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Vote des résidents étrangers : l’Europe ne mobilise pas assez


Les résidents issus d’un autre État de l’UE ont jusqu’à lundi, 17 h, pour s’inscrire sur les listes électorales. Au 15 mars, le taux d’inscription pointait à 15,5 %, contre 13,2 % en janvier et 11,7 % en 2014.

Tous les ressortissants de l’UE résidant au Luxembourg peuvent participer aux élections européennes, que ce soit au Grand-Duché ou dans leur pays d’origine.» Le ministre de la Famille, Max Hahn (DP), également en charge du ressort «Vivre ensemble», lançait, à la mi-janvier, un appel à l’ensemble des quelque 175 400 étrangers majeurs ressortissants d’un État de l’UE.

L’importante mobilisation placée sous le slogan «Au cœur de l’Europe, je vote» ne se traduit cependant pas encore dans le nombre d’inscriptions sur les listes électorales, passage obligatoire pour pouvoir participer au scrutin du 9 juin. Sollicité par Le Quotidien, le ministère de tutelle de la campagne «Je peux voter» indique qu’à la date du 15 mars, à peine 356 citoyens éligibles ont fait la démarche (lire également ci-contre).

«Heureusement», il y a le contingent des 23 200 inscrits pour les européennes de 2019, dispensés de faire une nouvelle démarche. Et puis, entre le 15 mars et la date butoir du 15 avril, soit lundi prochain, il restait un peu plus de quatre semaines pour ceux qui n’avaient pas encore sauté le pas.

Comment s’inscrire?

www.jepeuxvoter.lu

Pas de «double vote» : «Il faut poser un choix»

Les ressortissants de l’UE ont le choix de voter soit dans leur pays de résidence, soit dans leur pays d’origine. «L’ambassadeur belge m’a dit que bon nombre de citoyens belges habitant au Luxembourg ont contacté l’ambassade, car ils pensaient pouvoir voter à la fois au Grand-Duché et au Royaume. Or il faut poser un choix», relate Anne Calteux.

Ceux qui préfèrent voter dans leur pays doivent passer par leur ambassade pour s’inscrire sur les listes électorales. En Belgique, la date butoir était fixée au 29 février. Les ressortissants français ont jusqu’au 3 mai pour s’inscrire. Au Portugal, l’inscription sur les listes électorales est automatique, y compris pour les ressortissants qui vivent dans un autre pays de l’UE.

Plus d’informations sur elections.europa.eu/fr

«L’enjeu de ce scrutin est sans précédent»

Mais les quelques centaines de nouveaux électeurs étrangers suffisent déjà à faire augmenter le taux d’inscription de 11,7 % en 2019 à 15,5 %. «Ce bilan intermédiaire est positif, même si on espère vraiment que les inscriptions vont encore augmenter. Il faut voir ce qui s’est passé lors du dernier mois», note Anne Calteux, la représentante de la Commission européenne au Luxembourg.

La diplomate souligne une nouvelle fois l’importance qu’un maximum de citoyens participe au renouvellement du Parlement européen. «L’enjeu de ce scrutin est vraiment énorme. Je dirais même que les élections ont lieu dans un contexte de tensions sans précédent. On ressent une inquiétude grandissante parmi les citoyens, en raison des crises à répétition auxquelles l’Europe est confrontée depuis 2019», affirme celle qui a été, au plus fort de la pandémie de covid, le bras droit de la ministre de la Santé, Paulette Lenert.

Comme bon nombre de pro-Européens, Anne Calteux lance une mise en garde contre la vague extrémiste qui risque de déferler sur l’UE : «Le terrain est propice pour une polarisation et une division de la société. Cela risque de profiter à ceux qui remettent en question les valeurs que défend l’UE.»

Aux côtés des candidats en lice pour les élections du 9 juin, dont l’ensemble des six eurodéputés sortants du Luxembourg, la représentante de la Commission est aussi engagée sur le terrain pour sensibiliser autant qu’elle peut les électeurs nationaux et les expatriés issus de l’UE, dont ceux qui travaillent dans les institutions européennes basées au Grand-Duché.

Si les inscriptions des résidents non luxembourgeois restent somme toute limitées, Anne Calteux attire l’attention sur le fait que les citoyens éligibles peuvent poser un choix : voter dans leur pays d’accueil ou dans leur pays d’origine. «Encore mardi, j’étais en visite à la Cour des comptes de l’UE. Bon nombre de ses agents m’ont dit qu’ils comptaient voter dans leur pays d’origine. Pendant la campagne, j’ai néanmoins aussi pu croiser des citoyens qui, habitant depuis de très nombreuses années au Luxembourg, décident de s’intégrer davantage en s’inscrivant sur les listes électorales», témoigne la diplomate.

Au Luxembourg, quelque 27 200 expatriés inscrits

À la date du 15 mars, 27 191 résidents issus d’un autre État de l’UE étaient inscrits sur les listes électorales. Ce qui signifie qu’à peine 356 nouvelles inscriptions sont intervenues depuis début janvier.

Le taux d’inscription provisoire s’établit à 15,5 %, soit une hausse de 3,8 points par rapport aux européennes de 2019, où 11,7 % des expatriés «UE» étaient inscrits. Au total, 175 386 résidents non luxembourgeois éligibles peuvent s’inscrire pour participer au scrutin.

Le 9 janvier, 26 825 résidents figuraient sur les listes, dont les 23 200 qui étaient déjà inscrits en 2019. La progression entre ce chiffre et les 27 191 inscrits au 15 mars diffère légèrement du chiffre livré par le ministère (+366 contre +356). «Cette différence s’explique par différents facteurs. Il se peut par exemple que des citoyens inscrits soient décédés», renseigne un porte-parole.

En 2019, 23 200 expatriés issus d’un pays de l’UE ont voté au Luxembourg, contre 21 650 en 2014.

Finalement, ce sont 13 partis qui s’élancent

Aujourd’hui, en début d’après-midi, les 13 partis qui tenteront de décrocher un des six sièges attribués au Luxembourg connaîtront le numéro de leur liste, qui sera tiré au sort. Il s’agit des sept formations représentées à la Chambre (CSV, DP, LSAP, déi gréng, ADR, déi Lénk et Parti pirate), rejointes par Fokus, Volt, le KPL, déi Konservativ, Mir d’Vollek et le tout nouveau mouvement Zesummen – d’Bréck.

La présence de 78 candidats est-elle un bon signe? «Dans l’intérêt de notre démocratie, il est toujours bon que de nouveaux partis se créent. Mais ces formations doivent avoir de la substance. Je dois néanmoins encore étudier les programmes respectifs pour voir si tous ces partis sont aussi pro-européens», répond dans un premier temps Anne Calteux. «Mais, enchaîne-t-elle, cela fait partie du débat démocratique cher à l’Europe. Il faut respecter les avis divergents sans mettre un parti à l’écart, et faire face, échanger avec eux afin de tenter de comprendre leurs arguments. De leur côté, ils doivent aussi accepter des arguments pro-européens.»

La campagne électorale commencera officiellement le 6 mai. Plus de 285 500 électeurs luxembourgeois seront appelés aux urnes un mois plus tard. Au cours de la semaine à venir, le nombre définitif d’inscrits étrangers devrait être annoncé. La campagne appelant à participer aux élections communales de juin 2023 avait connu une véritable accélération dans la dernière ligne droite.

L’UE doit aussi parvenir à mobiliser pour les élections de juin les millions de citoyens européens vivant hors de ses frontières.

De 25 à 30 millions d’électeurs hors de l’UE

Entre les Européens expatriés et ceux possédant la double nationalité (celle du pays tiers dans lequel ils résident et celle de l’un des 27 États membres), on estime que l’Europe compte entre 25 et 30 millions de citoyens vivant en dehors de ses frontières. «C’est l’équivalent de la population du Benelux!», commente Christian Gsodam, conseiller principal en stratégie de communication au Service européen pour l’action extérieure (SEAE), le service diplomatique de l’UE.

Ces Européens sont évidemment en droit de participer aux élections européennes qui se tiendront du 6 au 9 juin. Celles-ci se déroulant selon les normes nationales des pays membres, les ambassades sont en charge d’informer les électeurs des règles auxquelles ils sont soumis pour y participer. Par exemple, dans certains pays, il faut s’inscrire sur une liste électorale, tandis que pour d’autres, cela n’est pas nécessaire.

Difficile de donner aujourd’hui une tendance concernant les votes à venir ou le poids de ces électeurs dans les élections européennes, d’autant qu’ils constituent des cas très différents les uns des autres. Par exemple, l’UE a noté qu’au Royaume-Uni, où vivent sept millions de citoyens européens, la société civile (avec laquelle elle maintient d’étroits contacts nonobstant le Brexit) est très en demande d’informations et très impliquée vis-à-vis des élections à venir. L’intérêt y est indubitablement plus fort que pour des citoyens pour qui la distance physique et parfois culturelle avec l’Europe affaiblit le lien potentiel. Une certitude toutefois : «Nous constatons sur le terrain que la majorité de ceux qui votent le font en faveur de « plus d’Europe », d’une Union plus forte, et pas pour moins d’Europe», relève Christian Gsodam.

Pour intéresser ces citoyens, l’UE, en collaboration avec les États membres, a redoublé d’efforts, notamment en essayant de mieux faire connaître les bénéfices qu’il y a à être citoyen européen, même quand on vit dans un pays tiers : droit à la protection consulaire (où que l’on se trouve dans le monde, tout citoyen européen peut se rendre dans l’une des 144 ambassades de l’UE ou dans n’importe quels ambassade ou consulat des 27 pays membres pour demander une assistance, même s’il ne s’agit pas de celle ou celui de son pays); aide en cas de danger (par exemple, l’UE a participé au rapatriement vers des endroits plus sûrs de citoyens lors du covid); défense des droits humains…

T. S.

2 plusieurs commentaires

  1. Eng Sauerei……..

  2. Quand on entend les insanites de cette calteux…on a envie de dessinee un pigeon sur le bulletin de vote

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