Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le Conseil de gouvernement a nommé Étienne Schneider, ancien ministre de l’Économie et initiateur de SpaceResources.lu, comme nouveau membre du Conseil consultatif sur les ressources spatiales.
Étienne Schneider refait parler de lui. L’ancien vice-Premier ministre socialiste et ministre de l’Économie, de la Défense et de la Sécurité intérieure, le grand artisan de la coalition tricéphale en 2013, rejoint le Conseil consultatif sur les ressources spatiales. Démissionnaire du gouvernement en février dernier, Étienne Schneider avait préféré marcher dans les pas de son mentor, Jeannot Krecké, son prédécesseur au ministère de l’Économie et se tourner vers le pantouflage qui lui réussit bien jusqu’à présent, toujours dans le sillage de Jeannot Krecké.
Entré au conseil d’administration d’ArcelorMittal en juin dernier et un mois plus tard au conseil d’administration de Sistema, le conglomérat russe notamment propriétaire de la East-West United Bank qui siège à Luxembourg et dont son ami Jeannot Krecké, toujours lui, préside le conseil d’administration.
L’ancien ministre Schneider reste cependant passionné par les étoiles et la conquête des ressources spatiales. La stratégie SpaceResources.lu c’est lui et la mission du Conseil consultatif sur les ressources spatiales est justement «de soutenir le gouvernement sur les thèmes liés à l’exploration et à l’utilisation des ressources disponibles dans l’espace», selon le communiqué diffusé lundi par le gouvernement. Étienne Schneider rejoint ainsi «des experts internationaux de renom dans le domaine spatial», et retrouve son ami Jean-Jacques Dordain, ancien directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA, qui a son siège à Paris) dont le mandat au sein du Conseil consultatif sur les ressources spatiales vient d’être renouvelé.
Justement, Étienne Schneider se verrait bien marcher cette fois dans les pas de Jean-Jacques Dordain et alunir à la tête de l’agence européenne, reprenant ainsi le flambeau de l’Allemand Johann-Dietrich Wörner qui a annoncé vouloir mettre un terme à son mandat à l’été 2021. La voie serait donc libre pour l’ancien ministre socialiste, comme l’avait d’ailleurs annoncé Le Quotidien en janvier dernier, avant sa démission du gouvernement. Il reviendra au Conseil de l’ESA, formé par les 22 États membres, de nommer un nouveau directeur général. Étienne Schneider n’avait pas démenti notre information et s’était dit intéressé par le poste «sous certaines conditions». Étienne Schneider n’a jamais caché vouloir moderniser l’Agence spatiale européenne.
Il n’avait pas hésité à se tourner vers la société SpaceX du milliardaire américain Elon Musk (né en 1971 comme Étienne Schneider) plutôt qu’Arianespace pour le lancement de son satellite de communication opéré par GovSat, une joint-venture publique-privée créée en 2015 entre l’État luxembourgeois et la Société européenne des satellites (SES). Cette dernière s’est d’ailleurs tournée également vers SpaceX pour mettre en orbite les futurs satellites 5G, comme elle l’a annoncé il y a quelques jours.
Un job sur mesure
En attendant, l’ESA a publié le job description pour le poste de directeur et Étienne Schneider a jusqu’au 31 août pour proposer sa candidature. Le futur directeur doit avoir entre autres une expérience internationale reconnue dans un ou plusieurs des domaines suivants : politique, technique, scientifique, économique, administratif; avoir «occupé des postes au plus haut niveau dans les secteurs public, semi-public ou privé; avoir une expérience dans le domaine spatiale et du rôle de l’Union européenne dans ce secteur. Quant aux capacités linguistiques, le Luxembourgeois est imbattable sur ce point.
La France serait tentée de proposer Jean-Yves Le Gall, président du Centre national d’études spatiales depuis 2013 et président du Conseil de l’ESA depuis 2017. Mais d’autres noms circuleraient : Roberto Battiston, ancien directeur de l’Agence spatiale italienne, et Pedro Duque, ancien astronaute et ministre espagnol de la Science et de l’Innovation.
En attendant, Étienne Schneider garde les pieds sur terre et son successeur au ministère de l’Économie, Franz Fayot, l’a proposé comme membre du Conseil consultatif sur les ressources spatiales. Un choix approuvé par le Conseil de gouvernement dont l’arrêté a été publié lundi au Journal officiel. Il y siégera «à titre gracieux», précise le communiqué du gouvernement. C’est dire si ce mandat peut ajouter une corde à son arc. Et cela renseigne aussi sur le pantouflage confortable de l’ancien ministre, validé par le comité d’éthique avant une réforme annoncée par le gouvernement.
Étienne Schneider, comme Jeannot Krecké, a constitué une société de conseil aux entreprises qu’il a baptisée Beta Aquarii SA, du nom de l’étoile la plus brillante de la constellation du Verseau, son signe astrologique. Selon Wikipédia l’étoile porte également le nom traditionnel Sadalsuud, qui provient d’une expression arabe signifiant «chance des chances». Étienne Schneider compte les mettre toutes de son côté.
Geneviève Montaigu
