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Jean-Claude Juncker : «Si nous laissons la Catalogne se séparer, d’autres le feront»


(Photo : Editpress/Herve Montaigu)

Shaping the Europe of the future» (Dessiner l’Europe du futur). Il s’agit du nom de la conférence qui s’est tenue vendredi à la Maison du savoir, à Belval.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, était présent et, devant un parterre d’étudiants, il a abordé les sujets brûlants de l’actualité internationale qui touchent le continent. Jean-Claude Juncker a plaidé vendredi pour que l’UE « renoue » avec « la grande Russie », pays avec lequel les relations se sont notoirement refroidies après les lourdes sanctions imposées par les Européens en réponse à la crise ukrainienne.

« Pense-t-on vraiment qu’on peut penser l’avenir de l’Europe sans avoir à l’œil la grande Russie? », a lancé Jean-Claude Juncker lors d’un discours devant des étudiants à l’université du Luxembourg. La Russie est « notre première grande voisine, avec laquelle d’une certaine façon –  et en n’oubliant pas les conflits qui existent  – nous devons absolument renouer!», a-t-il ajouté.

Sur les 44 pays que compte le continent européen, 27 sont nés après la chute du Mur de Berlin, a-t-il fait valoir, « avec tous les conflits non encore maîtrisés, certains encore gelés, que cela a entraîné », en référence à la crise ukrainienne, mais aussi aux tensions concernant des territoires séparatistes soutenus par Moscou en Moldavie ou Géorgie. Les relations entre Bruxelles et Moscou se sont fortement dégradées après l’annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014. Lorsque des séparatistes prorusses ont lancé une offensive dans l’est de l’Ukraine, l’UE a accusé Moscou de les soutenir en sous-main, ce que le Kremlin dément, et riposté par de lourdes sanctions économiques touchant notamment les banques et les entreprises pétrolières et de défense russes. Les désaccords se sont encore aggravés après l’intervention de l’armée russe en soutien du régime de Bachar al-Assad en Syrie.

Mais les Européens « ne sont pas maîtres du monde », a plaidé Juncker en faisant valoir que l’UE allait connaître un déclin démographique et économique dans les années à venir. « D’ici quelques années », l’UE comptera pour 15  % de la richesse mondiale produite, contre environ un quart actuellement, et « aucun pays européen n’aura plus de 1  % de la population mondiale et ne sera plus membre du G7 d’ici 25 ans », a-t-il averti. « On voit aisément que la seule issue, la seule sortie qui peut exister pour l’Europe, c’est l’intégration européenne », a encore plaidé Jean-Claude Juncker.

Les Britanniques «doivent payer»

Sur le Brexit, Jean-Claude Juncker a affirmé que les Britanniques devaient « payer » leurs engagements financiers dans l’UE avant que ne débutent des discussions sur la relation post-Brexit entre Bruxelles et Londres. « Jour après jour, ils découvrent des problèmes. C’est pourquoi ce processus prendra plus de temps que prévu », a-t-il déclaré.

« Si vous êtes assis dans un bar et que vous commandez 28  bières et que, soudain, l’un de vos collègues s’en va, ça ne va pas, ce n’est pas faisable. Ils doivent payer », a expliqué le président de la Commission. « Je ne suis pas dans un état d’esprit revanchard, je ne m’en prends pas aux Britanniques.

Les Européens doivent être reconnaissants envers tout ce que le Royaume-Uni a apporté à l’Europe, pendant la guerre, après la guerre, avant la guerre », a-t-il poursuivi. « Mais maintenant, ils doivent payer. »

Jean-Claude Juncker a ensuite abordé le sujet de la Catalogne. Il a dit qu’il ne souhaitait pas que la Catalogne devienne indépendante, craignant un effet domino en Europe. « Si nous laissons la Catalogne se séparer – mais ce n’est pas notre affaire  –, d’autres le feront. Je ne souhaite pas cela », a-t-il martelé dans son discours.

Il s’est dit « très inquiet » face aux menaces séparatistes en Europe. « Je ne veux pas d’une Union européenne qui comprendrait 98  États dans 15  ans. C’est déjà relativement difficile à 28, pas plus facile à 27, mais à 98, ça me semble impossible », a ajouté Juncker, appelant à « la responsabilité de tous les acteurs ».

Prenant acte du référendum d’autodétermination interdit et contesté du 1 er octobre, que les séparatistes disent avoir largement remporté, le président catalan Carles Puigdemont a semblé déclarer unilatéralement l’indépendance de la Catalogne mardi soir. Mais il a aussitôt suspendu cette déclaration pour demander un dialogue avec Madrid. Les demandes répétées d’une médiation, notamment internationale, de Carles Puigdemont, sont systématiquement rejetées à la fois par Madrid et par les dirigeants européens.

« Nous recevons des appels solennels dans le monde entier  : « Juncker doit agir comme médiateur ». Il ne le fera pas », a expliqué Jean-Claude Juncker vendredi, parlant de lui-même à la troisième personne. « Si la Commission ou le président Tusk, du Conseil européen, le fait (…) alors qu’une seule partie demande une médiation, cela conduira à des distorsions considérables dans l’Union européenne et c’est pourquoi nous n’avons pas le droit de faire ça », a-t-il poursuivi, appelant à ne pas « sous-estimer les conflits frontaliers en Europe centrale et orientale ».

Le Quotidien

Un commentaire

  1. no pasaran, no pasaran,

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