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[Gardiens de la nature] Biogros, au service de l’agriculture bio luxembourgoise


Sandra Delattre et Marco Meutes soulignent la vision globale portée par Biogros et tout le groupe Oikopolis, qui englobe toute la filière bio, du producteur au consommateur. (Photos : erwan nonet)

Le grossiste Biogros, membre du groupe Oikopolis, est un acteur majeur du marché des produits bios luxembourgeois et l’un des plus importants soutiens des fermiers membres de la coopérative BioG.

Cartes d’identités

Nom : Sandra Delattre
Âge : 47 ans
Poste : responsable marketing et communication de Biogros
Profil : Sandra Delattre a rejoint Biogros en 2021 et elle est en charge depuis l’année dernière de la communication au sein du groupe Oikopolis.

Nom : Marco Meutes
Âge : 47 ans
Poste : membre de la direction de Biogros
Profil : apprenti brasseur chez Bitburger, il a rejoint en 2006 le producteur de jus de pomme luxembourgeois Bio Äppelhaus, membre de la coopérative BioG. De là, il a pris des responsabilités au sein de Biogros.

C’est depuis l’Oikopolis de Munsbach que se pilote une bonne partie du secteur bio luxembourgeois. On y retrouve le siège de la coopérative agricole BioG (avec sa propre laiterie BioG-Molkerei et deux fromageries fermières), dont le groupe Oikopolis est issu, celui des magasins Naturata Bio-Marché et, enfin, la base opérationnelle du grossiste Biogros.

«Biogros fait partie des racines de BioG, explique Sandra Delattre, responsable de la communication de cette galaxie verte. La société a été créée dès 1992 pour devenir la structure commerciale chargée de la distribution des récoltes des agriculteurs bios luxembourgeois.»

Tout a été construit par et pour les agriculteurs

Voilà pour le commerce de gros, celui de détail étant dévolu à une autre entité : la bien connue Naturata, dont la première adresse du Rollingergrund a été ouverte en 1989. Elle compte aujourd’hui 10 bios-marchés, dont 2 situés chez des agriculteurs, ainsi que 2 magasins dédiés à la cosmétique naturelle (Beauty & Culture), répartis dans tout le pays. «Grâce à cet écosystème, nous couvrons tous les niveaux de la chaîne de valeur, de la production sur les champs, la distribution, à la vente aux clients, précise-t-elle. Une de nos forces est cette continuité de l’offre et de la qualité.»

Cette structure originale particulièrement maligne est née de la conviction de son fondateur, Aender Schank, dont le frère Jos a été le premier agriculteur bio du Grand-Duché. «À la base, tout a été construit par et pour les agriculteurs, affirme Marco Meutes, membre de la direction de Biogros. Ils savent que nous continuerons d’acheter leurs produits, que nous leur faisons confiance et qu’ils peuvent toujours compter sur nous.»

Les meilleurs produits possibles

La raison d’être du groupe Oikopolis, et donc aussi de Biogros, est de soutenir l’agriculture bio luxembourgeoise en assurant sa commercialisation et en rétribuant au juste prix tous ceux qui interviennent dans la filière. Ce faisant, elle met sur le marché des produits de haute qualité, issus d’une trentaine de fermes. Un chiffre qui s’est stabilisé depuis plusieurs années, à défaut de croître.

Observateur attentif du marché, Biogros se félicite que, globalement, le bio soit en hausse. Le problème vient du fait que cette croissance est très majoritairement portée par le bio low cost, qui tire les prix vers le bas. «Que les consommateurs achètent davantage de bio est évidemment une très bonne chose, mais ce que l’on trouve dans le bio d’entrée de gamme ne suit pas forcément notre philosophie. Nos agriculteurs vont au-delà des critères minimaux légaux du EU Bio Label européen. Leur but n’est pas de produire en masse, mais de produire meilleur. Nous devons faire comprendre aux consommateurs que tout ce qui est étiqueté bio ne se ressemble pas, en ce qui concerne la qualité, et qu’acheter le fruit du travail des fermiers luxembourgeois, même s’il est un peu plus cher, ça en vaut la peine. Nous ne pourrons pas nous aligner sur les prix des grands producteurs bios, nous ne travaillons pas à la même échelle et nous, nos critères de production sont bien supérieurs. Même s’ils proviennent du Luxembourg et que les coûts de transport sont réduits, nos produits seront souvent plus chers.»

La charte BIOG est effectivement très claire. L’objectif principal est la transformation et la commercialisation des denrées alimentaires bios produites par les agriculteurs membres de la coopérative BioG, vendus sous le même nom (BIOG). La qualité joue un rôle crucial. Par exemple, les produits certifiés Demeter ou Bio-Lëtzebuerg (dont les critères sont plus stricts que le Bio Label européen représenté par une feuille verte) auront la préférence.

Si le défi est réel, surtout en ces temps où l’inflation se superpose à de multiples crises, Biogros reste confiant. «Le bio va encore progresser, pronostique Sandra Delattre. Il permet de mieux faire face au changement climatique et de trouver les bonnes solutions pour s’adapter. Les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à s’en rendre compte et les clients aussi.»

C’est un fait avéré, la filière constate de nettes hausses de ses ventes lors des scandales alimentaires comme celui de la vache folle (ESB) ou des crises sanitaires à l’image de celle que nous venons de passer. L’idéal serait maintenant de voir progresser significativement le bio, sans avoir besoin de subir ce type de chocs émotionnels. La santé des consommateurs y gagnerait, celle des exploitations agricoles vertueuses aussi et, au final, l’environnement tout entier.

L’export pourrait-il être une option ?

Commercialiser des produits bios «made in Luxembourg» hors des frontières serait une excellente nouvelle. Cela impliquerait de pouvoir augmenter la production et donc inciter davantage d’agriculteurs à se convertir. L’idée est belle, mais sa concrétisation compromise, puisque le coût de la production — qui comprend les salaires luxembourgeois»— les placeraient à des niveaux de prix supérieurs.

«Nous avons beaucoup pensé à l’export, mais nous avons abandonné l’idée, relève Marco Meutes. Non seulement il serait très compliqué d’offrir des produits concurrentiels, mais les clients préfèrent souvent acheter des produits bios en circuit court. Et comme en plus, les nôtres seront plus chers…»

Le marché luxembourgeois reste toujours le marché principal.

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