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Travail clandestin : des voisins dénoncent la construction d’un abri de jardin


La construction d’un abri dans le jardin d’une copropriété a réveillé des inimitiés entre voisins.  (Photo : archives lq)

Des voisins s’affrontent autour de l’abri de jardin que voulait construire Stéphanie. Une plainte pour faux témoignage pend au nez de l’un d’eux, tandis que la prévenue clame sa bonne foi.

L’affaire ne devait être qu’une parmi d’autres au programme de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg lundi après-midi et pourtant elle a pris une dimension à laquelle personne ne s’attendait, occupant presque à elle seule toute l’audience. Le tout en raison de ce qui ressemble à un conflit de voisinage. Stéphanie est accusée d’avoir fait construire un abri de jardin par des personnes en séjour irrégulier au Luxembourg et sans autorisation de bâtir délivrée par sa commune de résidence. Des voisins ont dénoncé les faits à la police. Le chantier a été arrêté, l’abri n’a finalement jamais été construit et Stéphanie a déménagé.

«Les voisins avaient les plans. Nous devions construire une terrasse en bois. Je ne comprends pas pourquoi ils ne sont pas venus me trouver s’ils avaient des doutes», explique Stéphanie. «J’avais consulté le règlement de police des bâtisses et je n’avais pas besoin d’autorisation. À moins de m’être trompée.» Un de ses voisins, qualifié d’«exquis» par Me Lorang, qui assure la défense de la prévenue, s’est expliqué à la barre. «Je pensais qu’elle allait construire un petit abri, pas une tiny house. Elle nous en avait parlé lors d’une assemblée générale de la copropriété. Elle nous a montré des photographies de constructions qu’elle envisageait. Cela ressemblait à une résidence.»

La crédibilité du voisin en doute

De deux à quatre personnes auraient travaillé sur les lieux, selon les voisins, qui auraient également vu du matériel entrant dans la composition du béton. Or, Stéphanie l’affirme, il n’a jamais été question de faire couler une dalle en béton, mais de créer une terrasse en bois comme fondation de l’abri sur une parcelle privative de la copropriété. Elle conteste également les accusations de travail clandestin alors qu’un homme en situation irrégulière a été arrêté sur les lieux par la police. «Mieux vaut ne pas construire d’abri de jardin au Luxembourg. C’est la deuxième affaire de ce genre que nous rencontrons», plaisante le président de la 7e chambre correctionnelle alors que le ton monte entre Me Lydie Lorang et un des voisins.

La défense de Stéphanie et de son coprévenu remet largement en doute la crédibilité des propos dudit voisin et souligne «l’ambiance cordiale» qui règne dans le voisinage, où tout le monde s’épie – le voisin en question a filmé la construction – et s’accuse. Les trois avocats des prévenus ont annoncé leur intention de porter plainte contre lui pour faux témoignage.

«Toute une montagne»

Seul Macek, également prévenu, aurait aidé Stéphanie à construire l’abri. «Je ne vois pas quatre personnes. Je ne sais pas de qui mes voisins parlent», note cette dernière. Ils se seraient rencontrés dans le cadre des activités professionnelles de la prévenue et seraient devenus amis. La construction de l’abri devait être «un échange de bons procédés». Il devait lui construire l’abri, en échange de quoi elle ne lui faisait pas payer une prestation. «Il n’était pas question de faire quoi que ce soit d’interdit. C’était pour me reposer le dimanche et on en fait toute une montagne.»

La prévenue affirme ne pas savoir qui est l’homme en situation illégale arrêté dans son jardin sur dénonciation des voisins. Macek si. Il avait, dit-il, fait sa connaissance quelques semaines avant les faits et lui aurait demandé de réceptionner un sac à gravats et de montrer à l’entrepreneur où le déposer, lui-même ne pouvant pas se déplacer ce jour-là. «Je ne lui ai jamais demandé de travailler sur le chantier. À part moi, personne n’a jamais travaillé dans la parcelle», explique Macek.

«C’est étrange, des voisins ont vu de deux à quatre personnes», rétorque le président, qui se demande si le prévenu est «un ami ou un client» de Stéphanie. Le magistrat n’a pas hésité à faire part de son doute à ce sujet. «Je voulais lui rendre service en ne le faisant pas payer», répond la prévenue. Elle insiste : les images filmées par son voisin les montreraient plaisantant comme des amis.

Elle pense s’être mis à dos ses voisins après avoir constaté des irrégularités dans la gestion de la copropriété dans laquelle elle venait d’emménager et avoir obtenu qu’elles soient redressées, ce qui a fait augmenter le montant des charges. L’affaire a dû être interrompue faute de temps. Elle sera reprise pour plaidoiries le 19 décembre.

Un commentaire

  1. Du pur Courteline!
    Le Président a du passer un bon moment.

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