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Logement : une discussion sans les syndicats


Les représentants du secteur privé ont pu échanger avec les membres du gouvernement hier sur la problématique du logement.  (Photo : sip/claude piscitelli)

Le Premier ministre a réuni autour de lui, à Senningen, représentants des communes et du secteur privé. Les syndicats sont restés devant des portes closes.

Journée studieuse au château de Senningen, hier. Le gouvernement avait invité le Syndicat des villes et communes luxembourgeoises (Syvicol) et les représentants du secteur privé (notamment de la construction, de l’artisanat et du secteur bancaire) pour évoquer la situation du logement dans le pays. Les syndicats, eux, n’étaient pas conviés à ce rendez-vous pourtant très important où le gouvernement a présenté les grandes lignes de ses futures actions et, surtout, réfléchi des possibilités de leurs mises en œuvre avec ses interlocuteurs. 

Des mesures pour le logement à court terme, mais aussi plus structurelles, avaient été présentées par Luc Frieden à la toute fin du mois de janvier. Cette présentation avait permis notamment de découvrir de nouvelles mesures fiscales incitatives pour ceux qui voulaient accéder à la propriété : aides variées, crédits d’impôt, primes, augmentation du taux d’exemption des revenus issus de la gestion locative sociale, élargissement de l’éventail d’acquéreurs pour des habitations à prix modérés, acquisition par l’État de logements et investissements dans la construction, prêts immobiliers garantis par l’État… Les initiatives étaient nombreuses.

Il y a deux semaines et demie, le Premier ministre avait aussi annoncé l’organisation de cette réunion nationale pour le logement qui a eu lieu jeudi. «L’objectif sera d’accueillir plus d’acteurs autour de la table afin de concrétiser les mesures sur le terrain», avait-il annoncé. Il avait aussi prévenu que le rendez-vous n’allait pas être construit sous la forme d’une tripartite. De quoi rendre amers les syndicats (CGFP, LCGB et OGBL) qui ont signé hier un communiqué commun pour regretter ce «huis clos», cet entre-soi quelque peu dérangeant. Ils demandent l’organisation d’une «tripartite logement» le plus rapidement possible.

Des groupes de travail sans syndicats

Les trois grands syndicats ont souligné, qu’à cette rencontre de Senningen, étaient présents l’association des banques (ABBL) et l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL). Ces dernières organisations ont pu rencontrer sept ministres lors de l’entrevue avec la «moitié du gouvernement», écrivent-ils avec ironie. Et les représentants des salariés dans tout ça ? «Absents», lancent la CGFP, le LCGB et l’OGBL. Alors qu’eux aussi sont au cœur de la tempête provoquée par la crise du logement : entre ceux qui ont perdu leur emploi à cause des faillites, ceux qui cherchent désespérément à trouver un appartement ou une maison à acheter, ceux qui voient leurs dossiers rejetés par les banques malgré parfois des salaires confortables, ceux qui ont aussi du mal à louer un logement décent…

L’objectif de la grande réunion d’hier était d’analyser comment les mesures de logement prévues dans l’accord de coalition pourraient être mises en œuvre. «Construire, construire et encore construire», tel est toujours le credo du gouvernement qui souhaite relancer la machine particulièrement grippée de ce secteur, entre des taux d’intérêt très élevés et des prix toujours astronomiques pour beaucoup. L’idée était de rassembler tous les acteurs (pouvoirs publics et opérateurs privés) pour créer un catalogue de mesures et un calendrier concret.

Où est le dialogue social ?

Le gouvernement peut-il y arriver sans les trois grands syndicats comptant 155 000 adhérents ? La CGFP, le LCGB et l’OGBL pensent bien sûr que non. Le gouvernement a-t-il décidé de les court-circuiter ? Car des groupes de travail ont été mis en place par les participants hier, avant une présentation des mesures au Parlement. Les syndicats se sentent aujourd’hui mis hors-jeu. Où est le dialogue social pourtant promis par la coalition CSV-DP, se demandent-ils.

Pourquoi les syndicats ne sont pas acceptés alors que le président de l’UEL, Michel Reckinger, a présidé la délégation «secteur logement» face aux membres du gouvernement ?  Une proximité qui agace de plus en plus les syndicats. Ces derniers veulent une tripartite pour que le Premier ministre et son équipe puissent discuter avec des personnes n’ayant pas forcément les mêmes idées qu’eux. Un point important pour avancer et réussir à surmonter cette crise. Ensemble.

Jeudi, l’UEL s’est, de son côté, réjouie de la rencontre. «Les acteurs privés du secteur du logement ont proposé des solutions au gouvernement pour augmenter l’offre de logements, y compris abordables, et pour accélérer et moderniser les procédures», a indiqué l’association patronale. Elle a annoncé que les groupes de travail dévoileront leurs idées dans un délai de trois mois. Des idées imaginées sans les syndicats.

Un commentaire

  1. Patrick Hurst

    D’un côté l’absence des syndicats fait plus que Tâche d’huile… De l’autre, où est la conformité à la politique européenne?
    En effet, injecter encore plus de capital à crédit dans l’immobilier contribue à renflouer les bénéfices des banques, des gros propriétaires fonciers, etc. et revient in fine à contribuer à l’inflation galoppante et ainsi contrecarrer les efforts anti-inflationnistes de la BCE!
    M. FRIDEN: Quant dans la capitale, de petites chambres sont louées à 1100 Euros et plus, c’est tout simplement non-chrétien et amoral!
    M. BETTEL: La liberté de fixer des prix à la hausse s’arrête là où les mendiants (gentiment expulsés de notre bourg) dorment sous les ponts!
    En bref: il faut réguler!

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