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Pour les pensions, attendre et voir


La Chambre des salariés ne veut pas de réforme générale du système des retraites. 

La hausse des dépenses de pension est maîtrisée et maîtrisable pendant au moins 30 ans. La Chambre des salariés, en attendant, observe des scénarios complètement divergents.

Toutes les occasions sont bonnes pour la Chambre des salariés d’apaiser les craintes les plus pessimistes qui entourent l’avenir du système des pensions. Cette fois, la publication du « Rapport sur le vieillissement (Ageing Report) » lui permet, à nouveau, de plaider en faveur d’ajustements ponctuels, à l’opposé d’une réforme générale du système des retraites.

Les projections à long terme ne sont pas fiables, c’est l’enseignement que tire la Chambre des salariés en constatant les résultats de ce rapport. Publié tous les trois ans, il présente les nouvelles évolutions, à long terme, des dépenses liées au vieillissement, sur la base des projections démographiques les plus récentes livrées par Eurostat.

Dans ce scénario, les dépenses de pensions (régimes général et spéciaux) devraient augmenter de 9,2 % du PIB actuellement, à 17,5 % du PIB jusqu’en 2070, soit une hausse de 90 % sur une période de presque 50 ans. Heureusement, il existe d’autres scenarios, élaborés par le Statec, qui intègrent des projections macroéconomiques en plus des estimations démographiques, ce qui colle mieux à la réalité luxembourgeoise.

«En effet, dans le passé, il s’est avéré que la croissance démographique du Luxembourg a été particulièrement marquée par l’attractivité économique luxembourgeoise plus importante que celle des autres pays», note la Chambre des salariés. Elle regrette que ces effets macroéconomiques sur la migration ne soient pas pris en compte dans les projections démographiques d’Eurostat, les rendant ainsi «inadéquates pour le Luxembourg».

Avec le scénario démographique du Statec, la hausse des dépenses de pensions devrait se limiter à moins de 40 % sur la même période, soit une évolution deux fois moins forte.

«Une telle divergence des résultats en fonction du scénario retenu souligne à quel point les projections à long terme sont sensibles aux hypothèses et ainsi, à quel point l’incertitude est forte quant à l’évolution financière à long terme du système», en conclut la CSL. Même lorsque l’on ne compare que l’évolution à court terme entre 2022 et 2030, une très forte divergence des résultats peut être observée, selon leur hypothèse de migration et de plafonnement de la part des frontaliers sur le marché du travail.

«Il devient évident que des projections à long terme sont trop incertaines pour motiver de quelconques dégradations du système de pensions», alerte la CSL, habituée à observer «qu’à chaque nouvelle actualisation de l’exercice, il s’avère que les projections antérieures étaient trop pessimistes en raison d’hypothèses trop pessimistes».

Effet positif de la réforme

L’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS), qui intégre depuis peu dans ses projections des scénarios macroéconomiques et démographiques alternatifs du Statec, affirme que les mécanismes introduits lors de la réforme de 2012 auront un effet positif sur la situation financière du régime général à long terme.

«En fonction du modérateur de réajustement appliqué, l’impact de la réforme se traduit par une diminution des dépenses du régime entre 3,7 et 5,5 points de pourcentage du PIB en 2070», indiquait l’IGSS dans son rapport technique de 2022, dernier en date. La hausse des dépenses liées au paiement des pensions (y compris des régimes spéciaux) se limite à 0,5 % du PIB d’ici 2040 et à 0,8 % du PIB d’ici 2050.

La CSL calcule qu’une hausse du taux de cotisation d’un point par partie (de 8 % à 9 %) générerait des recettes à hauteur de 1,1 % du PIB et serait suffisante pour maintenir en équilibre les systèmes de pension (général et spéciaux) jusqu’au moins mi-2050, «sans même toucher à la gigantesque réserve de plus de 24 milliards euros du régime général», se réjouit la CSL.

Pour le patronat, une hausse des cotisations serait la mesure la moins équitable et la plus dommageable pour la compétitivité du Luxembourg. Il lui préfère de loin le principe de l’écrémage des pensions les plus élevées, de manière progressive. D’autres dispositifs visant, par exemple, à favoriser les investissements dans des caisses privées de pension, font partie des propositions du patronat qui incite le gouvernement à mener une réforme des pensions.

La CSL préfère attendre et voir.

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