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Le Luxembourg, pays des «travailleurs pauvres» ?


Plus de 103 000 personnes vivent aujourd'hui sous le seuil de pauvreté au Luxembourg. Photo unsplasch

Caritas alerte sur le phénomène des «travailleurs pauvres», qui prend de l’ampleur au Luxembourg ces dernières années. Nombreux sont les résidents du pays à vivre sous le seuil de pauvreté alors qu’ils travaillent.

Le titre de ce papier peut prêter à sourire. Et pourtant. Si le Luxembourg dispose d’un des meilleurs salaires sociaux minimum d’Europe, la proportion de «travailleurs pauvres» ne cesse d’augmenter ces dernières années dans le pays, selon une récente publication de Caritas Luxembourg, qui souhaite alerter sur ce phénomène. 

Selon les statistiques d’Eurostat, en 2020, le pourcentage de personnes actives qui vivent sous le seuil de pauvreté au Luxembourg était de 11,9%, contre 9,3% en 2007, soit une progression de 2,6% en 13 ans. Le Grand-Duché occupe ainsi la deuxième place derrière la Roumanie des pays européens présentant le risque le plus élevé de «pauvreté laborieuse» dans l’UE. Une place pas vraiment reluisante. 

C’est quoi, la «pauvreté laborieuse» ?

Le phénomène des «travailleurs pauvres», aussi appelé «pauvreté laborieuse», désigne les personnes dont le revenu mensuel brut est inférieur à 60% du revenu médian, malgré leur emploi. Au Luxembourg, cette limite a été fixée en 2020 pour les revenus nets à 1 942 euros par mois, pour un ménage d’une personne. 

Pour Caritas, c’est simple, le salaire social minimum n’est pas suffisamment élevé pour sortir les gens de la pauvreté. «Son niveau se fixe quasiment au seuil de pauvreté au Luxembourg.». 

Pour rappel, le salaire social minimum se situe à 2 313,38 euros pour un travailleur non-qualifié et 2 776,05 euros pour une personne qualifiée. Or, le budget de référence pour mener une «vie décente et socialement inclusive» au Luxembourg est lui fixé à… 2 115 euros.

Quels ménages sont les plus concernés ?

Selon les données du Statec, 103 929 personnes vivaient en 2020 sous le seuil de risque de pauvreté monétaire, avec un taux de risque de pauvreté plus élevé chez les 18-24 ans. 

Les écarts entre nationaux et étrangers sont également importants : en 2020 toujours, le taux de risque de pauvreté des étrangers vivant au Luxembourg était deux fois supérieur à celui des nationaux (23% contre 10,6% selon le Statec). 

Près d’un travailleur sur deux qui travaillent à temps partiel ou en CDD est en situation de pauvreté laborieuse (48,5%) dans le pays. Les familles monoparentales, les non-ressortissants luxembourgeois et les travailleurs peu qualifiés ont tous un risque plus élevé de figurer parmi les «travailleurs pauvres» du Luxembourg. 

Le logement, l’épée de Damoclès  

Ces-derniers, en plus de vivre sous le seuil de pauvreté, sont aussi plus exposés au coût du logement, un sujet particulièrement sensible au Luxembourg. Il faut dire que sur la période de 2010 à 2019, les loyers annoncés affichent une croissance de 47,4% pour les appartements et de 31,3% pour les maisons. 

Une vraie souffrance pour bon nombre de ménages : selon le Liser, en 2019, plus d’un tiers des locataires ont utilisé plus de 40% de leurs revenus pour payer le loyer et le chauffage. En 2016, ce pourcentage était encore de 25%. 

Et il risque de poursuivre son ascension, au regard de la crise ukrainienne qui s’intensifie chaque jour et enflamme les prix de l’énergie dans tous les pays européens. 

Un défi majeur pour le Luxembourg 

Face à ces constats, Caritas plaide pour que cette pauvreté laborieuse soit considérée comme un défi majeur par les décideurs politiques luxembourgeois. Les dernières aides fiscales proposées par le gouvernement pour palier la hausse des prix de l’énergie et aider les ménages les plus pauvres, ne pourraient pas suffire. 

«Il est important de mettre en œuvre des politiques assurant une distribution plus uniforme des revenus», martèle l’association, qui souhaite une réforme fiscale basée sur une «véritable redistribution sociale», avec l’instauration d’un «mécanisme adaptant périodiquement le barème d’imposition au coût de la vie». 

Pour Caritas, le système fiscal devrait être conçu de manière à «exempter systématiquement les pauvres du paiement de l’impôt sur le revenu et d’autres impôts, dans la mesure du possible». Une justice sociale plus juste, pour permettre aux personnes qui travaillent… de pouvoir en vivre.

Les revendications de Caritas pour ce 1er mai

  • Partir du budget de référence pour déterminer le niveau de salaire minimum ;
  • Adapter régulièrement les allocations familiales et autres à l’évolution des prix ;
  • Une réforme fiscale avec une véritable redistribution pour plus de justice sociale ;
  • Une réforme de la formation professionnelle et l’élargissement de l’offre en formations ;
  • Un effort continu pour améliorer la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale et privée.

Un commentaire

  1. Plus on avance dans la carrière , plus les années de travail passent plus on compte , est ce normal à 54 ans d’être encore ric et rac chaque fin de mois dés le 20 ? Pas de vacances , pas de week end , pas d’achats inutiles pas de belle ou grosse voiture !!

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