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Congé parental : trois mois de plus qui feraient la différence


Cet allongement du congé parental doit pouvoir bénéficier aussi bien à la maman qu'au papa et permettre un meilleur équilibre entre vie privée et professionnelle. (Photo Pixabay)

Mère de 3 enfants, Michèle Senninger estime trop courte la durée actuelle du congé parental. Elle a donc lancé une pétition sur le site de la Chambre des députés qui a rapidement connu le succès.

C’est une pétition qui n’est pas passée inaperçue. Déposée le 11 mai dernier par Michèle Senninger et ouverte aux signatures neuf jours plus tard, celle-ci proposait l’allongement du congé parental de 6 à 9 mois. Ajouté au congé maternité de trois mois, cela permettrait aux parents de s’occuper de leur enfant durant toute sa première année.

Très vite, bien avant les 42 jours prévus, elle a récolté les 4 500 signatures nécessaires à l’ouverture d’un débat public. «J’étais très étonnée, je ne savais pas ce que ça allait donner. Mais j’ai reçu beaucoup de messages disant : c’est exactement ce qu’il nous faut», raconte la maman de 33 ans. En fin de course, la pétition a même atteint les 5 098 signatures.

Un congé trop court pour l’allaitement

«J’ai trois enfants, deux filles de 1 et 5 ans ainsi qu’un garçon de 3 ans. J’ai donc déjà profité du congé parental 3 fois.» Lors du premier, elle a rapidement compris que les 6 mois octroyés ne seraient pas suffisants pour s’occuper de sa fille comme elle le souhaitait. «Je ne savais pas trop comment cela aller se passer. J’avais décidé de l’allaiter et l’OMS recommande un allaitement de 24 mois, le congé était trop juste.» Si, en reprenant le travail, elle avait droit à des plages horaires pour tirer son lait, la situation était loin d’être idéale.

D’autant qu’à cet âge, aux alentours de 9 mois, les enfants consomment encore peu de nourriture solide, le lait maternel restant la base de leur alimentation. «Dans les mois qui suivent, les changements sont énormes, ce ne sont plus des nourrissons.»

« J’ai vraiment vu la différence »

À la naissance de son deuxième enfant, la crise sanitaire lui a permis de rester chez elle, à Remich, tout en s’occupant de lui. Une situation bien plus confortable qu’elle a voulu réitérer avec sa dernière fille. Professeur de lycée, elle a alors pu bénéficier d’un congé sans solde de 6 mois. «J’ai vraiment vu la différence pour ma santé mentale et le développement de l’enfant. Mais tout le monde ne peut pas se le permettre.»

L’allongement de 3 mois du congé parental pourrait d’ailleurs aider certains parents financièrement. «On a le droit à 20 heures de crèche gratuites par semaine, mais seulement au bout d’un an.» La proposition de Michèle Senninger permettrait donc d’harmoniser cette prise en charge avec les besoins des familles. Car la pétitionnaire n’est absolument pas opposée aux structures d’accueil, bien au contraire. «Mes trois enfants sont aujourd’hui en crèche. C’est important pour le développement langagier et la sociabilité.»

«Chaque famille doit trouver sa voie»

Ce congé parental, comme l’actuel, ne serait pas réservé aux mamans. Michèle Senninger pense que ce temps supplémentaire pourrait être tout aussi bénéfique aux papas. «Il est très important qu’ils prennent leurs responsabilités familiales, cela renforce les liens. Il faut qu’ils s’engagent dans les tâches ménagères. En Suède, il y a deux mois de congé exclusivement réservés aux papas.» Un congé plus long permettrait aux deux parents de concilier plus facilement vie privée et professionnelle. «Beaucoup de femmes doivent encore arrêter de travailler pour s’occuper de leur enfant. Mais après deux ans, c’est très difficile de reprendre.»

Consciente que tous les parents ont des besoins différents, Michèle Senninger espère que ce débat leur permettra de disposer de plus de possibilités. «Chaque famille doit trouver sa voie. Certains parents travaillent plus tard, d’autres plus tôt. Pour ma part, le modèle idéal serait le temps partiel.»

Une longue préparation

Ce premier succès obtenu, Michèle Senninger se prépare déjà à l’étape suivante : le débat public à la Chambre. «J’ai regardé d’autres débats publics et je me suis renseignée sur le congé parental dans d’autres pays. J’avais même commencé avant de lancer la pétition pour pouvoir faire face aux commentaires.» Il ne reste plus qu’à attendre un retour du législateur. Avec les congés d’été, celui-ci ne devrait pas arriver avant la rentrée.

De grandes disparités en Europe

La durée du congé parental est loin d’être harmonisée en Europe et de grandes disparités existent entre des pays pourtant voisins. Selon les statistiques de l’OCDE, les Polonais bénéficient ainsi du plus long congé avec 183 semaines. Un record laissant les autres pays loin derrière puisque la Lituanie et l’Allemagne, en deuxième place, en proposent 148. Arrivent ensuite la France et l’Estonie avec 146 semaines, puis la Finlande avec 143.

Avec ses 26 semaines, le Luxembourg se situe plutôt en bas du classement sans être le plus mauvais élève du Vieux Continent pour autant. L’Italie, l’Irlande et les Pays-Bas proposent la même durée tandis que le Portugal (24 semaines) et le Royaume-Uni (18) sont un peu moins généreux. Belgique et Grèce sont en queue de peloton, mais proposent tout de même 17 semaines, là où la Suisse n’en propose aucune.

 

Un commentaire

  1. contribuable sans gosses

    moi j’ai tj travaillé, sans congés maternité… et je paye les votres !

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