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Mission réduction des pesticides au Grand-Duché


En 2016, les partenaires du projet ont pu révéler le potentiel de nouvelles techniques de cultures. (illustration Didier Sylvestre)

Le projet «EFFO», lancé en 2015, vise à réduire le risque de contamination des eaux souterraines d’ici 2020 grâce à une rotation adaptée des cultures de colza.

Le projet «Efficient Crop Rotation Systems for Oilseed Rape» (EFFO, Systèmes efficaces de rotation des cultures pour le colza oléagineux), cofinancé par le ministère du Développement durable et des Infrastructures, le ministère de l’Agriculture et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, met différents acteurs à contribution. Mené sur la base d’une convention entre l’ASBL Fördergemeinschaft Integrierte Landbewirtschaftung (FILL) et l’État, le projet inclut des experts du LIST en science des plantes et biotechnologies, qui ont pour mission principale d’acquérir et de réaliser les analyses scientifiques des données provenant du terrain.

Quant à ces données, elles émanent d’essais effectués par la Chambre d’agriculture sur des sites situés dans des zones de protection de l’eau : la région de la Haute-Sûre, les champs expérimentaux de Bettendorf et les zones «classiques» de culture du colza, dont celles s’étendant de Luxembourg à Schengen (de 5 à 15% des terres arables) et les zones de forte culture du colza que représentent les communes de Differdange et Rumelange (de 15 à 20%). Au bout de la chaîne, ce sont les élèves du lycée technique agricole d’Ettelbruck qui profiteront des découvertes faites au cours du projet, celles-ci étant intégrées dans leurs programmes d’études.

Etgen : «Le projet porte ses premiers fruits»

Les parties prenantes du projet, dont le chercheur du LIST Michael Eickermann, ont souligné que le colza d’hiver est cultivé sur 4 000 ha en moyenne par an au Luxembourg et qu’il se caractérise par une utilisation intensive d’engrais et de pesticides, en particulier d’herbicides : «De quoi soulever la question d’une agriculture plus verte. Les partenaires travaillent ainsi, grâce à des essais de terrain agricoles multilatéraux, à l’identification de techniques de culture adaptées et à l’exploration de substituts potentiels», a-t-on insisté du côté du LIST. Car les ennemis jurés de l’eau potable se nomment métazachlore et herbicides.

Cela étant, et bien que le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen, ait déclaré qu’ «il est trop tôt pour tirer un premier bilan», il a salué le fait que «le projet porte ses premiers fruits» et encouragé «la pratique de l’agriculture durable».

Concrètement, les parties prenantes ont évoqué «des résultats prometteurs après deux années expérimentales». Ainsi, en 2016, les partenaires ont pu révéler le potentiel de nouvelles techniques de cultures. Notamment celle du «colza associé», qui consiste en une culture mixte de colza, de lentilles et de trèfle : «Permettant de réduire le nombre d’applications d’herbicides et le risque de contamination des eaux souterraines, ces cultures peuvent être intégrées avec succès dans l’agriculture, même si elles modifient les procédures opérationnelles des agriculteurs», a-t-on indiqué, mardi, du côté du LIST. Les chercheurs se sont aussi dits «surpris» par les «très bons rendements de la culture du colza oléagineux biologique».

À partir de ce constat, l’analyse des parties prenantes est sans équivoque : «Les conditions de croissance étaient favorables au colza en 2017, et ce, malgré la forte pression d’insectes nuisibles. Si ces résultats doivent être confirmés dans les années à venir, cette culture apparaît d’ores et déjà comme une réelle opportunité pour les agriculteurs producteurs biologiques», ont-elles fait valoir. À noter enfin que, compte tenu de ces éléments, le ministre Etgen a recommandé l’adoption d’ «une approche similaire pour traiter la problématique de l’usage de glyphosate».

Claude Damiani

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