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Putscheid : un havre de paix pour les jeunes en détresse psychiatrique


Le centre thérapeutique de Putscheid a été installé dans une ancienne ferme entièrement réaménagée. Un cadre apaisant, propice à la guérison. (Photo Alain Rishard)

La détresse psychiatrique des adolescents n’est pas à prendre à la légère. Un centre thérapeutique, le premier du genre, a donc ouvert ses portes à Putscheid, pour proposer une prise en charge qui fait encore trop souvent défaut au Luxembourg.

C’est dans le cadre bucolique et apaisant de Putscheid, au milieu de la verdure, qu’a été installé le nouveau Centre Thérapeutique Putscheid (CTP). Dans un ancien corps de ferme entièrement réaménagé, cette unité qui vient compléter l’offre en psychiatrie juvénile proposée par la Rehaklinik d’Ettelbruck, prend en charge des jeunes de 12 à 18 ans présentant des troubles psychiatriques.

Ici, les enfants ont accès à un service d’hospitalisation ouvert. On leur offre suivi thérapeutique, ergothérapie, relaxation, sport-thérapie, thérapie familiale… Un hôpital de jour pour adolescents ainsi qu’une unité d’hospitalisation pour délinquants mineurs souffrant de troubles psychiatriques sont également prévus.

«Notre travail se base sur une compréhension systémique de la situation de chaque adolescent. Ainsi, nous incluons dans nos activités quotidiennes les personnes de référence et le milieu de vie habituel des jeunes», explique le Dr Thomas Karst, coordinateur médical de la filière psychiatrie juvénile de la Rehaklinik et responsable médical du nouveau centre thérapeutique. «En collaboration avec eux, nous préparons leur réinsertion dans les tâches de la vie adaptées à leur âge : famille ou foyer, école ou formation professionnelle, relations sociales…»

Le centre propose aux jeunes, entre autres, de l’ergothérapie. Photo : alain rischard

Danger pour eux-mêmes ou pour autrui

L’équipe multidisciplinaire, composée de plusieurs infirmiers psychiatriques, d’une aide-soignante, d’un ergothérapeute, de deux psychologues, d’une assistante sociale, d’un enseignant, d’un médecin généraliste et d’un médecin spécialisé en psychiatrie infantile et juvénile, s’appuie sur des méthodes pédagogiques et thérapeutiques spécialisées en traumatismes, et applique, entre autres, des approches thérapeutiques visant la régulation des émotions.

En effet, les jeunes admis dans le centre de Putscheid «représentent un danger pour eux-mêmes ou pour les autres», résume le Dr Thomas Karst. «Cela ne signifie pas qu’ils ont tenté de tuer quelqu’un ou de se suicider même s’ils peuvent effectivement avoir des idées suicidaires, nuance-t-il. Mais ils sont dans un processus, comme l’absentéisme scolaire, qui marque le début d’une évolution négative, laquelle pourrait alors se terminer par une tentative de suicide ou l’adoption de stratégies dysfonctionnelles, comme la prise de drogues, les automutilations, etc. Notre expérience montre que les jeunes qui représentent un danger pour eux-mêmes ou pour autrui ont souvent déjà été exposés à des situations très éprouvantes dans leur vie et ont du mal à réguler leurs émotions.»

«Au calme à Putscheid, les adolescents retrouvent une atmosphère chaleureuse et protégée qui les stabilise et favorise le développement d’une personnalité équilibrée», a commenté la ministre de la Santé, Paulette Lenert, venue visiter le centre hier.

La ministre de la Santé, Paulette Lenert, a visité hier le centre, en vue d’étoffer davantage l’offre de prise en charge psychiatrique des jeunes au Luxembourg. Photo : alain rischard

Jusqu’à seize adolescents

Actuellement, le centre peut prendre en charge huit adolescents, garçons et filles. Il pourra à terme accueillir jusqu’à 16 jeunes. Une capacité maximale qui devrait être atteinte dès la rentrée scolaire à venir. Les mineurs intégrés dans le centre proviennent de l’unité de l’Orangerie 3 de la Rehaklinik, pour une phase de stabilisation. Mais ils peuvent aussi être envoyés par le CHL, des psychologues en libéral, le système scolaire (notamment par le Cepas, le Centre psycho-social et d’accompagnement scolaires) ou d’autres professionnels travaillant auprès de la jeunesse.

Les séjours, qui nécessitent davantage que la résolution à court terme d’une crise psychique, peuvent s’étendre de quatre à douze mois. À titre exceptionnel, certains jeunes pourront même être suivis jusqu’à 18 mois.

Depuis que le Centre Thérapeutique Putscheid a ouvert ses portes en octobre 2020, «neuf traitements ont été réalisés avec succès», fait-on savoir. Le CTP est à ce jour le seul du genre dans le pays. «Je suis venue comprendre le site dans son écosystème», a indiqué la ministre Paulette Lenert, soulignant «l’énorme besoin en termes de prise en charge psychiatrique des jeunes au Luxembourg».

«Nous évaluons les pistes pour assurer une prise en charge appropriée car nous allons approfondir notre engagement dans la prise en charge psychiatrique des jeunes et le faire de façon transversale, c’est-à-dire entre plusieurs ministères. Des discussions sont prévues avec l’Éducation nationale par exemple pour garantir notamment un accès à des formations à ces jeunes et donc leur offrir un environnement optimal», abonde un membre du ministère.

Tatiana Salvan

Plus de 160 ans d’expérience

Le Centre hospitalier neuro-psychiatrique (CHNP), basé à Ettelbruck, est spécialisé dans le traitement des maladies psychiques. Il voit le jour en 1855, sous la forme d’un «Hospice central» et prend alors en charge la marginalité en général, avant de se concentrer au début du XXe siècle plus spécifiquement sur la psychiatrie. Il devient «l’Hôpital neuro-psychiatrique de l’État» en 1974.
Le CHNP est aujourd’hui composé de trois entités, dédiées chacune à un type de population : la Rehaklinik pour les activités cliniques de réhabilitation psychiatrique; le Pontalize pour les activités de soins et d’accompagnement des personnes âgées; De Park, pour les activités de soins et d’accompagnement sociopédagogique des personnes en situation de handicap. Son objectif principal vise «la réhabilitation de chaque personne et, dans la mesure du possible, sa réinsertion dans la société».

Un commentaire

  1. Fou du Drand-Duc

    De mon temps , jamais ministre de la santé pointait à Ettelbrück !

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