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Soutien à l’Ukraine : «La Hongrie doit être prête à des compromis»


Luc Frieden, ici aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz, garde espoir que les 27 parviennent à envoyer un «signal fort» à l'Ukraine. (Photo : afp)

Lors de son arrivée, à Bruxelles, pour assister à son premier sommet européen, le nouveau Premier ministre, Luc Frieden, a lancé un appel à son homologue hongrois, décidé à maintenir son veto pour un soutien approfondi de l’UE à l’Ukraine. En cas d’échec des tractations, le chef du gouvernement luxembourgeois voit «la stabilité, la sécurité et la paix» menacées sur le Vieux Continent.

Malgré l’enjeu de ce sommet européen, Luc Frieden est arrivé tout sourire et décontracté, ce jeudi matin, au bâtiment Europa, en plein coeur de Bruxelles. Le nouveau Premier ministre luxembourgeois s’est dit «optimiste» et décidé «à tout faire pour qu’un bon résultat» sorte de cette réunion cruciale des 27 chefs d’État et de gouvernement de l’UE.

Orban décidé à ne rien lâcher

Tous les yeux sont rivés sur l’Ukraine, ou mieux dit sur la Hongrie et son Premier ministre, Viktor Orban, qui maintient sa double opposition formelle à valider l’ouverture des négociations d’adhésion avec Kiev et un nouveau soutien financier de 50 milliards d’euros destiné au pays agressé par la Russie.

«Il n’y a aucune raison de discuter quoi que ce soit, car les conditions n’ont pas été remplies», a une nouvelle fois lâché le dissident hongrois avant l’ouverture du sommet. Viktor Orban se retrouve plus que jamais isolé, car les 26 autres États membres sont tous d’accord à faire un pas supplémentaire pour «démontrer à l’Ukraine et à sa population qu’ils font partie de la famille européenne», comme le souligne Luc Frieden.

Frieden renvoie vers l’élargissement de 2004

Le Premier ministre luxembourgeois souligne l’importance que l’UE envoye ce signal «à un moment crucial de l’horrible conflit» que subit l’Ukraine. «J’espère que la Hongrie a conscience de l’enjeu. Il ne s’agit pas seulement de l’Ukraine, mais il en va de l’avenir et de la stabilité de l’UE», martèle Luc Frieden.

Il n’a eu cesse de renvoyer vers les fondements de l’UE comme projet de paix, qui a permis au Vieux Continent de se doter de «stabilité, sécurité et prospérité». «Sans une UE forte basée sur nos valeurs fondamentales, on ne sera pas à même de garantir la paix et la stabilité de l’Europe», ajoute le chef du gouvernement, qui se veut résolument «pro-européen».

Dans cet ordre d’idées, Luc Frieden compte rappeler à la Hongrie son propre sort, à la sortie de la guerre froide. «Il est à espérer que (Viktor Orban) se remémore l’aide fournie en 2004 pour permettre au pays de rejoindre l’UE». «L’objectif est le même que lors de l’élargissement de l’UE vers l’Est. Il s’agit de garantir la démocratie, la paix et la stabilité pour les décennies à venir», renchérit le Premier ministre, qui compte, néanmoins, «écouter les arguments» de son homologue hongrois pour justifier son veto.

«Sans argent, l’Ukraine va s’écrouler»

D’ailleurs, l’écoute mutuelle serait un des fondements de la construction européenne. «Or, s’il existe une quasi unanimité sur un enjeu qui est aussi crucial, chacun doit être prêt à des compromis», y compris donc la Hongrie. En outre, ouvrir la porte à des négociations d’adhésion «ne veut pas dire que l’Ukraine devienne dès demain membre de l’UE. Il s’agira d’un long et compliqué processus, mais il nous faut dire aujourd’hui aux Ukrainiens qu’ils ne sont pas seuls, comme nous l’avons fait après la chute du Mur de Berlin avec les pays de l’Est», développe encore Luc Frieden.

Le Luxembourg soutient également pleinement la nouvelle enveloppe financière de 50 milliards d’euros destinée à l’Ukraine. Pour le Premier ministre chrétien-social, «le soutien politique est primordial, mais il faut aussi savoir, que si l’Ukraine se retrouve privée de moyens financiers, le pays va s’écrouler. Si elle perd la guerre, la Russie pourra continuer à appliquer sa méthode qui nous rappelle ce qui est arrivé au Luxembourg durant la Seconde Guerre mondiale».

Des tractations jusqu’à samedi inclus ?

Le sommet européen a débuté avec près d’une heure de retard sur le timing initial. Dans les coulisses, une prolongation des tractations, traditionnellement prévues sur deux jours, jusqu’à samedi n’est pas exclue. Le bras de fer avec Viktor Orban ne fait que commencer…

Frieden juge «peu idéal» le timing pour le déblocage 10 milliards d’euros pour la Hongrie

La décision de la Commission européenne est-elle susceptible d’adouber le Premier ministre hongrois ? Ou autrement dit, est-ce que Viktor Orban a réussi une nouvelle fois à faire chanter l’UE ? En tout cas, la décision, mercredi, de l’exécutif européen pour débloquer une enveloppe de 10 milliards d’euros pour la Hongrie, gelés depuis un an pour entraves à l’État de droit, interpelle.

Le Premier ministre luxembourgeois avait mis en garde de débloquer de manière «irréfléchie» ces fonds. Ce jeudi, Luc Frieden s’est montré peu enthousiaste par la décision de la Commission, pourtant basée sur des avancées jugées suffisantes. «La présidente Ursula von der Leyen m’a assuré que la Hongrie remplit désormais les conditions posées. Il ne faut pas oublier pour autant que quelque 20 milliards d’euros supplémentaires restent toujours bloquées. Il n’en demeure pas moins que le timing pour cette décision est peu idéal», est-il venu commenter à son arrivée au sommet européen.

En même temps, le Premier ministre a appelé à «ne pas mélanger» le déblocage de ces fonds et le veto hongrois pour approfondir le soutien à l’Ukraine. «L’enjeu est plus important qu’une simple décision administrative. Il nous faut clamer notre plein soutien à l’Ukraine. L’UE n’est pas à considérer comme simple club qui distribue de l’argent», conclut Luc Frieden.

Pour l’instant, la délégation hongroise exclut que la concession financière faite par la Commission européenne aura une influence sur sa position par rapport au dossier ukrainien.

 

 

 

 

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