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Bettel, le nerveux

Est-ce la fièvre électorale qui frappe Xavier Bettel ? En tout cas, on ne peut que constater une certaine nervosité de la part du Premier ministre sortant, se montrant tantôt vexé, tantôt hautain lorsqu’il est confronté à certaines questions.

Le dernier exemple en date est son discours tenu, mercredi, devant le Parlement européen. Il est tout à l’honneur de Xavier Bettel d’avoir sévèrement dénoncé – une nouvelle fois – la loi hongroise anti-LGBTQ+. La séance de questions-réponses qui a suivi la déclaration a néanmoins suscité de vives critiques.

L’eurodéputée française Manon Aubry avait attaqué le Luxembourg de front : «La réalité, monsieur Bettel, c’est que vous êtes à la tête d’un paradis fiscal qui organise au cœur de l’Europe un vol en bande organisée et personne ne veut ou ne peut vous canaliser.» Au lieu d’apporter une réponse fondée, le Premier ministre a comparé le discours de la députée de la gauche radicale à celui tenu par Marine Le Pen, élue de l’extrême droite. Hier, le collectif Tax Justice Lëtzebuerg a dénoncé un «dérapage scandaleux» et exigé des excuses publiques. 

Deux jours plus tôt, Xavier Bettel était sorti de ses gonds pour tacler ses concurrents politiques qui oseraient remettre en doute la nécessité de lutter de manière renforcée contre le changement climatique. Encore une fois, le Premier ministre libéral a tout à fait raison d’insister avec force sur la transition écologique et énergétique et de défendre la politique menée par son gouvernement. C’est plutôt l’excitation qui l’a gagné au moment de réagir qui interroge, alors qu’au fil de ses années en tant que Premier ministre, Xavier Bettel s’est montré de plus en plus… posé.

L’autre interrogation concerne les lignes rouges qu’il ne cesse de poser en vue de la formation d’une prochaine coalition. Une tactique que le Premier ministre a toujours dénoncée, notamment en amont des négociations tripartites. Mais la donne a changé.

Un non catégorique à une réduction du temps de travail et une fin de non-recevoir pour un impôt sur la succession se trouvent déjà sur la table, alors que les programmes électoraux ne sont pas encore bouclés. Au vu des dossiers brûlants à négocier jusqu’au scrutin d’octobre, davantage de sérénité serait bienvenue.

Un commentaire

  1. Patrick Hurst

    Ce n’est pas la première fois que Xavier Bettel confond revendications légitimes de gauche et extrème droite: Moi-même, j’avais mis sur la table en 2014 une éventuelle hausse des cotisation de l’assurance dépendance pour la mettre en compatibilité avec les obligation de l’état luxembourgeois quant aux droits à l’inclusion et la vie autonome des personnes handicapées. J’ai, par un canal privé (via une connaissance) eu droit au même raisonnement. Décidément, 9 ans et plusieurs scandals plus tard, la leçon n’est pas aprise. Pire encore: à rapprocher politiquement ces deux bords extrèmes, qu’on ne s’étonne plus lorsque ces deux « bords » finissent par s’accorder: (p.ex: gouvernement grec en 2015)!

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