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Le nucléaire n’a pas dit son dernier mot


Deux réacteurs EPR doivent être construits dans la centrale nucléaire de Hinkley Point C d'ici 2025. (Photo AFP)

Le Luxembourg a décidé de rejoindre l’Autriche dans un combat contre un projet de nouvelles centrales au Royaume-Uni. Projet qui pourrait ressusciter une énergie sur le déclin.

« Non à l’énergie nucléaire», martèle le Grand-Duché depuis des années. Comme, d’ailleurs, un nombre croissant de pays, le plus emblématique étant certainement l’Allemagne, qui s’est engagée dans une ambitieuse transition énergétique depuis le drame de Fukushima.

Mais l’énergie nucléaire n’a pas dit son dernier mot en Europe. En témoigne un projet britannique qui fait polémique. En 2014, la Commission européenne a donné son feu vert à ce projet visant à subventionner la construction et l’exploitation de deux nouveaux réacteurs dans la centrale nucléaire de Hinkley Point C, dans le comté du Somerset (sud-ouest du Royaume-Uni).

Ce projet est porté par plusieurs entreprises, dont Électricité de France (EDF, détenue majoritairement par l’État français), la multinationale française du nucléaire Areva (également détenue par l’État) et des sociétés étatiques chinoises.

Le soutien de la Commission à ce projet a suscité une levée de boucliers, dont celui de l’Autriche, qui a attaqué la décision devant le tribunal de l’UE en juillet 2015. Avec le soutien du Luxembourg, a rappelé vendredi la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, arguant que ce projet pourrait « créer un précédent en matière de subventionnement du nucléaire et être à l’origine d’une renaissance de cette énergie en Europe ».

Un des points critiqués concerne l’aide du Royaume-Uni au projet Hinkley Point C, qui passera par un soutien des prix de l’électricité : EDF sera garanti d’avoir des recettes stables pendant les 35 premières années d’exploitation, avec des prix dépassant largement les prix pratiqués sur le marché de l’électricité. En outre, EDF bénéficiera d’une garantie d’État couvrant toutes les dettes qu’EDF contractera sur les marchés financiers en vue de la construction de la centrale.

Risque terroriste et énergies durables

Or les graves difficultés financières d’EDF et d’Areva, ainsi que le recours autrichien, font peser de fortes incertitudes sur la viabilité de ce projet. Et l’aide britannique à Hinkley Point est «une concurrence déloyale», car elle offre un avantage dont ne bénéficient pas ses concurrents, critiquent les opposants.

Plus généralement, Carole Dieschbourg a fustigé l’énergie nucléaire, rejetant son assimilation à une forme durable de production d’énergie. « L’énergie nucléaire n’est en rien comparable aux énergies réellement durables », comme l’énergie solaire, hydroélectrique, éolienne… Au contraire, elle retarde le développement de ces dernières, ajoute la ministre déi gréng.

Actualité oblige, elle ne manque pas non plus de rappeler que les installations nucléaires représentent une cible de choix pour les terroristes.

Autant de raisons qui ont donc poussé le Luxembourg à soutenir l’Autriche dans son recours contre ce projet. Le Grand-Duché vient de déposer son mémoire en intervention devant le tribunal de justice. L’issue de ce combat judiciaire « aura une influence certaine sur l’orientation de la politique énergétique de l’UE », avertit la ministre.

Romain Van Dyck

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