La scène culturelle locale reste très méconnue, selon un sondage

Selon le ministre de la Culture, Xavier Bettel, les gens n’ont pas assez conscience de l’existence d’une scène culturelle locale. Une réalité qu’il entend transformer.

Dans le cadre d’un sondage sur l’importance de la culture dans la vie quotidienne des Luxembourgeois, 44% des interrogés n’ont pu citer aucun représentant de la scène locale.

La culture reste une chose approximative dans la vision de beaucoup de Luxembourgeois. Ils n’ignorent pas les formes qu’elle peut prendre  : traditions, langue, patrimoine, arts, littérature, peinture, etc., pas plus qu’ils ne doutent de son rôle et de son importance pour le développement futur d’une société (deux tiers des sondés).

Interrogés sur l’existence d’une culture proprement luxembourgeoise, ils sont d’ailleurs majoritaires à l’affirmer (92  %) et à insister sur son importance (96  %). Évidemment. Dans le même temps, 44  % des sondés se sont trouvés dans l’embarras de n’avoir pu citer ne serait-ce que le nom d’un seul représentant de la scène culturelle locale.

Parmi les personnalités les plus citées  : le musicien Serge Tonnar (9  %), l’acteur Thierry Van Werveke (mort en 2009), le chanteur Fausti ou encore l’actrice Désirée Nosbusch, star des années 80. Le sondage TNS-Ilres sur l’importance de la culture dans la vie quotidienne semble confirmer tous les clichés. Comment pourrait-il en être autrement? Le mot «culture» (vague comme il est) est un cliché en soi.

43% boudent l’offre culturelle locale

On nous apprend, par exemple, que 78  % de sondés qualifient la culture au Luxembourg de «multiculturelle» et que seuls 35  % estiment qu’elle fonde l’identité luxembourgeoise. Quarante-neuf pour cent pensent que la culture ne devrait pas être réservée aux élites et 18  % sont d’avis qu’elle ne peut être un facteur de développement économique. La culture est jugée «plutôt importante» par 43  % des interrogés. Deux tiers reconnaissent prendre en compte l’offre culturelle avant de choisir leur destination de vacances (!).

Concernant le Luxembourg, on nous dit que 78  % constatent un développement positif au cours des dix dernières années. Constat partagé par tous, indépendamment du sexe, de l’âge ou du niveau d’études. Cinquante-neuf pour cent estiment d’ailleurs que l’offre culturelle est «très bonne», 91  % la jugent «passable». Pour la plupart, culture rime avec «expérience».

Il est montré également que 71  % des interrogés estiment que l’offre locale n’a rien à envier à celle proposée à l’étranger. Les Luxembourgeois y croient haut et fort, les Portugais un peu moins. Là où ils se rejoignent, c’est dans le très peu de «bénéfice personnel» tiré de l’offre culturelle au Luxembourg (43  %).

C’est ce dernier chiffre qui inquiète le ministre de la Culture, Xavier Bettel  : «Il est important d’expliquer aux gens qu’il existe une scène culturelle au Luxembourg.» La solution? «Ouvrir la culture à tous pour que chacun y trouve l’offre qui lui correspond.»Xavier Bettel est sûr de pouvoir changer les habitudes  : «Il faut faire en sorte que plus de monde aille vers la culture.»

Entretemps, que font les Luxembourgeois? Quatre-vingt-un pour cent vont au cinéma, 65  % se rendent à des concerts et 45  % assistent à des pièces de théâtre. Seuls, ils écoutent des émissions culturelles (74  %), lisent (82  %), regardent un film (91  %), écoutent de la musique (92  %). Dix-neuf pour cent prennent des photos durant leur temps libre, 10  % peignent des tableaux. Ce n’est déjà pas mal. Et pourtant  : à les interroger sur le rôle de l’école, 34  % accordent qu’elle ne sensibilise pas assez les enfants à la culture…

Les questions restantes ont de quoi surprendre  : après avoir tenté de prouver que la scène culturelle luxembourgeoise se réduit à quelques «héros du peuple» dans l’imaginaire collectif, les auteurs du sondage évaluent l’acceptation au Luxembourg du financement de la culture par des entreprises («Trouvez-vous que hormis l’État, des entreprises privées et des mécènes devraient contribuer davantage au financement de la culture?»). Cinquante-trois pour cent «plaident clairement pour une contribution plus importante de la part des entreprises privées et des mécènes», notent les auteurs.

Reste à savoir, en effet, à quoi Xavier Bettel songe exactement lorsqu’il évoque «la scène culturelle au Luxembourg». Les assises culturelles, les 1 er et 2  juillet prochains, seront l’occasion d’en savoir un peu plus. Il y sera notamment question de l’école comme lieu de transmission culturelle, de la profession d’artiste, des stratégies pour promouvoir la création et de la reconnaissance de la culture au Luxembourg.

Frédéric Braun