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Freeport : «Dignes d’être dans des musées»


Les visiteurs ont également pu admirer le bas-relief de l'artiste portugais Vhils créé in situ dans l'impressionnant lobby du Freeport. (Photo Editpress/Isabella Finzi)

Le Freeport ouvrait ses portes au public, dimanche, pour permettre à tout un chacun d’y découvrir non seulement les lieux, mais aussi quelques pièces maîtresses entreposées dans ses coffres.

Renoir, Warhol, Picasso, Van Gogh, Dubuffet, Soulages, Yves Klein, Calder… des noms qui doivent faire rêver les grands musées d’art moderne et contemporain du monde entier. C’est dire le niveau des œuvres présentées exceptionnellement hier au Freeport de Luxembourg à ses quelque 900 visiteurs. Certes, il s’agit d’œuvres quelque peu méconnues, souvent des œuvres de jeunesse de ces artistes, mais néanmoins l’exposition temporaire proposée pour un jour seulement par le Freeport valait clairement le déplacement.

Difficile d’imaginer une journée «portes ouvertes» quand on est une zone franche, que de l’extérieur ses locaux ressemblent à une prison de haute sécurité avec tout ce qu’il faut de fils barbelés, de caméras de surveillance, de portiques de sécurité, de tourniquets métalliques et de gardes. C’est pourquoi c’est non sans humour que les responsables du Freeport ont appelé la journée d’hier journée «portes entrouvertes».

Quoi qu’il en soit, quelque 900 personnes, c’est-à-dire plus du double de l’an dernier, ont fait le déplacement pour pouvoir admirer les lieux – une fois passé le portique de sécurité ultrasensible et le scanner à rayons X – avec ses grands espaces, sa hauteur au plafond, ses murs de béton brut hors normes et son aspect futuriste digne du film Bienvenue à Gattaca, mais aussi quelques-uns des trésors entreposés dans ses coffres.

En tout, ce sont une petite cinquantaine d’œuvres qui sont présentées dans les huit «showrooms» du Freeport. Principalement des dessins et des peintures, mais aussi quelques sculptures et des œuvres d’art premier du Kenya.

«Ce n’est pas une exposition thématique, remarque Philippe Dauvergne, administrateur délégué du Freeport, c’est une exposition de la bonne volonté.» Les œuvres appartiennent en effet à des collectionneurs et le Freeport n’est que leur lieu de stockage. «Aujourd’hui, l’idée est de proposer de sortir des coffres quelques beaux objets pour les exposer. Vous savez les collectionneurs ne sont pas nécessairement égoïstes, ils aiment souvent montrer les œuvres de leurs collections et en sont parfois aussi très fiers», reprend le responsable.
Pas de thème donc, mais un peu de curation artistique tout de même, assure Aude Lemogne, directrice de Link Management, cabinet de conseil en art. «Par exemple dans la première pièce à l’étage, on présente Helen Frankenthaler en face de Peles Empire», note-t-elle. «C’est un dialogue très intéressant car la première représente l’abstraction américaine des années 60-70, elle travaille sur la couleur, tandis que le second est un collectif du début des années 2000 qui a une approche assez similaire de ce qu’elle a fait, sauf qu’il travaille sur la matière.»

«Ça en valait la peine»

Pas certain que les quelque 900 visiteurs de la journée l’aient remarqué. Quand on les questionne, c’est surtout le Picasso à côté du Van Gogh et en face des Renoir qui reviennent dans les discussions, quand ce n’est pas le Soulages, les Calder ou encore le Warhol. Bref, les grands noms.

C’est le cas de Geneviève Gilson, Belge du Luxembourg, venue avec son mari. «C’est la première fois que je viens au Freeport. Cette journée était l’occasion de découvrir le lieu et des choses inconnues. On a été surpris de voir le Van Gogh, les Renoir… je ne m’attendais pas à voir ça ici. Je pensais voir de l’art contemporain, pas du moderne», dit-elle, heureuse de sa visite. «Ça en valait vraiment la peine, ajoute-t-elle, il y a de très belles œuvres, et puis, c’est amusant aussi de voir un public très différent.» Si les seniors sont les plus nombreux, on y croise aussi des jeunes et des familles.

Parmi eux, Manuel Simon, venu avec son fils Virgile, de trois ans et demi. «Je profite de l’opportunité qui m’est donnée pour accéder à ce lieu habituellement fermé au public et de voir ce qu’ils ont bien voulu exposer comme œuvres», dit cet amateur d’art, heureux d’avoir vu «des pièces dignes d’être dans des musées». Le petit fatiguant vite, il n’aura passé qu’une demi-heure sur place. Pas grave, «ça en valait la peine», même en venant exprès d’Habay en Belgique.

Cette journée «portes entrouvertes» a été un succès en tout point. Se répétera-t-elle l’an prochain? «L’avenir nous le dira», lance Philippe Dauvergne. «Mais je pense que c’est une bonne habitude», conclut-il.

Pablo Chimienti

Le Freeport, c’est quoi?

Le Freeport de Luxembourg, installé à Senningerberg, juste à côté des pistes de l’aéroport du Findel, est une structure privée de 22 000 m2, considérée par certains comme le lieu le plus sécurisé du monde, qui sert de zone franche,  un «dispositif prévu par le code des douanes de l’Union européenne et la loi antiblanchiment de 2015», explique l’administrateur délégué du Freeport, Philippe Dauvergne.
Un lieu où l’on peut stocker, sans les faire entrer sur le territoire luxembourgeois, et donc de l’Union européenne, des produits de valeur, sans payer de droits de douane ni de TVA sur place, en provenance du monde entier. Œuvres d’art, métaux précieux, vins prestigieux ou encore véhicules de collection peuvent trouver là les conditions idéales de stockage et de sécurité. À noter que tous ces produits devront payer les droits de douane et la TVA quand ils repartiront vers leur destination finale, selon les lois du pays en question.

www.lefreeport.lu

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