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La tiny house s’invite dans la campagne électorale


Plus qu’une partie de la solution à la pénurie de logements abordables, c’est avant tout un choix de vie écologique pour ceux qui militent en faveur des tiny houses.

Le ministère débloque la situation. Des règlements types permettront aux communes d’accueillir des micromaisons qui vont donc faire partie des programmes électoraux, que l’on soit pour ou contre.

Il faudra scruter les programmes électoraux des prochaines élections communales. Certains, déjà très avancés, font mention de la possibilité d’accueillir localement des tiny houses, ces micromaisons écologiques en bois, et c’est une nouveauté. Pour autant, les adeptes de ces petits espaces opèrent un véritable choix en faveur d’un mode de vie minimaliste quand d’autres y voient une des solutions à la pénurie de logements abordables.

Jusqu’à présent, ces petites structures mobiles n’étaient pas les bienvenues dans les communes où les règlements n’autorisaient pas leur implantation. Du moins, elles n’étaient pas prévues dans le règlement des bâtisses. Le ministère de l’Intérieur a pris les choses en main et élabore des règlements types «afin d’offrir une certaine orientation aux communes désireuses de permettre l’établissement de telles petites maisons sur leur territoire», indique-t-il, confirmant ce que la ministre avait déjà indiqué dans une réponse parlementaire début février.

De quoi réjouir la Tiny House Community Luxembourg, l’association qui œuvre depuis 2019 en faveur de ce type de logement, à l’image d’Alain Holtz, membre de la communauté, dont la micromaison doit être livrée d’ici un mois. «La commune où je voulais l’installer a refusé, car c’était illégal», regrette Alain Holtz. Il sait que les bourgmestres peuvent déroger à la règle, «mais peu ont le courage de le faire».

La commune de Schifflange l’a fait. Elle a passé commande de trois tiny houses qui doivent être installées en juin pour des réfugiés à la société Oikos-concept – une filiale de Polygone basée à Mersch. D’une superficie de 35 mètres carrés, elles seront posées rue Drusenheim avec un petit espace vert et un lieu de rencontre pour ces nouveaux Schifflangeois.

La commune de Strassen projette d’installer ces petites maisons écolos sur différentes parcelles détenues par des propriétaires «souhaitant louer leur terrain et ne désirant pas construire dans l’immédiat», explique le bourgmestre Nico Pundel dans le magazine Lëtzebuerger Gemengen.

 «Notre but est de trouver une commune qui nous loue un terrain pouvant accueillir quelques tiny houses parce qu’acheter un terrain, c’est impossible vu les prix», explique Alain Holtz. L’association avait un projet à Echternach, mais le propriétaire du terrain a demandé un loyer démesuré et la commune s’est retranchée derrière le règlement, selon Alain Holtz. «C’est dommage parce qu’un projet pilote permettrait d’apaiser les craintes des gens», déclare-t-il.

Il a fait un choix de vie écolo, se contente d’un espace réduit et a commandé une maison faite de matériaux durables et respectueux de l’environnement. La précision n’est pas anodine, car Alain Holtz a cherché pendant un an avant de trouver un fabricant «100 % naturel». Il imagine bien de petites communautés dans les localités du pays, installées sur des parcelles privées constructibles, réservées aux enfants pour plus tard, mais qui pourraient profiter aux micromaisons en attendant. «On pourrait les exempter d’impôts fonciers, la parcelle serait viabilisée pour y installer des tiny houses. Il faut un contrat de bail avec la commune pour plus de sécurité et quand le terrain doit être rendu, les petites maisons laissent à nouveau la place nette étant donné qu’il n’y a aucune dalle en béton», explique-t-il.

Forte demande

L’association sait que les communes n’accepteront pas toutes ce concept d’habitat minimaliste. «On ne peut pas les forcer, mais en tout cas le ministère leur donne la possibilité de le faire», dit-il avec soulagement après le rendez-vous d’hier avec la ministre Taina Bofferding.

«Pendant des années, on était comme une balle de ping-pong entre le ministère et les communes», confie-t-il. «C’est nouveau pour tout le monde, mais la pression était devenue trop forte sous le poids de la demande», explique-t-il. Parmi ces candidats, une grand-mère qui décide de mettre sa maison, désormais trop grande pour elle seule, à la disposition de ses enfants. Sa vie, elle l’imagine dans une tiny house installée dans le jardin, près des siens, une solution qui satisfait tout le monde.

«Les communes peuvent acheter des tiny houses et organiser leur communauté», suggère Alain Holtz. Ces micromaisons peuvent aussi dépanner en cas d’urgence, pour reloger une famille en cas de sinistre par exemple. Au sein de l’association, néanmoins, la plupart des membres possèdent leur propre petite maison.

La ministre comme l’ASBL estiment nécessaire de proposer une réglementation «cohérente et harmonieuse» dans le but d’éviter des abus éventuels. «Tout en soutenant le mouvement, il est important de veiller à un niveau de vie qualitatif et un aménagement territorial harmonieux», écrit le ministère après la rencontre avec l’association.

Les micromaisons sont-elles promises à un grand avenir? Cela dépendra de ce que les communes feront du règlement type. Une chose est sûre, elles vont s’inviter dans les campagnes électorales.

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