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Gaz et mazout : des remises «loin d’être suffisantes»


Le gaz est aujourd’hui 15 fois plus cher qu’avant le début de la crise sanitaire. De 20 euros le MWh, on est passé à plus de 300 euros. 

L’Union luxembourgeoise des consommateurs (ULC) fustige tant les montants que la durée des réductions étatiques des prix de l’énergie. À la Chambre, des critiques sont aussi émises.

La Chambre des députés a validé cette semaine deux projets de loi qui visent à compenser l’impact de la flambée des prix de l’énergie, prioritairement pour les clients privés, mais aussi, du moins en partie, pour les entreprises.

La remise de 7,5 centimes d’euro sur le mazout a été approuvée à l’unanimité. La prise en charge par l’État des frais de réseau de gaz a reçu le feu vert de 58 des 60 députés.

Les deux textes font partie du paquet «énergie», décidé le 28 février, et du «paquet de solidarité», signé le 11 mars après des négociations tripartites. L’État débloque pour ces deux mesures une enveloppe globale de 47 millions d’euros. Un montant suffisant pour réellement venir en aide aux 59 000 ménages chauffés au mazout, notamment ?

L’Union luxembourgeoise des consommateurs (ULC) répond par la négative. D’une manière plus générale, elle estime que «les mesures (…) de la tripartite sont (…) loin d’être suffisantes pour garantir, même approximativement, le pouvoir d’achat des consommateurs».

Cette critique s’accentue en ce qui concerne l’énergie. «La subvention en soi dérisoire de 7,5 centimes par litre sur l’essence, le diesel, le mazout ne suffira pas, loin s’en faut, à compenser, ne serait-ce qu’approximativement, les hausses de prix drastiques qui ont précédé», s’emporte l’organisation dans un communiqué diffusé le 28 mars.

Nette hausse des prix ce samedi

Le 13 avril, jour d’entrée en vigueur de la remise de 7,5 centimes d’euros, le prix de l’essence était de 1,632 euro le litre (Super 95) et de 1,726 euro (Super 98). Ce samedi, un nouveau pic depuis l’introduction de la ristourne est atteint avec 1,744 euro et 1,841 euro le litre, soit 0,112 centime et 0,115 centime de plus par rapport au 13 avril.

Le diesel, parti à 1,643 euro le litre, passe ce samedi à 1,841 euro et donc 0,198 centime de plus que lors de l’introduction du rabais étatique.

Le mazout de chauffage atteint aussi un pic ce samedi avec un prix de 1,325 euro (10 ppm) et 1,319 euro (50 ppm) le litre. En principe, son prix va baisser à 1,250 euro et 1,244 euro dès lundi, date d’entrée en vigueur de la remise de 7,5 centimes.

Pour ce qui est du gaz, les prix sont aujourd’hui 15 fois plus élevés qu’avant le début de la crise sanitaire. De 20 euros le MWh, on est passé plus de 300 euros.

Encore une fois, l’ULC estime que les mesures d’aide du gouvernement «sont insuffisantes pour maintenir le pouvoir d’achat des consommateurs, compte tenu de l’inflation attendue et notamment de la hausse vertigineuse des prix de l’énergie».

Ce sont non seulement les montants des remises qui sont jugés insuffisants, mais aussi la durée des deux mesures, limitées au 31 juillet pour les carburants et au 31 décembre pour le mazout.

Les défenseurs des intérêts des consommateurs continuent à plaider pour l’introduction d’une augmentation du montant déductible des impôts, le plafonnement de tous les prix de l’énergie, la réduction des accises et de la TVA ainsi que la suspension de la taxe CO2, «comme c’est le cas dans certains autres pays de l’UE».

«Au Luxembourg, pays de services, non seulement de nombreux travailleurs, mais aussi les entreprises, sont tributaires de leurs véhicules», rappelle en outre l’ULC, qui reproche au gouvernement de mener une «politique anticonsommateurs (…) qui s’accompagne davantage d’une pure idéologie que de la prise en compte des préoccupations et des besoins quotidiens des gens».

Vers un crédit d’impôt ou un «bon énergie»?

Lors du débat sur les deux textes de loi, mercredi et jeudi, à la Chambre des députés, certaines critiques ont aussi émergé. Le CSV affirme «n’avoir aucun problème» pour accorder une remise de 16 centimes d’euro, seuil maximal autorisé par l’UE.

L’ADR plaide pour une forte réduction des taxes et la suppression de la taxe carbone. Le Parti pirate estime que les 7,5 centimes sont une simple «subvention pour les pétroliers». Déi Lénk dénonce la spéculation sur les prix de l’énergie.

Josée Lorsché (déi gréng) cautionne les deux mesures sans commenter outre mesure les propos du vice-Premier ministre François Bausch sur le caractère «absurde» de la remise sur les carburants.

Néanmoins, si les mesures d’aide doivent être prolongées au-delà du 31 juillet, voire du 31 décembre, les verts souhaitent l’introduction d’un crédit d’impôt pour lutter contre la pauvreté énergétique ou encore d’un «bon énergie».

Le bouquet énergétique du Luxembourg comprend 13,8 % de gaz russe

Qu’adviendra-t-il de la sécurité d’approvisionnement énergétique si le Grand-Duché était, à son tour, coupé du réseau russe? «Ces derniers mois, nous nous sommes préparés à tous les scénarios», affirme le ministre de l’Énergie, Claude Turmes. Interpellé à la Chambre par la députée Jessie Thill (déi gréng), le ministre a rappelé que le Luxembourg est très peu dépendant du réseau russe.

Le dernier chiffre donné par le centre de réflexion bruxellois Bruegel fait état d’une importation de 13,8 % de gaz russe. Ce chiffre est avancé en réponse à une question parlementaire de Paul Galles (CSV).

Néanmoins, le fait que le gaz est coté en Bourse rendrait «difficile d’évaluer avec certitude» la part du gaz russe dans le bouquet énergétique du Luxembourg. Il est aussi à souligner que le gaz importé transite par la Belgique.

La part de gaz en provenance de la Norvège et les livraisons de gaz liquéfié arrivant au port de Zeebruges sont depuis 2021 en nette augmentation.

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