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Serge Tonnar milite pour un autre Luxembourg


«Xavier (Bettel), qu'est-ce que tu nous proposes comme projet de société ?» C'est la question que Serge Tonnar aimerait poser au Premier ministre. (photo archives Editpress/Julien Garroy)

Serge Tonnar, artiste engagé, et son épouse Sabine ont présenté une pétition aux allures de texte fondamental pour un changement radical de la société. Elle n’a pas atteint les 4 500 signatures.

La pétition 1584 n’a pas su glaner suffisamment de signatures pour déclencher un débat à la Chambre. Surprenant car ses auteurs, Serge Tonnar et son épouse Sabine, sont non seulement des personnages connus sur la scène culturelle luxembourgeoise mais encore le but de la pétition aurait pu séduire dans le sillage du confinement qui a montré un autre visage du pays.

Les signataires souhaitaient que «la qualité de vie, la solidarité, la santé et la durabilité soient déclarées priorités incompressibles de l’action politique au Luxembourg» et donc appelaient à un changement en se déclarant prêts à adopter «un mode de vie responsable de manière à assurer une vie meilleure aujourd’hui et pour les générations futures». Ils présentaient dix principes aux acteurs politiques les enjoignant à les mettre en musique après une large consultation démocratique. Dix principes qui devaient figurer dans «un pacte entre l’État et la société civile».

D’une «éducation juste et humaine» où la performance et la compétitivité cèdent la place à l’éthique, à la créativité, au bien-être corporel et à l’apprentissage du respect de la nature, jusqu’à la solidarité internationale en passant par le droit au logement et la mobilité responsable, tout devait être repensé. La pétition a tout de même recueilli 1 843 signatures, ce qui pour ses auteurs est déjà encourageant. «Si nous sommes 2 000 devant la Chambre des députés à revendiquer ce changement, ça fait déjà du monde !», estime Serge Tonnar qui a compris rapidement que le seuil des 4 500 signatures ne serait pas atteint.

Le texte transmis au Premier ministre

Comme tout le monde, il a pu observer la solidarité qui s’est organisée pendant le confinement. «Il y a eu une décélération totale du mode de vie, de l’hyperconsumérisme, l’arrêt total du trafic et le retour de la qualité de l’air…. Ce n’était pas des vacances mais à côté des effets négatifs de cette crise, on a vu que des choses étaient possibles qui étaient données pour impossibles. On a écrit ce texte assez général et c’est ça qui a freiné la motivation des gens. Ce n’est pas un texte qui contient un seul point mais on a évoqué tous les secteurs de la société, c’est un texte fondamental», explique l’artiste pétitionnaire.

Le couple ne proposait pas de mesures ni de solutions. «Nous ne sommes pas des politiciens, ce n’est pas un programme gouvernemental. C’est à la politique d’établir des mesures. Si on en avait proposé, nous aurions eu moins de signatures encore», estime Serge Tonnar. Bien sûr, on signe pour une mobilité responsable mais peu sont prêts à renoncer à l’utilisation de leur voiture.

Si la pétition a échoué à déclencher un débat à la Chambre des députés, il n’en demeure pas moins que la commission des pétitions a transmis le texte au Premier ministre pour une prise de position. «Je suis curieux de voir ce qu’il va en faire», confie Serge Tonnar.

Un sentiment d’impuissance

Pour lui, un des problèmes majeurs se situe dans le fait que les gens se sentent impuissants, même ceux qui croient en une meilleure qualité de vie. «Je suis impuissant seul à faire ce changement. Et c’est ce sentiment d’impuissance qui bloque», estime-t-il. Artiste engagé, il a conscience que son action «n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan». Il reste pourtant convaincu que le système peut changer. «Ce système n’a pas fonctionné en temps de crise et je pense qu’on n’est pas si impuissants que ça. Avec de la bonne volonté, ça peut aller très vite même je pense.»

Malheureusement, il constate que la volonté se dirige plutôt vers un retour à la normale. «C’est plutôt le retour à la folie et je crois que beaucoup de gens ne le veulent pas. Ils ne sont pas encore regroupés dans des mouvements. Il nous manque un mouvement transversal dans la société qui pourrait mettre la pression sur un tel sujet», observe celui qui a investi beaucoup d’énergie avec son épouse pour rédiger ce «texte fondamental». Il regrette de laisser aux générations futures un monde malade, mais rêve encore de faire du Luxembourg un petit laboratoire d’une société basée sur des valeurs humanistes.

S’il avait Xavier Bettel en face de lui, il lui poserait une question assez simple : «Xavier, qu’est-ce que tu nous proposes comme projet de société ?» Pour sa part, il estime avoir apporté «un petit caillou à l’édifice», au lieu «de rester là sans rien dire». Mais dès que possible, après un déconfinement total, il compte bien aller s’exprimer dans la rue. Sous forme d’un festival pour le changement. Pour l’instant, il attend la prise de position du Premier ministre.

Geneviève Montaigu

Un commentaire

  1. A la grande famille Tonnar ,vous avez une chaîne tv à votre disposition Kuk.lu ,faites de l’art et pas du people!

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