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Huile de palme au Cameroun : 145 riverains contre Bolloré devant la justice


Les plaignants veulent que le groupe Bolloré produise des pièces attestant soit du contrôle qu'il exerce sur la Socapalm, soit des relations commerciales établies avec elle via la holding belgo-luxembourgeoise Socfin. (photo AFP)

Quelque 145 Camerounais ont demandé mardi à la justice française de contraindre le groupe Bolloré à fournir des documents pour établir ses liens avec la Société camerounaise de palmeraies (Socapalm) qu’ils accusent d’attenter à leurs droits.

La Socapalm « inflige des préjudices au quotidien » à ces villageois, a dénoncé leur avocat, Me Fiodor Rilov. Selon lui, l’exploitation des palmeraies condamne l’accès à des terrains et lieux de sépulture et pollue les eaux. Mardi, le conseil s’est évertué à convaincre le tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine) d’ordonner au groupe Bolloré de produire des pièces censées attester, soit du contrôle qu’il exerce sur la Socapalm, soit des relations commerciales établies avec elle via une holding belgo-luxembourgeoise, la Société financière des caoutchoucs (Socfin).

Si tel était le cas, le groupe Bolloré serait soumis au « devoir de vigilance » concernant les activités de la Socapalm au Cameroun. Une loi de 2017 oblige les plus grandes entreprises à prévenir les atteintes graves envers les droits humains et l’environnement chez leurs sous-traitants et fournisseurs étrangers.

« Bolloré détient 14,91% de Socfin (…) et 6,34% de la Socapalm », s’époumone Me Olivier Baratelli, qui défend le groupe avec Christophe Rélu. Ce dernier a estimé qu' »il n’y a aucune finalité à cette procédure si ce n’est médiatique », rejoint par l’avocat de Socfin Dominique De Leusse : « Ce n’est pas la Socapalm qu’on vise, c’est Bolloré ! »

« Actionnaire minoritaire », le groupe Bolloré « n’a aucune relation commerciale » avec la Socapalm, dont les activités agroalimentaires « n’ont pas de rapport » avec celles de l’entreprise française (transports, communication et distribution d’énergie), a plaidé Me Baratelli. Pour prouver les liens entre Socfin et Bolloré, Me Rilov a notamment demandé mardi au tribunal de contraindre le groupe à produire des documents attestant de son « intervention dominante » dans la désignation des dirigeants de Socfin, dont des procès-verbaux d’assemblées générales.

Le tribunal devrait rendre sa décision le 7 janvier.

En mai 2019, dix ONG et syndicats ont assigné Bolloré en France pour obtenir l’application de mesures améliorant les conditions de vie des travailleurs et riverains de plantations d’huile de palme au Cameroun. Cette procédure, distincte de celle des 145 riverains, est en cours.

AFP/LQ

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