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Les ennuis continuent pour Simone Beissel


Un mois après la diffusion de l’émission incriminée avec Simone Beissel, le Conseil de l’autorité luxembourgeoise ouvre une instruction.  (Photo : archives lq/françois aussems)

Le Conseil de l’autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel (ALIA) a décidé d’ouvrir une «instruction formelle» par rapport à l’émission et aux propos tenus sur les mendiants.

L’émission a été enregistrée le 19 janvier au domicile de l’ancienne eurodéputée CSV Astrid Lulling à Schifflange, d’où elle commente l’actualité en compagnie de son amie députée Simone Beissel. Le dérapage se produit au moment d’aborder le thème de l’interdiction de la mendicité dans la capitale.

La députée parle des Roms qui s’adonnent à la mendicité agressive depuis une dizaine d’années, se vante de nourrir les mendiants comme on alimente du bétail, avant de présenter ses excuses, un mois plus tard.

Il s’est écoulé un mois avant que l’émission Riicht eraus se fasse repérer sur la toile et déclenche aussitôt un flot de critiques émanant de toutes parts. Simone Beissel a reconnu des interventions «déplacées tant dans le ton que dans le choix des mots».

Elle «partage entièrement la dignité de l’être humain, le respect des autres et l’engagement en faveur des plus faibles dans notre société», déclarait-elle sur Facebook.

L’élue libérale espérait sans doute mettre fin à la polémique en retirant également la vidéo de l’enregistrement de sa page Facebook, mais l’affaire la poursuit. Après le centre pour l’égalité de traitement (CET) qui estime «plus que problématique le fait d’accuser toute une communauté ethnique d’être à l’origine d’une mendicité organisée et agressive» et qui condamne fermement ces déclarations, c’est le Conseil de l’autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel (ALIA) qui se réveille.

En charge de la surveillance des contenus diffusés dans les programmes télévisés sous concession luxembourgeoise, l’ALIA a décidé d’ouvrir «une instruction formelle» par rapport au contenu diffusé dans l’édition de janvier 2024 de l’émission Riicht eraus sur Apart TV.

«Il s’agira d’analyser si le contenu du programme en cause est conforme aux règles qui s’appliquent aux contenus des services de médias audiovisuels ou si le fournisseur du service a violé les règles qui lui sont applicables en diffusant cette émission.»  

L’ALIA décidera si oui ou non, des sanctions doivent être prononcées, qui vont du simple blâme au blâme avec lecture obligatoire d’un communiqué à l’antenne, en passant par une amende de l’ordre de 250 à 25 000 euros.  

Autosaisine de l’ALIA

En avril 2014, le Conseil de gouvernement a accordé une concession pour un service de télévision généraliste luxembourgeois sous la dénomination «Apart TV», diffusé 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Le service se compose d’émissions culturelles, commerciales, de divertissements et de «lifestyle».

Il tombe sous la surveillance de l’ALIA, qui veille, parmi ses missions, à ce que les programmes diffusés respectent un certain nombre de critères : respect de la dignité humaine, aucune incitation à la violence ou à la haine, aucune provocation publique à commettre une infraction terroriste, et respect des dispositions relatives à la protection des mineurs.

Un mois après la diffusion de l’émission, une instruction est donc ouverte. La dernière sanction prononcée par l’ALIA remonte à l’été dernier et s’adressait à RTL radio pour avoir invité François Bausch à une émission la veille des élections communales.

Pendant une heure, dans l’émission Background am Gespréich, le ministre déi gréng avait pu s’exprimer sur de grands sujets, dont la mobilité qui concerne en premier lieu les communes. Le journaliste a eu le sentiment d’avoir respecté son devoir d’impartialité, comme le lui impose l’article 4 du cahier des charges de RTL, mais l’ALIA était d’un autre avis.

De nombreuses plaintes déposées par des auditeurs ou téléspectateurs sont classées sans suite, déclarées «sans fondement» ou «inadmissibles». Ce fut le cas dernièrement avec la plainte du parti ADR à la suite d’un reportage de RTL dont les recherches démontraient ses liens avec Civitas, un mouvement français qui est considéré comme étant intégriste catholique, actif également en tant que parti politique d’extrême droite du même nom.

Rien, dans le reportage, n’était «de nature à caractériser l’incitation à la haine fondée sur les opinions politiques, une diffamation ou une injure», pour reprendre les griefs des plaignants.

Dans le cas de Simone Beissel, il n’y a pas eu de plainte. L’ALIA s’est autosaisie. Elle prendra sa décision «une fois tous les éléments de l’instruction rassemblés».

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