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Polémique au Canada où Facebook coupe l’accès aux médias en pleine saison des feux


Face à l'état d'urgence provoqué par les incendies - de loin la pire saison des feux que le Canada n'ait jamais connu - le Premier ministre Justin Trudeau a vertement critiqué Meta, accusant l'entreprise de faire passer ses profits avant la sécurité des citoyens. (Photo AFP)

« C’est dangereux »: comme des milliers de Canadiens, Kelsey Worth a dû évacuer sa ville menacée par un gigantesque incendie de forêt. Une fuite rendue compliquée par l’impossibilité de trouver des informations fiables sur Facebook, qu’elle utilise habituellement pour s’informer.

Car depuis le 1er août, Meta – propriétaire de Facebook et d’Instagram – bloque l’accès aux contenus d’actualité de médias sur ses plateformes, en riposte à une loi relative à l’information en ligne votée en juin par le gouvernement canadien. « C’était incroyablement difficile de trouver l’information, de savoir si l’évacuation avait été ordonnée ou pas », raconte à l’AFP Kelsey Worth, résidente de Yellowknife, principale ville des Territoires du Nord-Ouest.

« Et en situation d’urgence, le temps presse. Et personne n’arrive à départager le vrai du faux » sur les médias sociaux, s’insurge cette employée d’un concessionnaire, âgée de 35 ans.

La multinationale américaine et le gouvernement canadien sont engagés dans un véritable bras de fer depuis le vote de la loi C-18, inspirée d’un modèle australien datant de 2021. La loi canadienne va obliger les géants du numérique à conclure des accords commerciaux équitables avec les médias locaux sur les contenus diffusés sur leurs plateformes, sous peine de devoir recourir à un arbitrage contraignant.

Mais avant même l’entrée en vigueur de la loi, Meta a choisi le blocage, arguant que « les médias d’information partagent volontairement du contenu sur Facebook et Instagram pour accroître leur lectorat ».

Une décision « épouvantable »

Face à l’état d’urgence provoqué par les incendies – de loin la pire saison des feux que le Canada n’ait jamais connu – le Premier ministre Justin Trudeau a vertement critiqué Meta, accusant l’entreprise de faire passer ses profits avant la sécurité des citoyens. « Ils préfèrent laisser les personnes en danger plutôt que de faire leur juste part pour appuyer la démocratie et le journalisme local », a-t-il déclaré cette semaine, parlant d’une décision « épouvantable », qui crée beaucoup de « frustrations ».

Depuis 2008, plus de 450 médias d’information canadiens ont fermé leurs portes, d’après le ministère du Patrimoine. La nouvelle législation pourrait permettre aux médias canadiens de recevoir environ 330 millions de dollars canadiens (226 millions d’euros) par an, selon un rapport parlementaire publié en octobre 2022.

« Meta pourrait lever temporairement son blocage dans le but de préserver des vies humaines et ne subirait aucune pénalité financière car la législation n’est pas encore entrée en vigueur », explique à l’AFP Ollie Williams, directeur de la station de radio nordique Cabin Radio, qualifiant ce blocage de « stupide et dangereux ».

Contourner le blocage

Lui et son homologue Nicolas Servel, directeur de Radio Taïga, ont noté que beaucoup d’internautes ont fait preuve de « malice » pour contourner le blocage.

Ils ont « trouvé d’autres moyens de partager » ces informations vérifiées, explique M. Servel, notamment en faisant des captures d’écran des sites d’information et en les relayant ensuite sur leurs profils personnels. Résultat: Cabin Radio par exemple a vu son trafic en provenance de Facebook « baisser en continu », ce qui est « une bonne chose », selon Ollie Williams, car le nombre de visiteurs directs sur le site n’a lui « fait qu’augmenter ».

Le diffuseur public CBC/Radio-Canada a lui interpellé la direction de Meta cette semaine, évoquant une « question de vie ou de mort ». « Je vous prie de faire le choix humanitaire qui s’impose et de lever immédiatement le blocage (…) pour les communautés menacées par les feux », écrivait mardi la PDG Catherine Tait.

« Un enjeu de sécurité publique et de sécurité nationale »

A cela, Meta – qui n’a pas répondu aux demandes d’entretien de l’AFP – a opposé une fin de non-recevoir, précisant avoir activé en réponse aux feux la fonction « contrôle de sécurité » sur Facebook, permettant à ses usagers de signaler à leurs proches être en lieu sûr.

Selon Patrick White, professeur de journalisme à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), cette attitude de Meta s’apparente à celle d’un « mauvais citoyen ».

« C’est un enjeu de sécurité publique et de sécurité nationale », explique-t-il, se disant néanmoins « optimiste » pour un éventuel règlement entre le gouvernement canadien et les géants du web.

Un commentaire

  1. L'Observateur

    AVIS AUX CANADIENS
    ne vous plaignez pas au contraire c’est une chance énorme d’enfin Sortir de la spirale infernale des reseau sociaux
    devenez plus intelligents
    [Re]découvrez que les veritables médias ont LEUR site internet propre accedez aux infos en direct JAMAIS un reseau social n!aurait du devenis un intermediaire et seul canal d’info pour certains
    observez VOS MEDIAS LOCAUX
    certains comme l’exellent lequotidien.lu proposent de laisser des commentaires
    c’est bien mieux que de passer par intermediaire qui espionne vos faits et gestes
    MERCI DE TRANSMETTRE ET DE PARTAGER CE MESSAGE AVEC TOUS LES FRANCOPHONES AU CANADA
    JOURNALISTES LEQUOTIDIEN.LU PAREIL MERCI

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