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Policiers retirés : les édiles de Dudelange visent encore Gloden


Le déploiement dans la capitale de policiers issus de l’ensemble du pays continue à créer des remous à Dudelange, mais aussi dans d’autres communes sudistes. (Photo : fabrizio pizzolante)

Le ministre des Affaires intérieures va réceptionner sous peu un deuxième courrier de protestation signé par le collège échevinal de la Forge du Sud. Une large majorité du conseil communal (LSAP, déi gréng, déi Lénk) insiste pour qu’il soit mis fin à la mobilisation d’agents rattachés au commissariat de Dudelange, déployés depuis février dans les rues de la ville de Luxembourg.

Une visite du ministre des Affaires intérieures est attendue dans le courant de cette semaine au commissariat de police de Dudelange. Officiellement, il s’agira d’un passage en revue des effectifs, avec dans la foulée un échange sur la construction d’un nouveau poste place Fohrmann. Il reste à savoir si les agents feront remarquer à Léon Gloden (CSV) la surcharge de travail qu’ils subissent depuis le retrait, à tour de rôle, de collègues pour alimenter le dispositif policier renforcé à Luxembourg.

En tout cas, la position d’une majorité des responsables politiques de la Forge du Sud est claire et nette. Vendredi, le conseil communal a adopté une deuxième motion, encore introduite par déi gréng, dans laquelle le ministre en charge de la sécurité intérieure est une nouvelle fois invité à mettre fin au déploiement de policiers d’autres communes et régions du pays afin d’appliquer l’interdiction de la mendicité, dite «agressive» et «organisée», mais aussi d’autres formes de criminalité dans deux quartiers de la capitale (trafic de stupéfiants, proxénétisme, immigration dite illégale).

Une première réponse «décevante»

La réponse du ministre à une première lettre de protestation, envoyée le 15 février, est qualifiée de «décevante» au vu de son caractère «évasif» ainsi que des «formulations vagues, qui comprenaient, au surplus, des piques politiques» contre déi gréng et le LSAP, résume Yves Steffen, conseiller communal de déi gréng. «On ne peut pas se contenter de cette réponse lapidaire», conclut-il.

À l’image du LSAP du député-maire Dan Biancalana (LSAP), l’élu vert fustige également le conditionnel employé dans la lettre de réponse du ministre Gloden par rapport aux inquiétudes exprimées par le conseil communal. «Nous ne sommes pas pris au sérieux», renchérit Carole Thoma, conseillère déi Lénk.

Autre point de critique, cette fois formulé par le bourgmestre : «Le ministre répond en s’adressant à moi en tant que député qui a bien participé aux réunions à huis clos en commission parlementaire, où des détails sur la composition du dispositif ont été livrés. Or les membres du conseil communal n’ont pas connaissance de ces chiffres. Et le ministre ne livre pas de détails sur le nombre d’agents retirés du commissariat de Dudelange.»

«En tant que représentants de la population de Dudelange, il faut souligner que nous sommes dépendants des policiers de la région Sud-Ouest», reprend Yves Steffen, qui ajoute : «Dans les faits, il s’agit bien d’un retrait d’agents, peu importe ce que clame le ministre.»

CSV, DP et ADR opposés à la motion

Siégeant dans l’opposition, le CSV, emmené par Michèle Kayser-Wengler, continue à défendre la mesure décidée par son collègue de parti Léon Gloden. «Si un jour un problème majeur existait à Dudelange, on serait aussi content de pouvoir bénéficier du soutien de policiers venus d’autres communes», souligne la conseillère. Le seul élu du DP, l’autre parti présent au gouvernement, ainsi que l’ADR n’ont, eux aussi, rien trouvé à redire au dispositif.

Au contraire du LSAP, de déi Lénk et de déi gréng, qui ont adopté la motion dans laquelle le ministre des Affaires intérieures est une seconde fois poussé à revenir sur le retrait d’agents du commissariat de Dudelange, à fournir des chiffres concrets, à livrer une «évaluation objective» de la mesure et à établir un «bilan complet» de l’apport du dispositif de police renforcé dans la capitale.

Des remous aussi à Esch,
Differdange, Pétange et Kayl

L’initiative lancée début février par la section de déi gréng à Dudelange a inspiré d’autres édiles du sud du pays pour réclamer la fin du retrait de policiers de la région Sud-Ouest afin qu’ils soient intégrés à l’opération «spéciale» dans la capitale.

À Esch-sur-Alzette, la deuxième ville du pays, le bourgmestre Christian Weis (CSV) – qui forme une coalition avec le DP et déi gréng – a relativisé, début mars, la mobilisation de policiers sudistes, en réponse à une requête acerbe de Marc Baum (déi Lénk). Jean Weiler, le bourgmestre chrétien-social de Kayl-Tétange, a eu une argumentation semblable courant mars, en dépit des doutes émis par son partenaire de coalition LSAP.

La semaine écoulée, le bourgmestre de Pétange, Jean-Marie Halsdorf (CSV), en alliance avec le LSAP, a qualifié d’«absurdité» la demande par le Parti pirate d’un arrêt du retrait d’agents du commissariat local. Selon des éléments internes obtenus par Le Quotidien, la grogne monterait toutefois à l’intérieur de la police locale, qui fustige le risque d’une présence a minima d’agents courant avril dans la cinquième ville du pays.

À Differdange, le bourgmestre socialiste Guy Altmeisch, lui-même ancien policier, a nagé à contre-courant de son homologue dudelangeois Dan Biancalana. «Aucun ministre ne met sciemment en danger la sécurité dans la troisième ville du pays afin d’effectuer des contrôles antimendicité et antistupéfiants dans la capitale. L’impact du retrait d’agents est minimal», a affirmé le bourgmestre dans les colonnes du Wort.

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