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Braquages de stations-services : la défense reproche au parquet de se baser sur des hypothèses


Le parquet n’aurait pas assez d’éléments matériels objectifs à sa disposition pour prouver à l’exclusion de tout doute la participation des prévenus aux faits qui leur sont reprochés. (photo archives LQ)

Des peines de 8 à 16 ans de prison ont été requises mardi contre les quatre prévenus dans l’affaire des braquages de stations-services et d’une supérette entre fin 2020 et début 2021.

Même mode opératoire, même arme, même sac à dos, mêmes vêtements, mêmes gabarits, temps d’action très courts en soirée ou en début de soirée… Autant d’éléments qui, mis bout à bout, ont convaincu le parquet que les quatre prévenus étaient les auteurs des braquages de six stations-services et d’une supérette entre le 30 novembre 2020 et le 13 février 2021. Deux d’entre eux, Mark et Éric, ont été arrêtés en flagrant délit après un dernier braquage à Mersch. L’arrestation a mis fin à la série.

De même qu’aux discussions téléphoniques entre les différents protagonistes qui, comme l’a prouvé l’enquête, s’appelaient de manière intensive avant et après les différents faits. Leurs téléphones étaient éteints pendant les braquages, a noté la représentante du parquet mardi, alors qu’elle détaillait la téléphonie du quatuor au début de son réquisitoire. «Cassi a effacé toutes les données de son téléphone après l’arrestation et a changé de numéro», indique-t-elle. Anjaly a, elle aussi, effacé ses conversations, mais pas une carte du Rollingergrund où une station-service a été braquée. Éric conservait également des photographies des alentours de la supérette. Les vêtements que les auteurs portaient au moment des faits les confondent également, selon la magistrate. Certains ont été retrouvés lors de perquisitions chez les prévenus.

À tous ces éléments s’ajoutent leurs déclarations au cours de l’enquête. Des indices leur auraient échappé malgré le grand soin pris pour ne pas incriminer leurs coprévenus. Ils ont permis à la parquetière de conclure qu’Éric a participé à tous les faits. «C’était le grand qui tenait l’arme.» Mark «était le plus petit qui ramassait l’argent». Il est, selon elle, l’auteur de cinq faits et a prêté une aide sans laquelle les crimes n’auraient pas pu être commis. Idem pour Cassi, qui faisait le guet dans au moins deux faits, et Anjaly, que la parquetière a qualifiée de «très intelligente». L’ancienne petite amie de Mark aurait conduit l’équipe à trois reprises et aurait détenu l’arme à feu (factice) pendant une semaine dans sa voiture.

Le parquet a retenu l’association de malfaiteurs contre les quatre prévenus ainsi que l’extorsion et le vol avec circonstances aggravantes, de même que le blanchiment et la détention du produit des braquages. «Ils connaissaient le projet criminel et ont décidé d’y participer», estime-t-elle. Elle a demandé leur acquittement du chef d’inculpation d’organisation criminelle avant de requérir des peines de 16 ans de prison contre Éric, de 14 ans contre Mark, de 12 ans contre Cassi et de 8 ans contre Anjaly. Elle ne s’est pas opposée à un sursis, «à l’exception de Cassi, pour lequel toute mesure de sursis est exclue».

«L’erreur de sa vie»

Me Knaff a regretté la lâcheté des prévenus, qui ont «tout laissé reposer sur les épaules» de son client, Mark, qui a été le seul à avouer sa participation aux braquages. Des faits commis rapidement avec «le moins de violence possible». «Rien dans ce dossier ne le relie aux deux braquages à Pétange», affirme l’avocat. «Je ne pense pas qu’il se trouvait sur place ou qu’il aurait fourni une aide telle que ces braquages n’auraient pu être commis sans lui.» Le parquet se baserait, selon l’avocat, sur des «hypothèses qui ne sont pas établies par le dossier». Il plaide l’acquittement de Mark pour ces deux faits.

Sans revenus pendant la pandémie, il se serait laissé convaincre de participer aux braquages. «L’erreur de sa vie», explique l’avocat. «Cela s’est trop bien passé» et il a continué. Me Knaff conteste les circonstances aggravantes. «Les mots ont un sens. Le législateur de l’époque, en parlant de maison habitée, voulait protéger le foyer, pas un lieu ouvert au public (…) illuminé et sous vidéosurveillance» comme une station-service. «C’est une dénaturation du sens littéral de la loi.» De plus, le pistolet factice était «inoffensif» et «les conditions d’existence de l’infraction d’association de malfaiteurs ne sont pas données». Il n’y aurait ni hiérarchie, ni instructions données avant les faits, ni rôles préétablis.

Le ministère public n’a rapporté aucune preuve matérielle objective permettant d’établir à l’exclusion de tout doute la participation de Cassi aux faits, avance son avocate, Me Sadler, qui, comme son confrère, regrette qu’il ne se base que sur des suppositions. Comme les appels téléphoniques entre les amis, les vêtements portés par les braqueurs, dont aucun n’a été retrouvé au domicile de Cassi, ou les déclarations d’Anjaly qui incriminent son client. «On ne peut retenir les déclarations d’une co-inculpée qui ne sont pas crédibles», tente-t-elle. «Elle veut protéger les autres et pointe du doigt Cassi pour faire semblant de coopérer.» L’avocate regrette que l’enquête n’ait pas exploité plus de pistes. Elle demande au tribunal d’acquitter Cassi de l’intégralité des faits qui lui sont reprochés. «Le dossier est truffé d’incertitudes.»

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