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Kockelscheuer : 2000 mètres carrés de nourriture


Un lopin de terre censé subvenir aux besoins alimentaires d'un seul être humain pendant une année. Censé, car c'est loin d'être le cas. (photos Hervé Montaigu)

En théorie, il faudrait l’équivalent de 2000 m² de terre pour nourrir chaque être humain. En pratique, on constate un déséquilibre entre le Nord qui consomme à outrance et le Sud. Le projet «2000 m²» à Kockelscheuer montre de manière concrète ce que les Européens devraient consommer chaque année.

Deux mille mètres carrés, c’est l’équivalent de cinq terrains de basket ou d’un parking pour 200 voitures, mais aussi l’équivalent d’un champ sur lequel paissent des vaches qui donnent du lait et de la viande, un poulailler, une porcherie, un parterre de fleurs, une plantation de betteraves et de céréales, un potager et un verger. Bref, un lopin de terre censé subvenir aux besoins alimentaires d’un seul être humain pendant une année. Censé ! Car c’est loin d’être le cas.

Des déséquilibres subsistent entre les pays du Nord et les pays du Sud. Là où l’Occident se bâfre, le tiers-monde se serre la ceinture. «Cette surface n’est plus suffisante ici en Europe, note Roby Biwer, le président de natur&ëmwelt, qui lance ce projet. Les Européens gaspillent et consomment à outrance.»

«La surface supplémentaire que nous utilisons n’est plus à la disposition des autres», ajoute Sabine Kessler, de l’IBLA, l’Institut pour une agriculture biologique au Luxembourg, également partenaire du projet.

maison de la nature

Changer les habitudes

L’idée vient de Raymond Aendekerk, ancien président de natur&ëmwelt et actuel directeur de Greenpeace Luxembourg. «Il s’agit de sensibiliser les consommateurs afin qu’ils changent leurs habitudes alimentaires et de consommation. Pour leur santé, pour la protection de la nature et pour mettre un terme aux inégalités sociales», explique Roby Biwer.

Le public ou des classes peuvent venir découvrir en «vrai» à Kockelscheuer dans le jardin de la Maison de la nature, ce à quoi notre consommation normale équivaudrait chaque année. La parcelle est gérée par des jardiniers de l’entreprise Co-labor, troisième partenaire du projet.

Il durera deux ans et sera financé en intégralité par le ministère du Développement durable et des Infrastructures à hauteur de 100 000 euros. Ce projet doit montrer qu’il est possible d’avoir une alimentation durable basée sur des ressources naturelles.

Devenir autosuffisant

Au Luxembourg, la production agricole destinée à la consommation humaine joue un rôle secondaire. Ce projet doit montrer la valeur de ce qui est produit dans une région donnée, tant du point de vue de l’énergie consommée que du coût. Cela permettra de promouvoir le travail des maraîchers et des agriculteurs luxembourgeois. Actuellement, 98% des fruits et légumes consommés au Luxembourg sont issus de l’importation. De même que les fourrages, le coton, la café, le cacao ou encore le tabac entre autres.

Les participants au projet plaident donc pour une consommation de produits régionaux et de saison : «Des pommes et des poires au lieu des mangues et des kiwis, des lentilles, des pois et du soja luxembourgeois au lieu des pois chiches, de l’huile de tournesol au lieu de l’huile de coco, par exemple.» Des légumes qui ne pourraient pas pousser sans l’engrais naturel produit par le bétail, élément important de l’agriculture quand elle n’est pas intensive. Le Luxembourg doit, autant que faire se peut, devenir autosuffisant.

Sophie Kieffer

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