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Un nouveau parti populiste de gauche émerge en Allemagne


Il y a "un vide à combler dans le système politique" allemand, a récemment expliqué Sahra Wagenknecht. (photo AFP)

L’une des figures de la gauche radicale en Allemagne pose ce lundi les jalons d’un nouveau parti populiste qui entend concurrencer l’extrême droite en plein essor, dans un paysage politique en recomposition.

« Je sens que beaucoup de gens ne se sentent plus représentés par aucun parti », a déclaré il y a quelques jours Sahra Wagenknecht, 54 ans, pour justifier sa démarche.

Elle a convoqué ce lundi matin la presse allemande pour présenter une nouvelle association, conçue comme étant la première étape vers la création d’un parti, probablement au début de l’année prochaine.

Cette association est baptisée BSW pour « Bündnis Sahra Wagenknecht » (Alliance Sahra Wagenknecht), le projet tournant pour le moment entièrement autour de cette personnalité controversée.

« AfD de gauche » 

« Elle veut une AfD de gauche », résume le quotidien Bild, en référence au parti allemand d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui a bondi depuis un an dans sondages en surfant sur le mécontentement de l’opinion face à la hausse de l’immigration et la crise économique.

L’AfD est créditée dans les derniers sondages jusqu’à 22 ou 23 % des intentions de vote, ce qui en fait la deuxième force politique derrière l’opposition conservatrice et loin devant les partis de la coalition de centre-gauche du chancelier Olaf Scholz.

Selon un sondage INSA publié dimanche par le quotidien Bild, 27 % des Allemands pourraient voter pour le nouveau parti populiste de gauche.

Comme l’AfD, Sahra Wagenknecht dispose de son principal réservoir dans l’ancienne Allemagne de l’Est communiste, où trois élections régionales (Saxe, Brandebourg et Thuringe) sont programmées l’an prochain.

La responsable politique de 54 ans est née et a grandi dans cette partie du pays, où une frange importante de la population s’estime marginalisée.

Elle est aussi issue du parti de la gauche radicale allemande (Die Linke), héritière du parti communiste qui dirigeait la RDA, avec qui elle est aujourd’hui en rupture de ban.

Il y a « un vide à combler dans le système politique » allemand, a récemment expliqué Sahra Wagenknecht, car beaucoup d’électeurs ne se sentent plus représentés par aucun parti et votent « par désespoir » pour l’AfD.

Ruptures 

« J’aimerais que ces gens puissent avoir une adresse sérieuse » sur le plan politique, assure-t-elle, qui ne soit pas seulement « dans la protestation » mais aussi une force de proposition.

Sahra Wagenknecht entend d’une part rompre avec la gauche dite « caviar » et « woke », représentée à ses yeux notamment par les écologistes au gouvernement, pour se concentrer sur la défense des classes populaires et un retour aux sources du communisme et du socialisme.

Elle chasse dans plusieurs domaines sur les terres de l’extrême droite. « L’AfD devrait se faire beaucoup de souci » face à l’émergence de ce parti concurrent, a affirmé le politologue Constantin Wurthmann sur la chaîne Phoenix.

La passionaria de la gauche radicale s’est dite favorable à la réduction du nombre de migrants dans le pays, elle a critiqué les mesures écologiques du gouvernement face au changement climatique et défend des positions pro-russes sur la guerre en Ukraine, en s’opposant notamment aux livraisons d’armes de l’Allemagne à l’Ukraine.

Cette marxiste convaincue avait déjà fait une première tentative fin 2018 en lançant un mouvement similaire, avant de renoncer six mois plus tard et de faire un burn out. Aujourd’hui, Sahra Wagenknecht dit avoir recouvré ses forces.

Elle pourrait profiter de la polarisation croissante de la société allemande et de l’impopularité record de l’opinion à l’égard de la coalition d’Olaf Scholz (71% d’avis défavorable selon une enquête INSA), face à la récession économique qui frappe le pays et à la hausse du nombre de migrants.

À droite de l’échiquier, un autre mouvement populiste gagne du terrain, celui des Électeurs libres, crédité de 4 % au plan national à la suite d’un récent succès électoral en Bavière.

Un commentaire

  1. Je pense que le socialisme est la meilleure façon de couler un pays, mais je dois avouer que, sur de nombreux sujets, et notamment la guerre en Ukraine, cette politicienne allemande a des idées justes.
    En revanche, pourquoi ces étiquettes « personnage controversée », « marxiste convaincue », « passonaria de la gauche radicale »? L’étiquette remplace une argumentation, sans doute.

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