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Prédicateur de l’Octave : «Un honneur» pour ce diacre de Dudelange


Aux baptêmes qu’il célèbre, ce diacre-musicien gratte volontiers sa guitare pour accompagner l’arrivée des familles. 

Le diacre dudelangeois Fränk Strock fait partie des 12 prédicateurs de l’Octave qui débute ce samedi. Une fierté pour cet éducateur et père de famille, qui a très tôt ressenti «l’appel».

C’est une première. Cette année, l’archevêque de Luxembourg a choisi de confier la prédication de l’Octave, plus grand événement religieux du pays avec 90 000 pèlerins, à la communauté des diacres. Ainsi, il n’y aura pas un seul prédicateur, mais une douzaine, tous mariés et parents, certains exerçant encore un emploi civil en parallèle de leur engagement pastoral.

Une décision qui s’inscrit dans la continuité de la stratégie engagée depuis 2021 vers plus de modernité avec la première femme prédicatrice, Milly Hellers. Cette fois, on devine la volonté de se rapprocher du quotidien des fidèles puisque, contrairement aux prêtres, les diacres mènent une vie qui ressemble en tous points à la leur, avec famille, travail et loisirs.

Ils sont actuellement 23 sur tout le territoire à avoir choisi le diaconat et 12 d’entre eux auront la chance de prononcer leur sermon lors de l’Octave. Originaire de Dudelange, Fränk Strock, diacre des paroisses d’Esch-sur-Alzette, Sanem, Mondercange et Schifflange, fait partie des heureux élus.

Je sentais bien qu’il manquait une pièce au puzzle

À 60 ans, ce mari et père de trois enfants, déjà grand-père de trois petits-enfants, aborde cet événement avec sérénité. Comme un joli cadeau pour fêter le dixième anniversaire de son ordination. «C’est un honneur», confie-t-il, ému. «Mais j’y vois avant tout une valorisation du diaconat et ça, c’est très positif. Car notre mission est largement méconnue, voire encore mal vue par certains prêtres.»

Une ouverture nécessaire selon lui, qui se sent particulièrement proche des gens. Il faut dire que la composante sociale a marqué l’ensemble du parcours professionnel de cet éducateur gradué de formation. D’abord employé à l’institut Saint-Joseph pour encadrer des enfants placés, Fränk Strock a accompagné par la suite des familles en difficulté, avant d’intervenir auprès de chômeurs de longue durée. Il est aussi formé à la gestion positive de conflits.

«Aider les gens à s’aider eux-mêmes, c’est ce que j’ai toujours fait. Et ce sera d’ailleurs le thème de mon homélie», souffle-t-il. Adolescent, il raconte avoir été très inspiré par le père Guy Gilbert, ce prêtre français en blouson de cuir qui venait en aide aux jeunes marginalisés.

«J’ai ressenti un fort appel pour l’engagement social à ce moment-là, et ça ne m’a jamais quitté», explique-t-il. Des expériences précieuses, tant professionnelles que familiales, qui nourrissent désormais sa pratique.

Pourtant, son chemin vers Dieu était loin d’être tout tracé. Né à Esch dans une famille non pratiquante, il n’a jamais envisagé le séminaire, malgré sa foi déjà très présente à l’époque du lycée. «Il n’y avait qu’avec ma grand-mère que je partageais ça», se souvient-il.

«Quand j’étais petit, on prenait le train depuis Munsbach où elle habitait, jusqu’à Luxembourg, pour assister à la messe de l’Octave et faire un tour au Mäertchen.» De doux souvenirs qui lui reviennent alors qu’il s’apprête à endosser le rôle de prédicateur.

À peine diplômé, Fränk Strock se marie avec une jeune femme rencontrée dans son groupe de prière, et connaît les joies de la paternité deux ans plus tard. Une vie heureuse et bien remplie, entre ses activités à la paroisse et son travail, qui, à l’aube de ces 50 ans, va prendre un tournant inattendu : «Au fond de mon cœur, je sentais bien qu’il manquait une pièce au puzzle. C’était ça. J’allais servir Dieu pour le reste de ma vie.»

Lui qui avait passé tant d’années à apprendre aux autres à s’écouter, s’autorise enfin à s’écouter lui-même. Il se forme pendant trois ans en Belgique avant d’être ordonné diacre en 2014. L’un de ses moments «Thabor» comme il aime les appeler, en référence au mont où se manifesta la gloire de Jésus, selon la Bible. «Couché au sol, j’ai ressenti cette caresse de Dieu», décrit-il, de l’émotion plein la voix.

Dans le futur, il compte continuer à œuvrer pour ses paroisses, avec l’ambition de parvenir à recréer du lien et de véritables communautés locales. Ce qui s’est perdu de nos jours, regrette-t-il.

«Nous, les diacres, ne faisons pas partie du clergé. Ce qui nous offre une grande liberté», avance-t-il. «Si nous voulons que nos paroisses vivent, c’est à nous de relever ce défi.»

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