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À Luxembourg, les clients se défilent


Chaque commerce applique ses propres mesures d'hygiène. (photo Fabrizio Pizzolante)

Le déconfinement a commencé. Pourtant, le shopping dans la capitale – à nouveau autorisé depuis lundi matin – ne semble pas être un argument pour faire sortir les Luxembourgeois de chez eux.

Les Luxembourgeois ont-ils tenu la bonne résolution prise durant le confinement qui consistait à consommer moins une fois la crise du Covid-19 passée ? Alors que les commerces étaient autorisés à rouvrir lundi, les clients ne se bousculaient pas à leurs portes dans les rues du centre-ville de la capitale. Même si ces dernières étaient plus animées qu’elles l’ont été lors des deux mois de début de confinement. Deux longs mois au cours desquels le shopping était, entre autres activités, interdit. Suis-je la seule à m’être lassée de lécher les mêmes vitrines depuis deux mois et n’y a-t-il qu’à moi que la mode a manqué ?

«J’ai commandé en ligne ces dernières semaines», indique une jeune femme blonde devant un magasin de vêtements bon marché en deux lettres et une esperluette. «Je me réjouis de pouvoir réessayer des vêtements et composer des looks.» Sauf que, confinement oblige, la marque suédoise n’autorise pas ses clients à essayer les vêtements. Par contre, elle a rallongé à 100 jours le délai de reprise des vêtements qui ne conviendraient pas. Donc, pour pouvoir essayer le vêtement (chez soi), il faut l’acheter.

À l’autre bout de la Grand-Rue, une chaîne espagnole en quatre lettres de la même gamme, fait entrer les clients par la droite et sortir par la gauche de la même porte. D’ordinaire bondé à midi, le magasin est calme. Les clientes se regardent avec la même défiance dans le regard que Clint Eastwood avant de dégainer, le visage caché par son bandana. Il faut faire vite, le magasin demande aux clients de ne pas rester plus de 30 minutes. Un petit tour et puis s’en va !

«Seuls les magasins de fast fashion sont déjà ouverts !»

Cela s’applique également au tour du centre-ville lundi matin. En dehors de la météo rébarbative qui n’encourageait guère à la flânerie, les deux tiers des boutiques n’avaient pas encore ouvert leurs portes. «On se prépare à rouvrir dans les prochains jours», dit une des vendeuses d’une marque de prêt-à-porter de vêtements en coton et en laine alors qu’elle balayait la devanture de sa boutique.

Chez IKKS, de la lumière filtrait derrière le rideau de fer à moitié relevé et au sol un papier indiquait que l’équipe préparait la boutique pour sa réouverture. Max Mara, Iro, Muse et Claudie Pierlot avaient, elles aussi, encore portes closes. Comme l’a soupiré une dénommée Caroline, déçue, devant la vitrine sombre de chez Zadig & Voltaire : «Seuls les magasins de fast fashion sont déjà ouverts !»

Propos qui laissent totalement indifférents, Nathalie, croisée alors qu’elle allait acheter son déjeuner. «Je travaille en centre-ville, mais je n’y achète jamais rien, dit-elle. Je trouve que c’est trop cher, les magasins ne me correspondent pas et je ne connais pas ces marques. J’aime bien C&A. Il a plein de jolies choses, mais il a fermé.»

Idem pour une sexagénaire masquée venue comme tous les deux jours chez le boucher et à l’Alima pour faire ses courses. «C’est une bonne chose que les magasins aient ouvert pour l’économie du pays, mais en ce qui nous concerne mon mari et moi, nous achetons juste le nécessaire. C’est bien, les rues sont de nouveau plus animées. J’avais parfois peur de venir faire mes courses au début de la crise parce que les rues étaient désertes», explique-t-elle.

Lynn, une grande adolescente aux longs cheveux bruns et au jean slim neige, sort de chez Pull & Bear (l’esperluette est partout !) avec un énorme sac en papier kraft. «L’été arrive !, s’excuse-t-elle presque. J’ai fait bien attention de me passer les mains au gel hydroalcoolique en entrant dans le magasin et en sortant. J’obéis aux règles pour qu’on puisse tous revivre comme avant le virus. J’ai hâte de pouvoir ressortir avec mes copines.»

Lundi matin, dans la Grand-Rue, à Luxembourg, on ne se bousculait pas. (photo Sophie Kieffer)

Lundi matin, dans la Grand-Rue, à Luxembourg, on ne se bousculait pas. (photo Sophie Kieffer)

Un début de liberté retrouvée

Cette réouverture des magasins sonne comme un début de liberté retrouvée. À laquelle j’ai également voulu goûter pour tester le shopping par temps de Covid-19. Coup de chance, une de mes boutiques de prêt-à-porter préférées qui comporte également une esperluette dans son nom est ouverte… Deux clientes sont déjà à l’intérieur et je dois attendre mon tour pour y entrer. Il y a une dame devant moi et aucun endroit où me protéger du vent. Elle attend depuis dix minutes. Nous engageons la conversation. Elle vient récupérer un vêtement pour sa patronne, elle n’en aura pas pour longtemps. Vingt minutes plus tard, une cliente sort accompagnée d’une vendeuse qui déverrouille la porte de la boutique. La dame qui patientait avec moi entre dans la boutique et la vendeuse verrouille la porte derrière elle.

Cinq minutes passent, la procédure est inversée et cette fois, c’est mon tour. Une charmante vendeuse m’explique la marche à suivre. À moins de porter des gants, je dois désinfecter mes mains. Je n’ai le droit de toucher aucun vêtement sur les portants. Si je souhaite en voir un, je dois le demander à la vendeuse qui me le présentera et le replacera ensuite elle-même à sa place sur le portant. C’est un peu déroutant de ne pas pouvoir toucher les matières. Je lui désigne une robe noire repérée sur internet. La vendeuse me propose de m’accompagner en cabine pour m’ouvrir le rideau. Interdiction formelle d’y toucher moi-même.

J’apprends également que les vêtements essayés et pas achetés sont passés à la vapeur et placés en quarantaine pendant une journée. «C’est embêtant, car nous avons peu de pièces dans toutes les tailles», indique la jeune femme. Quant aux vêtements achetés, ils sont aspergés de spray désinfectant. Entre chaque cliente, les cabines d’essayage sont désinfectées, pour éviter tout risque de transmission du Covid-19, les vendeuses ne tendent plus les sacs par les anses aux clients et les touches du relais de paiement électronique sont désinfectées après chaque utilisation. «Paris nous l’impose.»

Chez l’enseigne de fast fashion à l’esperluette, à la caisse, les clients doivent placer les vêtements dans une caisse en plastique sur roulettes que la caissière tire à elle derrière une vitre en plexiglas. Elle en sort les vêtements, scanne les étiquettes, repose les vêtements dans la caisse en plastique et la pousse vers le client une fois le paiement effectué. Dans fast fashion, il y a «vite».

Sophie Kieffer

Pas encore de faillites à Luxembourg

«Aucune faillite de commerces signalée à Luxembourg-Ville», a indiqué le président de l’Union commerciale, Guill Kaempff à nos confrères de RTL lundi matin. Il a cependant affirmé que certains commerces, principalement des chaînes, avaient résilié leurs baux.

Selon lui, le gouvernement n’aurait pas suffisamment aidé les commerçants. Il a également indiqué que le commerce dans la capitale ne serait plus le même dans quelques mois.

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