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Hip Hop Marathon : les lycéens s’emparent du micro


Les adolescents ont pu profiter des installations de la Rockhal pour répéter comme des professionnels. (Photo : Julien Garroy)

Dans le cadre du Hip Hop Marathon, douze classes sont invitées à présenter un spectacle aux Rotondes. Mais avant de pouvoir monter sur scène, il faut passer par la case répétition à la Rockhal.

Il y avait deux salles, deux ambiances à la Rockhal vendredi matin. Alors que Tali répétait Fighter, la chanson qu’elle présentera à l’Eurovision le 7 mai, la salle de danse du Rocklab accueillait une tout autre performance. Face au rappeur Corbi, une douzaine de jeunes âgés de 13 à 15 ans sont en pleine répétition du morceau qu’ils devront présenter dans le cadre du Hip Hop Marathon. Ce projet interdisciplinaire revient pour la 13e année et permet à des classes de lycéens de s’essayer au hip-hop. Que ce soit sur la scène des Rotondes, à l’origine du projet, avec du rap, de la danse et du beatmaking ou sur les murs, à travers le graffiti, toutes les disciplines sont représentées.

Cette année, ce sont 160 jeunes issus de 13 classes originaires de tout le pays qui se lancent dans l’aventure. Chez les 6e P1 de Josy-Barthel, à Mamer, c’est le rap qui a été choisi. «Ils sont issus de deux classes», précise leur institutrice Malou Cloos. Deux groupes se sont formés, l’un a choisi la danse, l’autre le rap.» Depuis plusieurs mois, ils travaillent sous forme d’ateliers pour préparer la future représentation qui aura pour thème Light & Shadow. Un brainstorming a d’abord permis de trouver un nom pour le groupe, Black and White Family, ainsi que son logo. «Ils vont l’imprimer sur des t-shirts.» Place ensuite aux choses sérieuses : l’écriture du morceau. «J’ai revu avec eux les origines du rap quand c’était le seul moyen de s’exprimer. On voulait garder le côté critique de la société.»

«Une classe multiculturelle»

En partant du thème, les élèves ont déroulé toutes les idées qui leur passaient par la tête et ce sont ensuite leurs enseignantes qui les ont aidés à écrire les paroles avec Corbi. «On les a laissé chanter dans la langue qu’ils préféraient. C’est une classe multiculturelle, on a donc du luxembourgeois, du français, de l’allemand et de l’anglais.» En parallèle, ils ont choisi le beat sur lequel ils voulaient rapper parmi une sélection créée lors d’un atelier en novembre (lire encadré). Ce vendredi matin, c’est une nouvelle étape qui s’ouvrait pour la Black and White Family. Invités à la Rockhal, les jeunes ont découvert les installations du Rocklab. «C’est important pour nous de les recevoir, note Monique Hoffmann, coordinatrice des projets jeune public. Nous sommes là pour soutenir la scène locale et accompagner des artistes.» Dans ce cadre beaucoup plus professionnel, et un poil plus intimidant, les premières vraies répétitions ont pu commencer.

Un spectacle prévu le 23 mai

Le petit groupe lance ses premières lyrics. Micro en main, le flow est encore un peu hésitant durant les solos. «Ce sont tous des débutants, rappelle Malou Cloos. Aucun d’entre eux n’a jamais chanté.» Malgré les difficultés et le stress, tout le monde persévère, peu importe les hésitations ou les ratés. «J’avais vraiment peur au début qu’ils lâchent les répétitions en cours de route, reconnaît leur enseignante. Mais c’est un groupe dynamique avec un bon comportement.» Tous sont effectivement motivés à l’idée de créer quelque chose ensemble, surtout dans une discipline qui leur parle. Reste encore à se détendre et à surmonter la peur de devoir bientôt se produire devant plusieurs centaines de personnes, notamment lors de la grande représentation publique le 23 mai aux Rotondes (des séances scolaires seront organisées par la suite à la Rockhal et au Centre des arts pluriels d’Ettelbruck).

«S’entrainer, s’entraîner, s’entraîner»

Pourtant, le stress n’envahit pas tous les participants. Jasen, 15 ans, attend le spectacle de pied ferme. «Je voulais être sur scène au moins une fois», raconte-t-il. Même son de cloche chez Manuel, 14 ans. «Depuis toujours, j’ai envie de chanter devant tout le monde.» Fans de sons américains et français, «mais pas allemands», les deux apprentis rappeurs doivent encore apprivoiser le micro. «C’est pas trop compliqué, on prend l’habitude.» Alors que la répétition suit son cours, les attitudes et les voix deviennent plus assurées. Certains commencent même à bouger sur le rythme du beat. La marge de progression est encore, évidemment, importante, mais les ateliers ne sont pas finis et tout le monde peut compter sur l’expertise de Corbi. «Cela fait douze ans que je fais ça», explique l’artiste, habitué à gérer les adolescents. Après, ça dépend des groupes mais là, ils sont tous gentils et puis j’ai aussi deux enfants.» Pour le professionnel, il n’y a pas de secrets pour réussir.  «Il faut s’entraîner, s’entraîner, s’entraîner.»

À la fin de la session, tous repartent avec un peu plus d’assurance, et pas seulement dans leur flow. Au-delà du frisson de la scène, le Hip Hop Marathon a aussi pour objectif de doper leur confiance en soi en les laissant s’exprimer. «Ce sont des élèves en voie de préparation», indique Malou Cloos. Ils ont connu des échecs dans leur parcours scolaire, il faut leur prouver qu’ils peuvent réussir.» Et montrer que chaque expérience, bonne ou mauvaise, peut les aider à avancer.

Des jeunes sur tous les fronts

Dans le Hip Hop Marathon, tout part des jeunes. Si chaque classe a écrit ses propres paroles, les musiques sur lesquelles rappent les élèves proviennent quant à elles d’un atelier de beatmaking, organisé par la Rockhal en novembre dernier. «C’est la troisième édition que nous accompagnons, confie Monique Hoffmann, coordinatrice des projets jeune public pour la salle eschoise. Nous avons voulu faire évoluer le projet avec cette activité.» Ouvert au grand public, cet atelier encadré par Sacha Hanlet, a permis à de nombreux adolescents de s’essayer à la composition et apporter leur petite touche. «Nous voulions ajouter le beatmaking aux disciplines déjà présentes au Hip Hop Marathon.»

Les lycéens participent également à la communication autour de l’évènement en s’emparant de temps en temps du compte TikTok. Une manière de dévoiler au public les coulisses et l’avancée des répétitions tout en les impliquant encore un peu plus dans le projet.

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