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L’expérience ne paie pas toujours


Si les jeunes de moins de 30 ans sont les plus représentés dans le groupe des smicards, certains salariés avec de l’expérience stagnent. 

Au Luxembourg, près de 10 % des salariés avec une ancienneté au-delà de 10 ans sont encore rémunérés aux alentours du salaire social minimum. La Chambre des salariés s’est penchée sur ce cas.

La rémunération au salaire minimum constitue-t-elle un phénomène transitoire qui ne dure que quelques mois? La Chambre des salariés (CSL) a voulu répondre à cette question en analysant les microdonnées de l’Inspection générale de la sécurité sociale. Dans son étude intitulée «Portrait de la population au salaire minimum», publiée en octobre dernier, elle avait mis en exergue la situation d’une partie de ces salariés qui, au bout de dix années de travail, sont toujours rémunérés au minimum, soit déjà un quart de la vie professionnelle.

C’est le manque d’expérience qui justifie le SSM, mais la CSL se demande si l’expérience est vraiment un garant pour une rémunération supérieure au SSM. Souvent, oui, mais pas toujours. Il y a trois types d’ancienneté : l’âge qui peut indiquer l’expérience dans la vie, l’expérience sur le marché de travail au Luxembourg ou encore l’expérience dans l’emploi en cours.

Les travailleurs de moins de 30 ans, qui représentent 19,3 % de l’ensemble des salariés au Luxembourg, sont 40 % à toucher le SSM et 30 % le SSM qualifié. Les jeunes salariés représentent bien les «inexpérimentés». Les salariés âgés de plus de 60 ans ne représentent que 3,5 % des salariés au voisinage du SSM, mais seulement 3,2 % de l’ensemble des salariés.

L’expérience sur le marché du travail a-t-il véritable un impact sur le niveau du salaire? Parmi les salariés présents sur le marché salarié au Luxembourg en mars 2022, plus de la moitié l’était déjà depuis plus de dix ans.

S’ajoutent 17,5 % des salariés qui ont eu leur premier emploi au Luxembourg il y a cinq à dix ans, 4 % depuis moins de 6 mois et 3,4 % entre six et douze mois. «Au niveau des salariés au voisinage des SSM, ces poids des différents groupes sont pourtant bien différents», analyse la CSL.

Les salariés travaillant depuis moins de deux ans au Luxembourg représentent plus d’un salarié sur quatre au sein du groupe au SSM-NQ et un salarié sur cinq celui touchant le SSM-Q, tout en ne représentant qu’un salarié sur huit dans l’ensemble de la population salariée.

La moitié des salariés au salaire social minimum ont eu leur premier emploi au Luxembourg il y a plus de cinq ans et ne peuvent donc pas véritablement être considérés comme inexpérimentés. Pourtant, presque 19 000 salariés travaillant au Luxembourg depuis au moins cinq sont toujours rémunérés au voisinage du SSM non qualifié.

Néanmoins, plus l’expérience est grande, plus les salariés s’éloignent du SSM. «Même si cette tendance se confirme, l’expérience n’est pas un garant pour une rémunération supérieure au salaire minimum», prévient la CSL.

En effet, presque 5 % des salariés au voisinage du SSM non qualifié, soit presque 1 800 salariés, sont payés au strict minimum légal, malgré une expérience dans l’emploi en cours qui dépasse les dix ans. D’autres 10 500 salariés au SSM non qualifié ont une expérience dans le poste en cours de plus de deux ans. L’analyse de la proportion de salariés au voisinage du SSM selon leur expérience a clairement illustré que l’ancienneté tend à baisser significativement l’exposition à un salaire minimum, quelle que soit la mesure d’expérience utilisée.

Plus si décent

En mars 2022, parmi les salariés au voisinage du SSM non qualifié, l’on trouve 10 000 salariés d’au moins 45 ans, 19 000 salariés avec une expérience au Luxembourg d’au moins cinq ans et 4 600 salariés travaillant dans l’emploi en cours depuis au moins cinq ans. «Il serait trompeur de dire que le salaire social minimum serait un salaire pour les inexpérimentés», résume la CSL.

Au Luxembourg, le salaire minimum, introduit en 1944, a souvent été victime «d’attaques récurrentes visant à remettre en question son niveau monétaire jugé économiquement trop élevé», rappelle la CSL. Mais il demeure «un outil indispensable pour assurer un niveau de vie décent et une protection sociale adéquate à tous les travailleurs du pays».

Il a été créé pour cette raison, d’ailleurs. Il est un fait que le salaire minimum au Luxembourg, demeure en deçà des principaux seuils internationalement reconnus pour assurer un niveau de vie décent, estime la Chambre des salariés.

«Une situation d’autant plus préoccupante que ces salariés sont confrontés à une persistance de l’écart grandissant entre le coût de la vie et leurs revenus du travail», conclut la CSL.

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