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Béni-oui-oui ou rebelles ?

Le constat dressé hier par le très expérimenté Alex Bodry en dit long. À l’issue d’une réunion pauvre en informations concrètes sur le fichier central de la police, le député socialiste a jugé qu’un « mea-culpa collectif » s’impose. La Chambre aurait un peu aveuglément voté en 2018 la nouvelle loi sur la protection des données. « On aurait dû se montrer plus persévérant », avoue Alex Bodry dans les colonnes de nos confrères du Wort.

Une telle autocritique, venant en plus d’un élu de la majorité, est pour le moins particulière. Le chef de la fraction du LSAP n’est cependant pas naïf. Il sait très bien que la loi en question a été adoptée en juillet dernier par une très large majorité de députés (57 sur 60), y compris ceux du CSV et de déi Lénk, qui sont vent debout pour dénoncer le manque de base légale du fichier central.

S’agit-il d’une tentative supplémentaire de réduire la pression qui pèse dans ce dossier sur les épaules des ministres Félix Braz et François Bausch? Ou s’agit-il bien d’une volonté de transformer des députés «béni-oui-oui» en des rebelles qui prennent au sérieux leur mission de contrôle du gouvernement. Les semaines et mois à venir vont permettre de répondre à cette question essentielle.

Poussé dans l’opposition, le CSV fustige aujourd’hui la passivité des élus de la majorité (DP, déi gréng, LSAP) dans le travail parlementaire. Une forme d’arrogance est même décelée par le parti de l’opposition. Ce dernier reproche n’est pas sans fondement, mais une nouvelle fois le camp chrétien-social a tendance à oublier que lors de sa période de suprématie, la situation n’était pas différente. Vu leurs majorités confortables, formées soit avec le LSAP, soit avec le DP, les ministres et députés soutenant la coalition au pouvoir étaient aussi souvent des « béni-oui-oui ». La révision du projet du budget, imposée en 2013 au ministre Luc Frieden, était une exception. L’affaire du SREL a par contre permis à la Chambre de redorer son blason. Toute démocratie a en effet besoin d’un Parlement fort. Il est grand temps que cette évidence s’ancre aussi au Luxembourg.

David Marques

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