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« La culture n’est pas élitaire »


Lundi a eu lieu la passation des pouvoirs entre Maggy Nagel et ses successeurs au ministère de la Culture : Xavier Bettel, qui endosses désormais aussi le portefeuille de la Culture et son secrétaire d'État Guy Arendt (à g.). (photo SIP / Charles Caratini)

Le nouveau secrétaire d’État à la Culture, Guy Arendt, enchaîne les interviews sans avoir encore du concret à annoncer. Il va d’abord découvrir la scène culturelle mais sait déjà qu’il veut combler le fossé entre l’élite et les autres.

«Chaque enfant doit être amené à être créateur et spectateur», déclare Guy Arendt qui jusqu’à présent a beaucoup parlé des jeunes et de la culture. Un reproche qu’on lui a déjà formulé mais il assume. Il aimerait que chaque enfant soit en contact avec la culture sous toutes ses formes.

Qui pour distribuer l’enveloppe budgétaire et à qui? C’est la délicate question qui se pose quand il s’agit de nommer un ministre de la Culture. Le Premier ministre a trouvé la réponse en endossant lui-même ce titre. Mais c’est essentiellement sur le secrétaire d’Etat fraîchement nommé pour l’épauler que se focalisent l’attention et les premières critiques.

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Guy Arendt, avocat d’affaires, spécialiste de la place financière est aussi connu pour accueillir chaque année dans sa commune de Walferdange les Journées du Livre. C’est déjà ça.

Maggy Nagel à son entrée au gouvernement avait été immédiatement associée au Casino 2000 et à son univers de paillettes bien kitsch. Une ministre qui disait ne pas aimer la poésie ni le rap ou le hip hop. Les professionnels de la culture ont eu de sérieux doutes. La ministre n’était pas non plus de tous les cocktails, événement qu’elle exècre visiblement puisqu’elle n’a jamais assisté à un pot de son propre parti, comme il est de tradition après un congrès. Elle s’est contentée du minimum syndical en ce qui concerne ses relations avec les responsables du DP.

Les milieux culturels espèrent donc avoir cette fois un ministre visible. Ou au moins, un secrétaire d’Etat vu la charge de travail qui incombe déjà à un Premier ministre. Lundi, Guy Arendt était l’invité du jour sur 100,7 où il a souligné qu’il lui fallait d’abord prendre contact avec la scène culturelle. Les ministres de la Culture doivent toujours relever la température et établir un diagnostic pour prescrire le bon traitement comme s’il parlait un éternel malade.

Ouvrir les portes de la culture

Les milieux créatifs et leurs adulateurs sont souvent les plus prompts à réagir à une nomination au portefeuille de la Culture. Normal, ce sont les seuls qui s’en inquiètent, ceux que les masses populaires baptisent volontiers l’élite ou d’une manière plus péjorative, les «cultureux», sans doute par opposition aux bouseux. On a pu lire dans certains commentaires ironiques que Xavier Bettel aurait pu tout aussi bien nommer le ministre de l’Agriculture à ce poste. Car on ne peut pas être cultivateur et cultivé, car pour cela il faut fréquenter les musées, les théâtres, les concerts sans oublier les expositions et de préférence celles consacrées à l’art contemporain. Il y a donc un sacré fossé à combler.

Que doit faire le ministre de la Culture ? Xavier Bettel y a en partie répondu en déclarant qu’il fallait avant tout que «le monde culturel puisse travailler sereinement» et cela se traduit par un accompagnement financier. Guy Arendt a répété lundi que la culture faisait partie de l’image du Luxembourg, le fameux nation branding. C’est un bon point, si les projecteurs peuvent se braquer sur la création artistique, les talents et les espaces qui leur sont dédiés.
Le nouveau secrétaire d’État a justement émis le souhait de développer des salles de répétitions pour les musiciens ou des ateliers pour les jeunes artistes. Il a surtout déclaré vouloir ouvrir les portes de la culture au plus grand nombre. Donc combler peu à peu le fossé qui sépare l’élite du reste de la population.

Contacté lundi par Le Quotidien, il a précisé sa pensée : «Je crois que la culture est un domaine qui doit être ouvert et accessible à tous. La culture n’est pas élitaire et elle nous concerne tous comme élément d’intégration».

À la question qu’est-ce qu’un bon ministre de la Culture, il répond : «C’est un ministre qui crée les conditions optimales pour que le créatif puisse exercer son art et le spectateur l’apprécier», résume t-il. Et il rajoute : «On m’a déjà critiqué parce que j’ai trop parlé des jeunes mais chaque enfant doit être amené à être créateur et spectateur. Il doit être en contact avec la culture sous toutes ses formes et lecture est déjà un bon début. Nous avons des auteurs pendant les journées du Livre à Walferdange qui viennent faire des heures de lecture dans les classes et c’est ainsi que l’on peut par exemple créer les conditions pour que les enfants puissent être éveillés à la culture» .

Geneviève Montaigu

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