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Braquages de stations-services : «Le plus grand tenait l’arme»


«Il a pointé l’arme à feu contre mon front et m’a hurlé de baisser les yeux. J’ai eu l’impression qu’il s’agissait du même auteur qu’un mois plus tôt», se souvient une des caissières. (photo Julien Garroy)

Quatre prévenus, sept braquages et une quinzaine de témoins qui rapportent tous le même modus operandi, sauf en ce qui concerne les deux faits de Pétange, commis par un seul homme.

«J’étais en caisse principale avec ma collègue Angélique quand deux hommes sont entrés dans la station-service. Le plus grand a braqué une arme sur la caisse et le deuxième est passé derrière les caisses et nous a demandé de les ouvrir. Ça a été très rapide», se souvient Cynthia, qui travaillait à la station-service Total de Rumelange le 21 décembre 2020. «C’était une demi-heure avant la fermeture. J’avais clôturé ma caisse», précise sa collègue, qui confirme son témoignage. «En partant, ils nous ont demandé d’attendre cinq minutes avant de prévenir la police.»

«Le plus grand, celui qui tenait l’arme, m’a répété « Donne-tout ! Donne-tout ! »», indique Alessia, de la station-service Aral à Rollingergrund, avant de réclamer 5 000 euros de dommages et intérêts. «On a des formations au hold-up. On y est préparé.» Un autre employé précise avoir pour consigne de remettre l’argent sans opposer de résistance aux braqueurs. Une quinzaine de témoins, principalement des clients et des employés des stations-services braquées, se sont succédé à la barre de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg mercredi après-midi. L’un après l’autre, ils ont indiqué invariablement avoir été braqués par deux hommes à la peau foncée, vêtus de noir, masqués et gantés. Un très grand et un plus petit. Le grand pointait l’arme et le petit vidait les caisses.

«Il a pointé l’arme à feu contre mon front»

Sauf lors des deux braquages de la station-service Aral à Pétange. Les trois employées présentes se souviennent d’un homme seul. «Le 10 janvier 2021, il y avait pas mal de clients, comme tous les dimanches. Un homme m’a tendu une boisson, je l’ai scannée. Il m’a demandé de lui donner l’argent de la caisse en me montrant son arme. J’ai cru que c’était une blague parce qu’il arrive qu’on nous en fasse. C’était avant que je réalise ce qui était réellement en train de se passer», rapporte Daisy, qui a vécu les deux braquages. Le 6 février 2021, elle était seule avec sa collègue dans la station-service quand un individu a fait irruption en courant et a sauté derrière le comptoir où se trouvent les caisses. «Il a pointé l’arme à feu contre mon front et m’a hurlé de baisser les yeux. J’ai eu l’impression qu’il s’agissait du même auteur qu’un mois plus tôt et qu’il avait compris que je l’avais reconnu.»

Ces deux collègues et une cliente appuient son récit. «Je l’ai vu sortir son arme. Il était clair que c’était un braquage. J’étais tétanisée», témoigne la cliente. «Il était à la caisse à droite de moi. Il était grand, mince, de type maghrébin et j’ai l’impression qu’il boitait.» Comme Daisy avant elle, la jeune femme affirme que le braqueur avait la peau claire. Me Veneau, l’avocat d’Éric, leur demande si elles pensent qu’il peut s’agir de l’un des trois prévenus. «Non», répondent-elles après les avoir observés timidement.

Elle a agi «par amour»

Trois jeunes hommes d’origine cap-verdienne et l’ancienne petite amie de l’un d’entre eux sont accusés d’avoir commis une série de braquages – six stations-services et une supérette – entre le 30 novembre 2020 et le 13 février 2021. La jeune femme aurait servi de chauffeur au moins trois fois pendant que les trois autres prévenus auraient commis les faits jusqu’à ce que Mark et Éric soient arrêtés en flagrant délit à Mersch. Ils visaient le contenu de la caisse et prenaient des bouteilles d’alcool ainsi que des cigarettes.

Mark est en aveux sur cinq des sept faits. Il conteste avoir participé aux deux braquages de la station Aral de Pétange. Anjaly «conteste avoir su qu’ils avaient l’intention de commettre un crime» quand elle leur a servi de chauffeur. Elle aurait «agi par amour». «J’utilisais mon téléphone en les attendant. Eux avaient éteint les leurs alors qu’ils commettaient un crime», tente de se défendre la jeune femme alors que le président de la 12e chambre criminelle leur donne une énième chance de modifier leurs versions des faits. Et de dire qui était le troisième homme présent lors de certains braquages.

Les deux autres s’en sont également tenus aux versions données la veille en début de procès. Éric reconnaît uniquement avoir participé au braquage de Mersch. Le dernier de la série. Il a été arrêté en flagrant délit avec Mark, dont le survêtement de sport et les chaussures le relient aux autres faits. Et donc le seul qui puisse lui être imputé avec certitude. Cassi rejette en bloc toutes les accusations.

Ce jeudi matin, le tribunal entendra les témoins cités par la défense ainsi que Mark.

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