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[Sélection nationale] Yvandro Borges peut-il en faire un peu plus?


(Photo : afp)

Yvandro Borges, dont le talent s’affine à chaque rassemblement, doit désormais apprendre à maintenir un niveau d’excellence sur la durée.

Yvandro Borges a beau avoir trouvé un temps de jeu largement supérieur au NEC Nimègue (1 titularisation, 6 entrées en jeu, 174 minutes de temps de jeu) depuis son transfert hivernal que ce qui était son ordinaire au Borussia Mönchengladbach, son statut reste le même en Division 1 de club pro : celui d’un garçon qui sort du banc. Est-ce que cela se voit en sélection nationale, où il est là, par contre, titulaire quasi indiscutable? Parfois, oui.

La veille, en conférence de presse, Luc Holtz avait redit à quel point ce garçon ne connaît pas la pression, qu’il faut lui laisser la liberté d’aller provoquer son défenseur et que la seule vraie consigne qu’il recevait systématiquement, c’était de ne pas faire n’importe quoi n’importe où. Résultat, dans le match le plus important des Roud Léiwen depuis la Slovaquie, Yvandro, en voulant trop bien faire, a failli tirer une balle dans le genou de l’équipe en dribblant devant sa surface et deux défenseurs, dès la 7e minute. Sauvé par un grand frère, Kiki Martins, à qui il arrivait, à son âge, de commettre exactement les mêmes bévues et qui a pris le temps d’apprendre.

Ce n’est pas la seule fois, notamment en première période, où l’ailier a été léger dans ses duels. Ni qu’il a (dans une moindre mesure) mis l’équilibre de l’équipe en péril. Au point que sa prestation a semblé bien légère sur 50 % de la rencontre, malgré des replacements défensifs logiques et bien tenus.

Et puis, il y a eu ce moment de grâce de la 51e : il se retourne vite, avec des appuis courts, pour partir à l’opposé de là où son adversaire direct, Otar Kakabadze (Cracovie), l’attend, trouve le coup de reins nécessaire pour éliminer un deuxième Géorgien, Giorgi Kochorashvili (Levante), et centrer parfaitement en retrait. Là, il faut une parade en or du portier pour empêcher Barreiro de faire 1-1 en reprenant simplement du plat du pied. Voilà : invisible pendant 50 minutes et d’un coup, l’exploit à lui seul. Ou presque l’exploit puisque tout ne dépendait pas de lui.

A-t-il trop de responsabilités? Oui

Est-ce que cela suffit? Est-ce que les Roud Léiwen, désormais capables de regarder les équipes classées jusqu’au 30e rang mondial à peu près les yeux dans les yeux quand ils sont dans un bon jour, peuvent – et même doivent – compter sur un deuxième homme capable de tout faire basculer sur une fulgurance même en étant très moyen? On pensait le rôle dévolu à Gerson Rodrigues (qui l’est de moins en moins souvent, «moyen») et l’on se souvient qu’en d’autres temps, le sélectionneur indiquait d’ailleurs qu’il fallait savoir accepter les passages à vide de son n° 10 et le laisser sur le terrain pour pouvoir bénéficier de sa classe ponctuellement. Même logique pour Yvandro?

«Moi, je continue de penser qu’on en fait un titulaire à un âge où il ne devrait pas l’être encore, tranche notre chroniqueur, l’ancien coach de la Jeunesse, du F91 et du Fola, Sébastien Grandjean. Et ce n’est pas lui manquer de respect que de le dire. La preuve, en club, il avance tranquillement dans un championnat où on laisse beaucoup plus d’espaces aux attaquants, qui marquent tous beaucoup plus quand ils arrivent en Eredivisie (NDLR : hormis visiblement le Messin et Géorgien Mikautadze, qui n’a pas su exister à l’Ajax Amsterdam). Après… est-ce qu’il y a d’autres solutions? Mais est-ce qu’il a fait un bon match? Non. Est-ce qu’il a aidé l’équipe? Non. A-t-il trop de responsabilités? Oui. Par contre, bien sûr que le Luxembourg a besoin de lui. Bien sûr qu’il rendra de grands services. Mais sur ce match, il y avait peut-être des besoins plus spécifiques.»

Il y a bien un jour où le côté décisif d’Yvandro Borges l’emportera sur ses errements. Comme avec Gerson Rodrigues. En attendant, il va devoir continuer à vivre avec une critique sans doute un peu trop tranchante pour un gamin de 19 ans, mais dont la classe énorme s’accommodera bien de vivre avec les attentes qu’elle suscite. Même si elles sont démesurées.

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