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Suzanne Cotter, directrice du Mudam : « J’aime être au cœur de l’action »


"Travailler dans un musée, c'est avoir cette chance de créer quelque chose qui n'existait pas avant", souligne Suzanne Cotter. (photo DR)

Australienne âgée de 56 ans, elle a été choisie parmi 40 autres candidats. Contrairement au départ d’Enrico Lunghi, son arrivée au Mudam s’est faite sans bruit. Venant tout droit de Porto où son travail a été apprécié, Suzanne Cotter débarque au Grand-Duché consciente de l’ampleur de la tâche qui l’attend. Mais elle semble avoir de l’énergie à revendre.

Depuis le 6 octobre, vous êtes la nouvelle directrice du Mudam. Dans quel état d’esprit abordez-vous ce nouveau challenge ?

Suzanne Cotter : Je suis chargée d’énergie et d’excitation pour ce nouveau projet ! Les possibilités, au Mudam, sont importantes : on a un musée à l’architecture magnifique, situé au cœur de l’Europe dans une ville cosmopolite. Il a des atouts, c’est certain, et tout un potentiel à développer. Normal, c’est encore un jeune établissement. Bref, être ici me plaît beaucoup. Je dois surtout, aujourd’hui, apprendre à tempérer mon impatience (elle rit).

Comment s’est passé, ces cinq derniers mois, votre départ du musée d’Art contemporain de la Fondation Serralves, à Porto, que vous dirigiez depuis 2013 ?

C’était long ! J’ai accepté fin juillet-début août l’offre du Luxembourg. Tout était une question d’équilibre entre un lieu que je quittais et un autre que je découvrais. Et quand on passe cinq années à un endroit, à construire quelque chose, oui, c’est délicat de s’en séparer, et en même temps, il convient – c’est essentiel – de soigner ce départ.

Est-ce toujours un crève-cœur ?

Disons que c’est toujours difficile d’aborder une séparation. Surtout qu’avec du recul on se rend compte de l’investissement : de ce qu’on a mis de soi dans la programmation, des relations développées avec son équipe, la ville, le public… Mais lors de mon départ de New York, j’avais un état d’esprit identique. Avec mon expérience, j’accepte dès lors plus facilement ces transitions. Il faut les assumer. Il faut savourer ces expériences… Et maintenant que le musée m’a trouvé un successeur (João Ribas), je me sens totalement libérée. Voilà trois semaines que je suis ici, au Grand-Duché. À chaque jour suffit sa peine !

Quel est votre avis sur le Mudam et sa programmation artistique ?

J’ai suivi ça de loin, et par le passé, il y a eu de très beaux projets. Cette année, la programmation est forte – rappelons qu’elle a été mise sur pied en partie sans directeur. Selon moi, il faudrait juste mieux l’encadrer, et mieux justifier ces choix. Le public a besoin de comprendre d’où cela vient. Il ne suffit pas de dire : « On a ce magnifique bâtiment de Pei, et voilà ce qu’on y présente »… Non, il faut une ligne directrice plus claire, à suivre, et penser à s’appuyer aussi sur la collection. Le tout dans une présentation qui attire les gens, qui suscite leur curiosité… Ce sera bien sûr à développer, mais je veux que ça devienne une évidence !

Travailler dans l’art, quel qu’il soit d’ailleurs, cela a-t-il toujours été un souhait chez vous ?

Oui, même si au début je ne savais pas trop quoi faire… Théâtre, danse, littérature, art, tout me plaisait! Par la suite, j’ai appris à me connaître, et su, assez vite d’ailleurs, que malgré mes longues études, je fuyais à tout prix le côté scolaire, l’académisme du milieu… Moi, j’aime être au cœur de l’action, à la fois voir et participer à la réalisation des idées. Travailler dans un musée, c’est avoir cette chance de créer quelque chose qui n’existait pas avant.

Entretien avec Grégory Cimatti

A lire en intégralité dans Le Quotidien papier du lundi 12 mars

 

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