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Catalogne, le jour d’après

C’est une bien triste image que la Catalogne et l’Espagne ont donné d’elles-mêmes, hier au monde entier. D’un côté, une communauté autonome, riche, qui, déjà définie comme «réalité nationale» depuis 2006, semble vouloir couper définitivement les ponts avec l’Espagne. De l’autre, un État central gouverné depuis 2011 par Mariano Rajoy et le Partido Popular qui semblent totalement dépassés par le jusqu’au-boutisme des indépendantistes catalans au pouvoir de la Generalitat, l’organisation politique de la communauté autonome de Catalogne, et qui, depuis des mois, annoncent la tenue d’un référendum sur l’indépendance ce dimanche 1 er d’octobre.

Les premiers réclament le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Les seconds mettent en avant l’unité indissoluble de la nation espagnole et ne veulent pas voir la Catalogne rouvrir la boîte de Pandore d’une possible fissure dans la très précaire unité nationale, moins de six ans après avoir «gagné», la «guerre» contre l’ETA dans le Pays basque.

Quoi qu’il en soit, la Catalogne était hier à feu et à sang! Des images de guerre civile ont surgi ainsi en pleine Union européenne avec des policiers antiémeute piétinant, poussant, agressant… On dénombre les blessés par dizaines, parfois même parmi des manifestants on ne peut plus pacifiques et du coup, pour certains, ce sont des tristes souvenirs de la période franquiste qui remontent à la surface.

Que le vote soit légitime ou illégal n’est plus la question. Carles Puigdemont et les indépendantistes ont ainsi réussi à faire passer les Catalans comme un peuple opprimé, à l’instar des Kurdes, des Palestiniens ou récemment des Rohingyas. Un coup de maître!

Reste que désormais personne ne sait de quoi le futur sera fait. Le Parlement catalan a adopté en septembre une «loi de transition» qui prévoit l’annonce unilatérale de l’indépendance de la Catalogne si le «oui» l’emporte au référendum sans minimum de participation nécessaire. Pas très rassurant pour la suite! Ce serait terrible, en tout cas, pour l’UE de revoir un poste frontière sortir de terre entre Le Perthus et La Jonquera!

Pablo Chimienti

2 plusieurs commentaires

  1. @ Chris : +1

    C’est juste une histoire de gros sous, avec la notion de fédération budgétaire et de mutualisation des dettes, ici entre régions (autonomies) au sein d’un même état.
    À la différence du cas « dette grecque / excédent allemand », ici c’est le pouvoir central (espagnol) qui a les poches vides et le pouvoir local (catalan) qui les a pleines.

    On pourrait presque dire une crise de l’Euro en miniature.

  2. Vous oubliez un truc : au-delà du nationalisme d’un peuple « opprimé », il y a des motivations économiques très égoïstes. La riche Catalogne (à l’instar, par exemple, de la Bavière en Allemagne ou de la Lombardie en Italie) « subsidie » le reste du pays et estime que cette solidarité a assez duré et qu’il est grand temps que les Catalans soient les seuls bénéficiaires de leur richesse. Et l’Espagne peut difficilement se passer de cette poule aux œufs d’or…

    Vraiment rien à voir avec les Kurdes, les Palestiniens ou les Rohingyas… Opprimés les Catalans ? Ne me faites par rire.

    En attendant, triste spectacle effectivement.

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