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L’école européenne de Differdange sous le feu des critiques


L'école internationale de Differdange va encore provoquer des débats.

Une école pour les seuls besoins des multinationales, selon la Gauche, une école qui fait trop de mystères sur ses critères d’admission, selon le CSV, et une école qui relègue le luxembourgeois à une langue secondaire, selon l’ADR. L’école européenne publique de Differdange verra le jour avec les seules voix de la majorité, les députés de l’opposition ayant trop de questions sans réponses.

Le projet d’école européenne est loin de faire l’unanimité, à tel point qu’il a été voté mercredi à la Chambre grâce aux seules voix de la majorité. La diversification de l’offre scolaire, pourtant nécessaire, n’est pas celle qu’attendait l’opposition. Les reproches visent aussi bien le manque de perspectives que le risque de ghettoïsation, les critères d’admission mal définis autant que la place du luxembourgeois, relégué au rang de langue de communication orale.

Les députés de la majorité ont quant à eux salué cette nouvelle école qui accueillera ses premiers élèves dès septembre prochain dans des structures provisoires à Differdange. Le dossier n’a pas eu le temps de prendre un grain de poussière, se présentant comme capital et prioritaire pour le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, ancien député-maire de la commune, qui comptera ainsi la première école européenne publique du pays.

Certes, comme le rappelle Martine Hansen (CSV), un projet de lycée existait depuis 2007, mais il devait être calqué sur l’offre classique que présente le système scolaire luxembourgeois basé sur le trilinguisme. « Nous pensons que Differdange a surtout besoin d’un lycée conventionnel. Est-ce que cela fait vraiment du sens d’avoir une école européenne? Quel est le public cible? Selon quels critères d’admission? Premiers arrivés, premiers servis? », questionne en rafale Martine Hansen dont le groupe juge bancal ce projet qu’il s’abstiendra de voter.

Menace sur le trilinguisme

Le lycée conventionnel, c’est précisément ce que Claude Meisch ne voulait plus. « Nous avons regardé les chiffres et l’orientation des élèves et nous en avons conclu qu’il fallait autre chose» , explique-t-il aux députés. «Il est de la responsabilité de l’État de proposer un système éducatif public dans lequel chaque élève ait une chance de réussir indépendamment de la langue parlée au foyer » , disait plus tôt le rapporteur, Lex Delles (DP). L’opposition persiste et souhaite en savoir plus sur le profil des élèves censés fréquenter les bancs de cette école publique d’un nouveau genre, même si elle est calquée sur le programme des écoles européennes existantes avec qui elle a d’ailleurs signé une convention.

Le rapporteur explique que Differdange s’imposait « à la suite du déménagement de l’université du Luxembourg à Belval et de l’implantation d’entreprises multinationales dans la région ». La population devient de plus en plus internationale et cette école offrira en outre une solution pour les élèves en transit.

L’opposition ne se satisfait pas des réponses du ministre Meisch concernant les critères d’admission, d’autant que 140 élèves seulement pourront être accueillis à la rentrée prochaine. « C’est le lycée qui décidera, sauf que le critère de proximité ne jouera pas », se contente de répondre le ministre sans en dire davantage sur les critères.

David Wagner (déi Lénk), estime que cette école est faite pour répondre essentiellement aux desiderata des multinationales et créera un ghetto supplémentaire à côté des écoles européennes existantes. Le député de la Gauche plaide également pour l’apprentissage du luxembourgeois, et pas seulement oral comme s’en contente la nouvelle école européenne. « Tout le monde doit être alphabétisé en luxembourgeois, puis en français et ensuite seulement en allemand. Nous devons conserver et entretenir notre trilinguisme », lance David Wagner, qui doute encore de l’utilité d’une section anglophone au Luxembourg, l’anglais étant loin, selon lui, d’occuper une place prépondérante dans le monde du travail. La sensibilité déi Lénk votera contre le projet.

Comme l’ADR, d’ailleurs. Fernand Kartheiser partage pleinement les critiques formulées par Martine Hansen pour le CSV. Il regrette en plus que les professeurs de cette école ne puissent pas s’exprimer en luxembourgeois. Ce que le ministre démentira.

La place du luxembourgeois a véritablement été un problème pour les députés de l’opposition, hier. Car école européenne ou pas, le problème reste le même, c’est celui de l’intégration. Claude Meisch, lui, est d’avis que les 3 000 élèves qui traversent chaque matin la frontière pour aller suivre une scolarité hors du Luxembourg ont certainement moins de chances encore de s’intégrer au Grand-Duché.

L’école internationale à Differdange offrira trois ordres d’enseignement  : une école européenne primaire, une école européenne secondaire et une voie préparatoire à l’école européenne.

L’école proposera deux sections linguistiques, l’une francophone, l’autre anglophone. Outre la langue de la section, les élèves choisiront à l’école primaire une autre langue parmi le français, l’allemand, l’anglais et le portugais.

Geneviève Montaigu

5 plusieurs commentaires

  1. @ « Je tiens à souligner tout de même que les résultats du système éducatif des écoles européennes sont bien supérieurs à ceux de l’école publique luxembourgeois. »
    Cet argument ne compte pour moi ni pour valoriser le système de l’école européenne ni pour dévaloriser celui du système de l’école publique luxo. En effet, une telle comparaison juxtapose 2 mondes complètement différents au niveau du monde social: Je serais curieuse de voir les résultats d’une école européenne, si elle devait encadrer les jeunes issus d’un milieu social défavorisé… Les conditions de départ et le bagage amené par ces jeunes ne peuvent en aucun cas être comparés d’une manière si simpliste.

    • Oui parce qu’au Luxembourg il y a des banlieues ou les jeunes ont énormément de difficultés et pas de moyens économiques, n’est-ce pas? Le problème principale du système scolaire luxembourgeois est d’avoir sélectionnée dés le plus jeune âge, les étudians qui vont devoir aller au lycée classique, et ceux qui vont aller au technique. Malheureusement, ceux qui vont au technique, sont majoritairement des non-luxembourgeois, qui sont obligés d’y aller, car ils n’ont pas le niveau d’allemand réquis pour le classique. Si vous mettez ces jeunes la dans une école européenne comme celle de Differdange, vous pouvez ếtre sur et certain que le pourcentage de jeunes qui décrochent avant le diplôme vont considérablement baisser, pour le simple fait qu’on ne leurs impose pas une barrière linguistique. Le système scolaire luxembourgeois doit tout simplement être mis à jour, et les salaires des prof devraient considerablement être vu à la baisse (les plus payés au monde, vous devez vous imaginer ça!), vu que lors des test Pisa, on est toujours en bas de la liste!!

      • @ Oui parce qu’au Luxembourg il y a des banlieues ou les jeunes ont énormément de difficultés et pas de moyens économiques, n’est-ce pas?
        –> Le problème des injustices sociales est beaucoup plus complexe que cela. Vous n’avez qu’à considérer le gouffre des statuts sociaux tels qu’ils existent dans nos pays voisins déjà de manière beaucoup plus flagrante maintenant. Là non plus, ce n’est pas seulement le système scolaire qui est responsable… vu très simpliste de nouveau, pardon…
        @ Le problème principal du système scolaire luxembourgeois est d’avoir sélectionnée dès le plus jeune âge, les étudiants qui vont devoir aller au lycée classique, et ceux qui vont aller au technique.
        –> Lycée Ermesinde à Mersch, projet que j’apprécie fortement et qui a fait son succès 🙂 ! Là, j’apprécie entièrement votre approche !
        @Malheureusement, ceux qui vont au technique, sont majoritairement des non-luxembourgeois, qui sont obligés d’y aller, car ils n’ont pas le niveau d’allemand requis pour le classique.
        –> Il y a également les luxembourgeois qui ont d’énormes difficultés en français!
        @ pour le simple fait qu’on ne leurs impose pas une barrière linguistique.
        –> N’oublions pas que nous vivons dans notre société multilingue, où les gens ne vivent pas dans leur quartier linguistique comme dans d’autres métropoles, mais dans un seul ‘quartier’. Tous ceux qui travaillent dans des services publics (ce qui constitue quand-même un nombre non négligeable de personnes) DOIVENT forcément maîtriser plusieurs langues. Là, – à part de l’adaptation des systèmes scolaires- il y a un chantier énorme de défis à résoudre.
        @ Le système scolaire luxembourgeois doit tout simplement être mis à jour
        –> Je ne le lie pas du tout, ceci est certain. Mais un seul concept n’y suffira certainement pas. Pour cette raison j’apprécie l’ouverture vers de nouveaux concepts… tout en espérant que les nouvelles idéologies ne sacrifieront pas les jeunes, mais vont leur offrir de nouvelles chances.
        @les salaires des profs devraient considérablement être vus à la baisse
        –> Et ceux des personnes au parlement européen ?…
        @ lors des test Pisa, on est toujours en bas de la liste!!
        –> Les tests Pisa juxtapose – à titre injuste – des mondes complètement différents : Si la Finlande p.ex. devait gérer un monde multilingue comme le nôtre, elle ne serait certainement plus parmi les top non plus.

  2. Ex ecole europeene

    Ancien de l’école européenne, je frequentais à l’époque de l’adolescence l’actuel premier ministre local. Si j’étais dans un ghetto, comment ai-je pû faire amitier avec M. Bettel?
    M. Wagner dit que l’anglais ne sert pas? qu’il demande à M. Gramegna en quelle langue il parle AU LUXEMBOURG aux conférences! On voit que ce M. n’a probablement JAMAIS travaillé de sa vie!
    Des clowns!

    • Je suis moi même un ex étudiant de l’école européenne; les problèmes principales de cette école sont: on n’as pas de liens avec les étudians luxembourgeois, il existe une sorte de ‘boule’ dans la quelle les étudiants des écoles européennes ne se mélangent pas, et cela représente un grand problème d’intégration, surtout parce que 80% des étudiants qui partent étudier dans une université à l’étranger, rétournerons au Luxembourg pour y vivre et travailler. Seulement que voilà, ils n’ont pas appris le luxembourgeois (les cours que propose l’école sont une option, de 45min 2 fois pas semaines, et seulement à partir de la 6eme année, donc totalement insuffisants pour apprendre la langue). Je tiens à souligner tout de même que les résultats du système educatif des écoles européennes sont bien supérieurs à ceux de l’école publique luxembourgeois.

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