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Christian Kmiotek, sept ans d’émotions


Pour Christian Kmiotek : «Le droit de vote pour tous les résidents reste sur le métier et c'est capital pour éviter l'apartheid.» (Photo : archives lq/Julien Garroy)

Le coprésident du parti des verts devait passer le flambeau à Meris Sehovic ce samedi lors d’un congrès digital, annulé à la dernière minute. Christian Kmiotek revient sur son mandat, mêlé de joie et de tristesse.

Les verts devaient tenir congrès ce samedi matin, mais ils ont communiqué vendredi soir qu’ils étaient contraints de l’annuler parce qu’un membre de l’entourage de l’équipe organisatrice est suspecté de Covid-19. Le congrès bien que digital est décalé à une date ultérieure que le parti ne tardera pas à communiquer.
Ce sera aussi le dernier congrès de Christian Kmiotek en sa qualité de coprésident après sept années de bons et loyaux services, comme le veut l’expression consacrée.

Voilà qui nous ramène à la fameuse année 2013, celle qui a vu la naissance d’une coalition à trois pour renverser le CSV et surtout Jean-Claude Juncker qui tenait les rênes du pays depuis 18 ans. Quand ce dernier annonce la démission du gouvernement le 11 juillet, Christian Kmiotek occupait depuis quatre mois son poste de président du parti déi gréng et ne se doutait pas du mandat qui allait l’attendre, fait de joie et de tristesse.

« Quand j’ai été élu en mars 2013 comme président du parti, je me préparais à faire de l’opposition avant cette fameuse nuit d’octobre où nous avons décidé de former un gouvernement à trois », raconte-t-il. Les verts pensaient partir pour cinq ans, mais au fil de la législature, ils ont compris que cela pouvait aussi durer dix ans. Ils avaient perdu un siège en 2013 mais en avaient gagné trois en 2018. « Je dirais que le bilan est plutôt positif », poursuit le président qui cédera sa place à Meris Sehovic, seul candidat en lice pour codiriger le parti aux côtés de Djuna Bernard. D’ailleurs, pour la petite anecdote, la page Wikipedia des verts a déjà fait le changement. Il y aura quand même des élections.

Christian Kmiotek déroule les sept années écoulées et relève les grandes réalisations et les échecs du gouvernement tricolore, de la séparation de l’Église et de l’État au rang des succès à la débâcle du référendum en 2015. « Le droit de vote pour tous les résidents reste sur le métier et c’est capital pour éviter l’apartheid », dit-il, le ton grave. « Bien sûr nous avons fait une loi réformant l’accès à la nationalité juste après le référendum et le nombre de nationaux a bien augmenté ce qui est aussi un facteur d’intégration », ajoute-t-il.

Le Sud, un défi

Il salue le niveau élevé des investissements dans la mobilité, le plan climat et énergie et surtout, ce qui lui tient particulièrement à cœur, c’est de s’être battu pour que les verts récupèrent en 2018 le ministère de la Culture. « On a dû négocier dur », se souvient bien le président. D’ailleurs, il s’en réjouit surtout en cette période de pandémie où les artistes sont en difficulté.

C’est aussi au cours de son mandat que le parti a été sévèrement abattu. Il y a d’abord eu le décès du secrétaire d’État Camille Gira en 2018 à la tribune de la chambre des députés. Cette perte tragique a forcé les verts à un premier remaniement et le choix de Claude Turmes leur a paru évident. La coprésidente du parti, Françoise Folmer, quitte alors ses fonctions. Elle sera remplacée en mars 2019 par Djuna Bernard, la plus jeune députée du parti âgée de 28 ans. La force des verts, c’est d’avoir su rajeunir ses effectifs.

« Quand j’ai pris mon poste il y a sept ans, nous avions 600 membres et nous en avons 1000 aujourd’hui. Je dirais que 500 membres n’ont pas connu d’autre président que moi et ça me fait dire que je dois passer le flambeau à un plus jeune. J’ai eu 60 ans et je veux me consacrer à ma famille», déclare Christian Kmiotek.

Meris Sehovic qui prend le relais poursuivra le travail de son prédécesseur. « Il aura surtout la tâche de relancer la circonscription Sud », annonce-t-il. Là-bas, les verts ont été doublement secoués. La maladie de Félix Braz les a privés d’un de leurs meilleurs éléments, véritable tête pensante du parti. Le vice-Premier ministre et ministre de la Justice a dû être remplacé par Sam Tanson alors que Henri Kox (circonscription Est) faisait son entrée au gouvernement à la place de Roberto Traversini.

« Einstein disait : « Il y a deux choses qui sont infinies : l’univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l’univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue » », se contente de répondre Christian Kmiotek sur l’affaire Traversini. Cela étant dit, la circonscription Sud se retrouve sans son duo de choc. Quelque 25 000 voix pour Félix Braz et 20 000 pour Roberto Traversini ce n’est pas rien. Une équipe devra se recomposer derrière Josée Lorsché, troisième sur la liste avec 17 400 voix. Mais il y a Djuna Bernard aussi sur qui les verts peuvent compter. Elle bascule du Centre au Sud pour les prochaines élections.

Meris Sehovic sera celui qui préparera la grosse bataille de 2023, année qui verra deux grosses campagnes électorales fleurir les panneaux avec les législatives et les communales. « Les programmes se font avec les membres, donc il faut enfin commencer », conclut-il.

Geneviève Montaigu

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