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La crise du logement plombe la qualité de vie au Luxembourg


La crise du logement pèse désormais sur le moral des résidents, en tête de leurs préoccupations. (Photo : anouk flesch/editpress)

Dans son nouveau rapport sur le PIBien-être, le Statec pointe la surcharge des coûts liés à l’habitat qui explose depuis 2021, avec un lourd impact sur le moral des habitants et leur qualité de vie.

Si le Grand-Duché est connu pour afficher le produit intérieur brut (PIB) par habitant le plus élevé au monde, ce chiffre ne reflète pas la qualité de vie de ses résidents. C’est pourquoi, depuis 2017, le Statec surveille aussi, en parallèle des données purement économiques, toute une série d’indicateurs servant à mesurer le bien-être.

Et dans son rapport 2023, publié hier, l’institut national de la statistique constate que certaines courbes du PIBien-être – c’est comme ça qu’il l’appelle – font le grand plongeon. Celle du logement en tête, affichant une dégradation sans précédent, selon les experts.

Les ménages qui consacrent plus de 40 % de leur revenu disponible à leur logement principal sont de plus en plus nombreux. Et lorsqu’on demande aux résidents quelles sont leurs principales préoccupations, c’est la hausse générale des prix, notamment ceux liés au logement, qui ressort.  «Les ménages avec des emprunts immobiliers à taux variables ont encaissé une hausse brutale de leurs remboursements, tandis que la crise énergétique a fait bondir leurs frais, malgré les aides étatiques», souligne Fofo Amétépé, chef de projet au Statec.

Ainsi, le taux d’effort des ménages pour financer leur habitation a fortement augmenté : entre 2017 et 2022, la part du revenu disponible des ménages consacrés au logement est passé de 19,7 % à 30,2 %, pesant sur leur reste à vivre. Ce qui a généré de l’anxiété parmi les habitants les moins favorisés. «On le voit, plus on monte dans l’échelle de revenus, moins l’anxiété est présente. Ce qui nous pousse à faire le lien avec la hausse du coût de la vie», poursuit-il.

Les jeunes, plus anxieux que leurs aînés

Autre indicateur dans le rouge : celui de la sécurité physique, basé sur le nombre d’infractions répertoriées par la police. Et en 2022, le cap des 8 000 infractions a été franchi, passant de 6 755 à 8 225 en un an, soit une hausse de 22 %. C’est tout simplement le plus haut niveau atteint depuis 2010. «Cette nette progression dégrade encore l’indicateur de sécurité physique qui était déjà en baisse depuis 2019», note le Statec. La police rapporte une augmentation des vols, des escroqueries, notamment par internet, des cambriolages, des destructions et des vols à la tire, tout en précisant, concernant les vols, qu’on peut maintenant les déclarer très facilement en ligne. Ce qui pourrait en partie expliquer leur hausse.

Quant au bien-être ressenti, le Statec sollicite régulièrement les habitants pour une auto-évaluation de leur état de satisfaction, de bonheur, ou encore leur sentiment de solitude ou d’anxiété, en leur demandant d’attribuer une note sur dix à chacune de ces catégories. En octobre dernier, les résidents se disaient globalement satisfaits de leur vie, avec un score à 6,7 et plutôt heureux, avec un score à 6,4.

Par contre, le sentiment d’anxiété a tendance à croître depuis 2022, alimenté par la hausse des prix et l’envolée des taux d’intérêt, comme on l’a dit. Tandis qu’une fracture générationnelle se dessine : les jeunes (15-45 ans) se montrent en effet plus anxieux et moins satisfaits par rapport à leurs aînés.

«Voir ce qu’on veut faire de cet instrument»

Alors que le gouvernement précédent souhaitait s’appuyer sur le PIBien-être pour compléter le produit intérieur brut (PIB) et en faire un instrument supplémentaire d’orientation et d’évaluation de ses politiques, la nouvelle coalition n’envisage pas d’y recourir dans l’élaboration du budget de l’État. «Le PIB est pris en compte partout dans les politiques publiques, alors que les indicateurs alternatifs du PIBien-être permettent d’évaluer l’impact de ces politiques», explique Serge Allegrezza, le directeur du Statec.

«Il y a une certaine volonté de les exploiter davantage aujourd’hui, à l’image d’autres pays qui ont franchi le cap», poursuit-il, citant l’exemple concret de la Nouvelle-Zélande, où le PIBien-être national est totalement intégré dans la politique budgétaire. «On a construit les instruments pour disposer de cet éclairage complémentaire, maintenant, il faut voir ce qu’on veut en faire», conclut-il.

Un commentaire

  1. PasBelleLaVie

    Et cela ne va pas en s’arranchant, bien au contraire.
    L’Europe sombre dans la crise (causée par la finance américaine et son capitalisme terminal) en s’enfonçant dans la vassalité à l’égard de Washington, et en retour, qu’obtient cette Europe-croupion de Washington ? Des plans de déstabilisation et de guerres en interne, comme le promet Friedman.
    Alors inventer une connerie genre PIBien-être c’est juste de fumée/poudre aux yeux…

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