille, futur employeurs etc. N’oubliez pas qu’on est au Luxembourg ou tout le monde connaît tout le monde. Je comprends que vous êtes ah bout mais c’est des vies humaines avec les quelles vous jouez!!!
    De plus soyons honnête… vous pensez vraiment qu’une manif va changer quelque chose ?? J’y crains.
    A la place de gaspiller votre énergie avec ca peut etre essayez de pousser l’état à leur donner un endroit ou aller non?
    👉Reflechisez… tout cela a seulement commencé à escaller quand on leur a arraché les tentes a l’abrigado. Je me répète une manif. ne changera rien, poussez les gens avec ce pouvoir a ouvrir un endroit pour les toxicomanes ou au moins de reautoriser les tentes a l’abrigado et je vous garantis votre probleme est résolu 👈

  2. THOMMES Jan-Antoine

    la police manque de moyens, parceque la politique manque de volonté. A se demander, pourquoi?

  3. Je pense que c’est une bonne initiative de la part des riverains car cela fait des décennies que cela dure, une chose est sûr, si ce problème serait dans les quartiers chic ou habite les élus cela ferait longtemps qu’ils auraient employés des grands moyens pour résoudre le problème . Mais comme c’est un quartier de “3ieme zone “ rien n’est fait c’est scandaleux et inacceptable

  4. andlibertyforall

    Tout mon soutien à eux… j’y ai habité, j’y travaille toujours… et vois bien que depuis 25 ans, tout le monde se renvoie la balle sans fin et sans résultat, cette impuissance bien voulue est dégoûtante et désespérante (je me souviens encore de L. Frieden débarquer tout sourire rue Joseph Junck il y a 20 ans en tant que ministre de l’Interieur avec caméras RTL! MDR)! Que la Chambre, le CBE de la ville et le Gouvernement soient obligés de travailler et habiter une semaine au centre sociétaire, culturel et sportif et on en reparle, ça bougerait…

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.